"Hérétiques", de Leonardo Padura Fuentes : "la liberté, combat contre les pouvoirs et les peurs" <!-- --> | Atlantico.fr
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"Hérétiques", de Leonardo Padura Fuentes, éditions Métailié.
"Hérétiques", de Leonardo Padura Fuentes, éditions Métailié.
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Le livre du jour

Dans "Hérétiques", il y a beaucoup plus qu'un polar. L’exercice est plus ambitieux. Sur une toile de fond historique, Pandura croise une énigme policière avec l’histoire d’une famille juive, sur plusieurs générations.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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L'auteur

Padura est un journaliste, scénariste et écrivain cubain, né en 1955. En dépit de la révolution castriste, il est resté à La Havane, y a poursuivi ses études universitaires et y vit toujours aujourd’hui. Ses romans ont d’abord été publiés hors de l’île : l’écrivain a déjoué la censure en publiant en Espagne; puis, grâce à une licence spéciale , il a été réimprimé à Cuba . Essentiellement auteur de romans policiers, Padura a trouvé avec le roman noir une façon de distiller une vraie réflexion sur ce pays si chaud et si complexe où il n’y a jamais eu rien de pur, selon la formule de son enquêteur fétiche, Mario Condé . Ses polars sont à lire en voyageant à travers le pays un peu comme il faut lire ceux de Donna Léon lors d’un séjour à Venise .

Thème

Dans “ Hérétiques”, il y a beaucoup plus qu'un polar. L’exercice est plus ambitieux. Sur une toile de fond historique, Pandura croise une énigme policière avec l’histoire d’une famille juive, sur plusieurs générations. Trois périodes se croisent donc et l’ouvrage s’articule en trois livres, à l’image de la Bible. Le premier, intitulé livre de Daniel, débute en 1939 à La Havane , lorsque le petit Daniel Kamisky, parti de Cracovie pour échapper aux nazis, est recueilli par son oncle Joseph. En suivant l’oncle et le neveu , Padura enjambe l’ère de Batista, la révolution castriste ainsi que l’exil de Daniel en Floride.

Dans la deuxième période, intitulée livre d’ Elias, nous sommes transportés au 17ème siècle à Amsterdam où sont réfugiés bon nombre de juifs séfarades d’Espagne et du Portugal, chassés par l’Inquisition. Nous sommes emmenés sur les traces du jeune Elias, élève de Rembrandt. Elias deviendra peintre, enfreignant les lois de sa communauté. Il quittera son Maître et sera contraint à l’exil.

Dans le troisième livre, intitulé livre de Judith, Mario Condé occupe le devant de la scène à la poursuite de Judy, disparue mystérieusement. A travers ce personnage de post ado révoltée , Padura met en scène ces ados tourmentés, sans repères et marginaux qui constituent les tribus urbaines de la jeunesse cubaine en rupture de ban.

Enfin, dans l’épilogue, nous revoilà à Amsterdam de nos jours, avec Mario Condé sur le point d’élucider l’énigme du tableau disparu depuis trois siècles, à la faveur de la découverte au petit marché aux puces d’un manuscrit révélant des informations inespérées.

Points forts

- Le meilleur récit est sans conteste celui qui se déroule à Amsterdam. Padura fait revivre cette cité en pleine expansion économique et artistique. En cela, il fait un bon travail d’historien: fort bien documenté, il décrit la vie de la communauté séfarade, avec ses coutumes et son histoire, ses doutes et ses rites .

- Dans un autre registre, il sait créer une atmosphère soutenue par une écriture chaleureuse, réaliste et poétique. A La Havane , sur les terrasses, ses personnages se réjouissent des bons moments passés autour d’un plat de haricots noirs, préparé par Joséfina, ou des rendez-vous entre copains autour d’un mauvais rhum ou d’une bonne bière, sous la chaleur des tropiques.

Points faibles

- L’énigme policière ne nous tient guère en haleine. On perd le fil au profit d’autres histoires autrement plus excitantes.

- Il faut ne pas être allergique aux ” pavés”: 600 pages au programme...

En deux mots...

A travers ses personnages, Padura rend hommage à tous ceux qui ne se laissent pas enfermer dans des dogmes et osent s’opposer aux dictats de leur communauté. Seul, l’exercice de la liberté permet la création. Une phrase “Le meilleur de ce qui m’est arrivé dans la vie c’est à mon grand père Benjamin, à mon précepteur Ben Israël et à vous que je le dois, parce que chacun à votre façon, vous m’avez appris qu’être un homme libre c’est plus que vivre dans un lieu où on proclame la liberté; vous m’avez appris qu’être libre, c’est une bataille qu’il faut livrer tous les jours contre tous les pouvoirs et contre toutes les peurs” (Remerciements du jeune Elias adressés à son Maître. Amsterdam 1647 de l’ère commune) .

Recommandation

Bon Bon

La liberté, combat contre les pouvoirs et les peurs.

Informations

"Hérétiques", de Leonardo Padura Fuentes, éditions Métailié.

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