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Le vendredi noir de l’Amérique : mourir pour une console de jeu soldée ?
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Black Friday

Aux Etats-Unis, le lendemain de Thanksgiving est un jour bien particulier. Pendant le Black Friday, les Américains se ruent vers les centres commerciaux pour profiter des meilleures promotions. Une journée à la fois révélatrice de la cruauté humaine, de l'humeur de la bourse et de la santé de l'économie.

Valérie Orsoni

Valérie Orsoni

Valérie Orsoni est experte dans les méthodes de motivation et de coaching. 

Fondatrice du #1 de la perte de poids online LeBootCamp.com, elle est le coach attitré de nombreuses stars et de titres de presse français et américains. Elle a publié La méthode Orsoni aux éditions Reader Digest, Le Sarrasin, tous les secrets de la graine miracle et Un corps de rêve pour les nulsFIRST EDITIONS (1 mars 2012).




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Noël n’est pas la plus grande fête de l’année aux Etats Unis, et le Nouvel An non plus ! Non, le jour qui regroupe tous les américains, c’est Thanksgiving : avec ses millions de kilomètres parcourus pour se retrouver en famille, sa dinde, sa farce, sa tarte a la citrouille et son gratin de patates douces sur lequel des chamallows fondent délicatement. C’est bien le seul  jour de l’année où les magasins ferment l’après-midi.

Thanksgiving tombe toujours un jeudi et les employeurs assez généreux donnent le weekend de quatre jours à leurs employés. Et que fait-on dans la société de consommation par excellence, le lendemain d’un jour d’agapes ? On ne va pas a la gym bruler ses calories (en moyenne 3500 ingérées le jour de la dinde), on va faire du shopping ! C’est en effet plus de 152 millions d’américains (10% de plus qu’en 2010) qui se sont rués dans les magasins !

Et pas n’importe quel shopping : une séance orchestrée de main de maitre par les grandes enseignes d’habillement comme Macy’s, Gap, ou Abercrombie and Fitch, et les grands magasins d’électronique comme Best Buy. Depuis des mois, celles-ci matraquent des messages publicitaires sur Black Friday, le vendredi noir. Les réductions dépassent de loin toutes les soldes auxquelles l’acheteur américain est habitué. Il est très fréquent de trouver des réductions de 40% sur tout le magasin et ce, même dans des boutiques de luxe où des ordinateurs portables sont annoncés à $399 au lieu de $1500 par exemple.

Noël au balcon, Thanksgiving sur le parking

Pour augmenter encore plus l’envie, la folie collective et la taille du ticket de caisse, les magasins ouvrent à minuit ou à 3h du matin. Des acheteurs très motivés décident de passer leur Thanksgiving sur le parking des «shopping malls » (les centres commerciaux). C’est un peu comme si un français décidait de passer son réveillon de Noël dans le froid (mais pas seul, car ils sont des milliers à avoir eu la même idée), faisant la queue depuis 20h pour une ouverture en plein milieu de la nuit. Le tout pour avoir la possibilité (mais pas la garantie) de rentrer chez soi avec le jeu Wii tant convoité à 75% de réduction.

A l’ouverture des grilles, c’est la cohue, des centaines de personnes se piétinent, oubliant toute civilité. C’est la course pour la survie Darwinienne du consommateur le plus fort. On croirait un mélange d’un film futuristique à la Steven King et les jeux du cirque réunis.

Accidents mortels

Mourir pour économiser 50% ? Ca existe au pays de l’Oncle Sam qui déplore son lot d’accidents le jour du Black Friday : ici, un employé piétiné à mort lorsqu’il ouvre les grilles à une foule en folie, là (souvent près des grands magasins généralistes comme Walmart), des coups de feu sont échangés comme ce vendredi matin sur le parking d’un grand magasin, aailleurs, ce sont des acheteurs qui se font menacer par des gangs à la sortie des magasins. Hier, à Los Angeles, vers Porter Ranch, c’est une femme arrêtée pour avoir aspergé 12 personnes de pepper spray. Et pour quoi ? Pour pouvoir être la première à s’emparer d’une xBox en solde ! Black Friday fait décidemment ressortir ce qu’il y a de plus sordide dans l’être humain.

De plus en plus d’experts économiques et sociaux accusent les grands magasins d’être responsables de ces drames causés, selon eux, par les tactiques marketing qui encourage le comportement hyper compétitif entre acheteurs.

En effet, Black Friday se doit d’être un succès pour les actionnaires de ces grandes enseignes. L’objectif ? La NRF (National Retailer Federation) pense augmenter de 2.8% ses résultats de 2010 avec plus 465 milliards de dollars de vente à l’échelle nationale. Des têtes peuvent tomber si les résultats en caisse à l’issue de cette journée « clé » ne sont pas à la hauteur.

Indicateur économique

Au-delà des sociétés individuellement cotées en Bourse, ce jour, qui est le summum d’une société de consommation en mal de renouveau et au taux d’endettement dépassant l’entendement (pensez donc, un Américain moyen épargne 15% de son salaire, un chinois ? 51% !), représente un indicateur très attendu des traders et autres investisseurs en Bourse. Il donne le « la » avant l’hiver. Si les achats sont en hausse par rapport à l’année précédente, les marches boursiers ouvriront en hausse lundi. S’ils sont en baisse, c’est la chronique d’une catastrophe économique tant attendue. Au vu des incertitudes sur les marchés en ce moment, entre une situation explosive en Europe et un accord sur la dette difficile, voire impossible à trouver aux USA, ce genre de petit indicateur peut faire basculer les places boursières du monde entier par effet de domino.

Et quid du petit consommateur qui a eu peur, qui s’est caché pendant tout Black Friday et n’a pas dépensé un dollar ? Quelle horreur ! Pas de panique, les enseignes ont pensé à tout, et cette année, c’est nouveau, votre lundi ne sonnera pas simplement le retour au travail après quatre jours de folie, il s’appellera « Cyber Monday », avec ses super promos sur le net à la hauteur de celles que vous avez ratées vendredi dernier.

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