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Pourquoi l’industrie française continue de détruire des emplois
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Editorial

En juillet, la production industrielle a diminué de 0,8%, laissant entrevoir que le troisième trimestre risque d’être abonné à la croissance zéro, sans espoir du redémarrage annoncé dans les sphères officielles.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les dernières statistiques publiées par l’Insee viennent de doucher l’optimisme gouvernemental sur la reprise de la croissance. Car la production industrielle continue d’être frappée par une véritable maladie de langueur. En juillet, la production industrielle a diminué de 0,8%, laissant entrevoir que le troisième trimestre risque d’être abonné à la croissance zéro, sans espoir du redémarrage annoncé dans les sphères officielles. Les ménages ont pourtant augmenté leur consommation grâce à la baisse des cours du pétrole et des taux d’intérêt, mais ils se portent sur des produits importés. Et les destructions d’emplois  continuent d’aller bon train dans l’industrie et la construction. Le retour en forme de l’interim constitue un bien maigre signe positif en raison de son caractère aléatoire qui ne permet pas de dissimuler la tendance de fond de l’incapacité de réduire durablement le chômage. En prenant un peu de recul, on est effaré devant l’ampleur du mal français : depuis 2008, près d’un demi-million d’emplois ont été détruits dans l’industrie, alors que pendant le même temps l’Allemagne restait créatrice nette malgré la crise qui a sévi dans l’intervalle, ce qui lui permet d’afficher aujourd’hui avec une certaine insolence sa capacité d’accueillir des centaines de millions de réfugiés alors que son niveau de chômage est un des plus faibles d’Europe.

On voit ainsi que la raison essentielle des difficultés de la France réside dans une pénurie de l’offre. La demande est là, avivée par la conjoncture extérieure, mais la production ne suit pas. Malgré un meilleur état d’esprit affiché depuis quelque temps par les chefs d’entreprise, ceux-ci hésitent à investir pour produire plus et mieux et surtout, ils restent tétanisés à l’idée d’embaucher, faute de pouvoir maîtriser ensuite la main d’œuvre. En raison des deux obstacles majeurs qui sont en grande partie une spécialité nationale : la fiscalité, qui conduit les firmes qui le peuvent à délocaliser leurs activités et le droit du travail, sorte de monstre qui ne cesse de grossir et d’asphyxier progressivement l’activité, au point de donner à notre pays de plus en plus l’aspect d’un musée, en raison de la richesse de son patrimoine, et s’éloignant de plus en plus, en raison du retard qu’il prend, des traits caractéristiques d’un grand pays moderne.

On comprend aussi que la volte-face apparente et surprenante de François Hollande en faveur d’une réforme du droit du travail réjouisse tout le monde. Elle est applaudie dans les sondages d’opinion par une majorité de Français de tous bords dans l’absolu, mais l’enthousiasme pourrait retomber rapidement le jour où les premières mesures apparaitraient car il y aurait forcément des victimes. C’est pourquoi le  gouvernement se montre précautionneux en affirmant que personne ne devrait y perdre et en confirmant  qu’il n’était pas question de revenir sur la durée du temps de travail. On ne s’attaquera pas d’ailleurs au colosse édifié depuis des décennies.On contournera l’obstacle, ce qui ne fera pas s’écrouler l’édifice comme jadis les trompettes de Jéricho. Mais surtout, transférer des pouvoirs aux partenaires sociaux au niveau des entreprises risque de donner lieu à des discussions byzantines. Car il faut au préalable réaliser deux conditions : réduire le nombre de branches qui dépassent sept cent (alors qu’il en existe soixante en Allemagne) pour favoriser les négociations, un chantier amorcé depuis un an et qui n’a donné aucun résultat, développer ensuite un  syndicalisme pratiquement inexistant dans le  secteur privé. Les prochains  mois risquent ainsi d’être le royaume de la  palabre, tandis que la technostructure régnante s’efforcera de consolider le mammouth. Une fois de plus, on aurait alors beaucoup parlé, mais peu agi.   

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