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Mais pourquoi donc brader le siège français du Conseil de sécurité de l'ONU ?
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Polémique accord EELV/PS

Après la polémique sur le nucléaire, l'ONU, l'accord EELV/PS prévoit de réformer le Conseil de sécurité de l'organisation internationale en accueillant de nouveaux membres permanent. Une erreur ?

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane est spécialiste des questions de défense.

Il est également maître de conférences à Science-Po Paris. 

Il est l'auteur de Questions internationales en fiches (Ellipses, 2021 (quatrième édition)) et de Premiers pas en géopolitique (Ellipses, 2012). il est également l'auteur de Théories des relations internationales (Ellipses, février 2016). Il participe au blog Eurasia Prospective.

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La campagne présidentielle française vient soudain de s’élever sur les hauteurs béantes de la géopolitique. Entre deux trocs de centrales nucléaires et de circonscriptions, le programme commun aux socialistes et aux écologistes prévoit de redistribuer les rôles au Conseil de sécurité, en accueillant de nouveaux membres permanents (une proposition classique de la diplomatie française) et, horresco referens, en envisageant d’abandonner le siège de la France dans cette institution clé des Nations Unies.

La réforme du Conseil de sécurité est, depuis vingt ans au moins, un serpent de mer des relations internationales. Elle se fonde sur deux critiques légitimes. Le Conseil, dont les cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) ont été désignés en 1945, ne reflète plus vraiment le monde tel qu’il est. Il serait plus légitime s’il était élargi à d’autres puissances économiques (Allemagne, Japon) ou aux nouveaux géants qui émergent au sud (Afrique du Sud, Brésil, Inde…). D’autre part, le Conseil ne remplit pas bien sa mission de maintien de la paix mondiale. En partie parce que les Etats membres permanents usent et abusent de leur droit de veto sur les décisions du Conseil (les résolutions), bloquant celle qui leurs sont défavorables.

Mais l’élargissement du Conseil est loin d’être une panacée. Depuis 2005, où l’on a célébré le soixantième anniversaire de la fondation de l’ONU, il existe un consensus assez général sur l’idée d’augmenter de nombre total de membres du Conseil de neuf, soit 25 membres au lieu de 15. Mais personne n’est d’accord sur l’identité des quatre à six nouveaux membres permanents. Et certains font remarquer qu’un accord, déjà difficile à 15 (il faut une majorité de neuf et pas d’opposition d’un membre permanent), sera impossible à trouver à 25. L’exemple de l’Union européenne est, de ce point de vue, très éclairant. Le Conseil risque tout simplement la paralysie. Rappelons qu’en 2011, ni l’Allemagne, ni le Brésil, ni l’Inde n’ont voté la résolution 1973 autorisant l’intervention en Libye…

Une légitimité intacte des Cinq

Quant à la composition actuelle du Conseil, elle n’est pas si absurde. Même si leur poids économique relatif s’est réduit du fait de la croissance des Etats du sud, les membres permanents du Conseil de sécurité ont encore quelques raisons d’y figurer. Ils sont les cinq États dotés de l’arme nucléaire au sens du traité de non prolifération (TNP), ce qui n’est pas le cas de l’Inde. Ils disposent des armées les plus modernes de la planète. Et surtout ils utilisent ces forces aux quatre coins du monde. Rappelons que la France (20 000 soldats en opérations extérieures), présente en Afrique et en Afghanistan, comme dans les Balkans, est intervenue en soutien de l’ONU en Côte d’Ivoire au début 2011 puis en Libye où elle a pris une part très active aux opérations. Les déploiements extérieurs du Brésil sont bien plus limités (2000 hommes) : il a pour la première fois de son histoire pris la direction d’une opération de maintien de la paix à Haïti en 2004.

Enfin, quitte à réformer l’ONU, il existe d’autres combats à mener. On peut évoquer la question des droits de l’homme, qui continuent d’opposer Occidentaux et reste du monde. Il s’est même trouvé seize Etats pour refuser, voici quelques jours, de condamner la Corée du Nord pour ses « camps de travail ». Et pourquoi ne pas s’interroger sur l’inégalité fondamentale qui donne à chaque Etat un seul vote à l’assemblée générale ? L’Inde, qui dépasse le milliard d’habitants, y pèse le même poids que la principauté de Monaco…

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