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Solaire thermodynamique, la révolution énergétique ratée... mais le photovoltaïque arrive en force
©Reuters

Le solaire versus l'atome

Si l'énergie solaire thermodynamique n'a pas réussi son examen de passage, la révolution photovoltaïque est en marche partout. Sauf en France. L'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, et même les pays du Golfe misent sur le photovoltaïque, propre et compétitif. La France, elle, reste "shootée" au nucléaire.

Marc Jedliczka

Marc Jedliczka

Fondateur et actuel directeur général de l’association Hespul (www.hespul.org), Marc Jedliczka est un pionnier de l’énergie solaire photovoltaïque en France, dont il a notamment réalisé le premier raccordement au réseau en 1992, et a étendu depuis lors son expertise à l’ensemble des thématiques liées à la maîtrise de l’énergie et aux énergies renouvelables à un niveau international. Vice-président du CLER, le Réseau pour la transition énergétique (www.cler.org), et porte-parole de l’association négaWatt (www.negawatt.org), il a notamment participé au Grenelle de l’environnement puis au Débat national sur la transition énergétique dans le collège des ONG. 

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Atlantico : Aux Etats-Unis, la centrale solaire thermodynamique d'Ivanpah, près de Las Vegas, est le dispositif le plus vaste jamais réalisé utilisant ce type de technologie solaire. Elle a suscité beaucoup d'espoirs, mais a finalement déçu, distribuant moins d'électricité que prévu et plusieurs années après les délais annoncés. Pourtant, les investissements, à hauteur de 2,2 milliards de dollars, étaient à la hauteur du projet. Quels enseignements tirer de cette expérience ?

Marc Jedliczka : Le solaire thermodynamique (qui ne peut pas marcher en France faute d’un très fort ensoleillement) a pu sembler à certains être une solution intéressante pour les zones intertropicales ("Sun Belt") par rapport au photovoltaïque (PV) à une époque où celui-ci était encore très cher, en offrant notamment la possibilité d’un fonctionnement quasiment continu grâce au stockage de la chaleur. Mais entre trop grande complexité, coûts de fonctionnement très élevés et surtout baisse spectaculaire du PV, cette solution s’avère finalement de moins en moins compétitive et nombre de projets sont aujourd’hui abandonnés au profit de méga-centrales PV beaucoup plus simples à concevoir, à construire et à opérer : cette évolution prévisible ne fait que confirmer l’analyse que les supporters du PV avaient faite depuis longtemps...

La révolution de l'énergie solaire n'a pas encore eu lieu. Pour quelles raisons ? Qu'en est-il en France, en matière de production d'énergie solaire, d'investissements, d'équipement, mais aussi de politiques publiques ?

Même si on ne la voit pas dans une France encore accrochée à son nucléaire en perte de vitesse et qui va dans tous les cas lui coûter une fortune si elle s’acharne dans cette voie, la révolution du solaire a bien lieu, et elle ne fait que commencer, mais elle est portée par le PV, pas par le thermodynamique ! Jusque-là tiré par l’Allemagne, le marché mondial connaît une croissance à la verticale et s’est déplacé depuis deux ans à peine de l’Europe vers l’Asie, notamment la Chine qui a installé en 2014 deux fois plus de panneaux chez elle que l’Allemagne quand elle était à son apogée, ainsi que vers les États-Unis et l’Amérique du Sud où il est compétitif sans aucune aide publique, et plus récemment encore vers le Moyen-Orient où les monarchies pétrolières commencent visiblement à préparer l’après-pétrole.Alors que l’effet photovoltaïque a été découvert par un Français et que l’industrie française était dans la course dans les années 1980 et 1990, les dirigeants de notre pays, de droite et de gauche, ont préféré écouter les sirènes de l’atome et nous mettre hors-jeu : un véritable gâchis ! 

Quel futur pour cette énergie ? Même si le projet d'Ivanpah n'a pas été si concluant que prévu, n'est-ce pas une aubaine pour l'environnement? Même s'il y a un coût à l'entrée, n'y a-t-il pas urgence à développer les énergies propres ?

Le solaire thermodynamique a peut-être un petit avenir dans certaines régions où il a sa pertinence, comme en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient, mais il ne pourra jamais être à la hauteur du PV qui deviendra à terme, devant l’éolien et l’hydraulique la première source d’électricité dans un système devenu 100% renouvelable au niveau mondial : il n’y a aujourd’hui plus aucun doute sur la faisabilité technique et économique d’un tel scénario que l’ADEME a validé pour la France à travers la fameuse étude-fantôme qui devrait être publiée officiellement à l’automne. La seule chose qui manque dans notre pays, c’est une véritable volonté politique capable d’outrepasser la résistance de nos grands ingénieurs du Corps des mines shootés au nucléaire qui tiennent les manettes au coeur de l’État et à la tête des grandes entreprises du secteur de l’énergie depuis plus de 50 ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les projets de réforme du système d’aide qui sont sur la table aujourd’hui ne vont vraiment pas dans ce sens… 

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