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Comment Ashley Madison s'y est pris pour cacher à ses utilisateurs ses fausses femmes membres mais vrais robots
©Reuters

Nouvelles révélations

L'entreprise Avid Life Media qui a créé le site de rencontres adultères a réfuté l'analyse qui concluait à un très large déséquilibre entre le nombre de ses clients hommes par rapport aux femmes. Mais, le site Gizmodo a dévoilé de nouveaux vices.

Ashley Madison, le site de rencontres extra-conjugales, piraté au mois de juillet, continue de faire parler de lui. "Ashley Madison a créé plus de 70 000 bots (robots qui détiennent defaux comptes, NDLR) de femmes pour envoyer aux utilisateurs masculins des millions de faux messages, afin de créer l’illusion d’un vaste terrain de jeu rempli de femmes disponibles." C’est la conclusion à laquelle est parvenu le site Gizmodo après avoir analysé des données de l’entreprise publiées en ligne, par un groupe de hackeurs se faisant appeler "The Impact Team".

Gizmodo met à jour cette fois la supercherie du site et parle d'une "armée de robots". Sur ces 70 529 "bots" recensés, seuls 43 incarneraient des hommes. Une importante partie de ces faux comptes seraient liés à des adresses IP "qui suggèrent qu’ils ont été créés par des personnes travaillant dans les bureaux d’Ashley Madison". La plupart utilisent, en effet, des adresses e-mail terminant par "ashleymadison.com". Les faux comptes, créés donc par des employés de l’entreprise Avis Life Media (ALM), devenaient actifs grâce à ces "bots", qui engageaient la conversation avec les hommes.

A lire aussi : Adultère en ligne, 20 millions d’hommes pour 1 500 femmes et ce que cela nous apprend sur les motivations réelles des inscrits d’Ashley Madison

Le programme dispose de plusieurs phrases d’accroche possibles : "Salut", "Comment ça va ?", "Tu es là ?", "Alors, qu’est-ce que tu fais ici ?", "Dispo pour un tchat ?". Une fois que l’utilisateur entrait dans la discussion, d’autres phrases étaient également programmées : ""Hmmmm, quand j’étais plus jeune je couchais avec les petits amis de mes copines. J’imagine que les habitudes ont la vie dure, bien que je ne pourrais pas coucher avec leurs maris." La mission de ces robots était simple : pousser ces hommes à acheter des "crédits" sur le site, et ainsi leur permettre d’échanger plus longuement avec leur interlocutrice. Gizmodo dévoile aussi qu’un ingénieur a travaillé sur la possibilité d’embaucher de vraies femmes pour échanger avec les utilisateurs, calculant les bénéfices que l’entreprise pourrait en tirer. L’idée était de leur fournir 5 % des bénéfices, si elles réussissaient à faire payer leur interlocuteur.

Et ces affirmations ont été appuyées par Michelle McGee, un mannequin qui avait servi de visage à la marque en 2010. Bien qu’elle n’ait jamais utilisé son profil sur le site, qu’elle avait dû créer dans le cadre de son contrat, elle affirme que son compte a contacté des inconnus à son insu. Et d'expliquer : "Je crois qu’ils ont utilisé mon profil pour leurrer des gens". Elle s'est confié au site Inside Edition en racontant son expérience et révélant : "Je pense qu’il y a de vraies femmes là-dessus, mais ce sont des escrocs ou des filles du porno qui veulent gagner de l’argent."

Le site Ashley Madison fait aujourd'hui l’objet de cinq plaintes différentes. Les quatre plaintes déposées aux Etats-Unis (l'autre l'a été au Canada) afirment qu'Avid Life Media, a violé plusieurs lois sur la protection de la vie privée et a commis des négligences dans la protection des données de ses utilisateurs. En effet, des échanges de courriels tendent à montrer que la direction de l’entreprise avait connaissance de manquements à la sécurité qui n’ont pas été corrigés. L’une des plaintes porte également sur des violations de contrat dont se serait rendue coupable l’entreprise en ne supprimant pas totalement les données de ses utilisateurs ayant activé une option, payante, de suppression des informations personnelles. Les pirates qui ont publié les données du site affirment que les utilisateurs étaient trompés par cette option, qui a rapporté environ un million de dollars à l’entreprise en 2014, alors qu’Avid Life Media conservait certaines données même quand cette option était activée.

A lire aussi : Comment les révélations de type Ashley Madison sont en train de refonder notre contrat social et moral 

L'étau se resserre donc sur le site canadien de rencontres adultères qui organise sa défense. Ainsi, il a réfuté l'analyse qui concluait à un très large déséquilibre entre le nombre de ses clients hommes par rapport aux femmes. "Ces conclusions sont erronées", a affirmé Avid Life Media dans un communiqué. "Malgré cette attaque, nous poursuivons notre croissance. Rien que la semaine dernière, des centaines de milliers de nouveaux utilisateurs se sont inscrits, dont 87.596 femmes." En revanche, il n'a pas communiqué le nombre total d'abonnées sur le site. Sur la base de données analysée par Gizmodo, près de 5,5 millions de comptes étaient attribués à des femmes, contre 31,3 millions pour des hommes. Ashley Madison affirme néanmoins avoir un ratio d'abonnés actifs d'1,2 homme pour une femme.

Pour appuyer le déséquilibre entre les abonnés des deux sexes, Gizmodo affirmait que 11 millions d'hommes utilisaient la fonction de chat d'Ashley Madison, contre seulement 2049 femmes. Après la publication du communiqué d'Avid Life Media, la journaliste à l'origine de cet article a déclaré : "Ashley Madison affirme qu'il est impossible de deviner le nombre d'utilisatrices actives grâce à cette base de données". Et de reconnaître : "Ils ont raison." Elle précise que les trois facteurs qu'elle a étudié (la consultation des emails, l'utilisation du chat et la réponse à un message) mesuraient en fait l'activité de comptes automatiques, et non des véritables usagers. "Tout ce qu'on peut voir sont des faux humains contactant de véritables utilisateurs", poursuit-elle. "L'immense disparité entre les hommes et les femmes s'explique seulement par le fait que les robots développés par Ashley Madison sont uniquement entraînés à discuter avec des hommes." Il est impossible, selon elle, d'en savoir plus sur l'activité des véritables utilisateurs d'Ashley Madison.

Pour rappel, l'entreprise espagnole Tecnilógica, spécialisée en applications mobiles, avait dévoilé fin août une carte interactive à partir des données du site de rencontres. Cette "carte du monde" des utilisateurs informe pour chaque ville leur nombre (à partir de 10 inscrits) et la proportion, parmi eux, d'hommes et de femmes. Le site Gizmodo, déjà dévoilait, lui, le détail du nombre d’utilisateurs ayant ouvert au moins une fois la messagerie interne du site ou s’étant connectés au moins une fois à la messagerie instantanée. Sur les 37 millions de profils existant, seuls 1 500 profils féminins ont vérifié leurs messages internes, contre plus de 20 millions de profils masculins. De même, seuls 2 400 profils féminins ont utilisé au moins une fois la messagerie instantanée du site, contre 11 millions de profils masculins s’y étant connectés.

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