F. Kalfon : "Claude Bartolone est en position de rassembler au second tour, comme il a su le faire en amont avec la famille socialiste"<!-- --> | Atlantico.fr
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Claude Bartolone est en compétition avec Valérie Pécresse.
Claude Bartolone est en compétition avec Valérie Pécresse.
©Reuters

Régionales Ile-de-France

Selon un sondage BVA paru le 8 septembre, grâce à sa fusion avec la liste UDI, Valérie Pécresse devancerait toujours Claude Bartolone au premier tour des élections régionales en Ile-de-France. François Kalfon, ancien délégué national du Parti socialiste aux études d'opinion et numéro 2 sur la liste PS en Seine-et-Marne, analyse cette nouvelle enquête.

François Kalfon

François Kalfon

Francois KALFON est conseiller régional d'Ile-de-France et membre de la direction collégiale du PS

Il a publié avec Laurent Baumel un Plaidoyer pour une gauche populaire : La gauche face à ses électeurs, Editions Le Bord de l'eau (novembre 2011).

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Atlantico : Alors que François Hollande voit sa popularité fondre (19%), qu'il serait même éliminé au premier tour de la présidentielle 2017 selon un autre sondage Ifop, alors que l'action du gouvernement peine à convaincre les Français, Claude Bartolone, lui n'en subit pas les conséquences et voit les intentions de vote au premier tour des régionales en Ile-de-France stagner à 24%. Comment expliquer qu'il résiste aussi bien ? 

François Kalfon : Il y a  deux choses, l’équation personnelle de Claude Bartolone qui a des taux de popularité tout à fait enviables par rapport à d’autres personnalités que vous avez citées. Autre élément, son équation politique qui a un centre de gravité un peu plus décalé à gauche que la façon dont sont perçues un certain nombre de personnalités du gouvernement. 

Il faut aussi revenir sur l’échantillon francilien, une région plus à gauche, avec un socle électoral de 24% pour Claude Bartolone. Après une candidature potentielle où il se situait autour de 21, il est entré en campagne avec 24% d'intentions de vote, ce qui correspond à deux strates avec un phénomène métropolitain qui se confirme et qui a permis l’élection d’Anne Hidalgo. Il s’agit des métropoles mondialisées avec une gauche intellectualisé, un certain électorat  de classe moyenne supérieure intellectualisée ou de classe intellectualisée et déclassée (comme ceux évoluant dans les économies créatives). Et puis la première couronne sur les fonts baptismaux de ce que fut la ceinture rouge, une certaine habitude à gauche avec la prévalence du logement social et un électorat cosmopolite qui est de pleins pieds dans les préoccupations sociales et qui n’a pas de crainte quant à la métropole mondialisée puisque eux-mêmes sont issus de parcours mondialisés. Ce sont les raisons expliquant la robustesse du socle à 24%, et plus largement une assise de gauche qui dans le cadre du tripartisme est plutôt favorable. 

Pourquoi est-on toujours à 24 ? Les ingrédients n’ont pas fondu comme neige au soleil, et ce malgré un contexte national complexe.  

Son entrée tardive dans la campagne des régionales le dessert-il ? Comment expliquer par ailleurs que la fusion des listes Les Républicains et UDI opérée il y a quelques semaines n'ait pas bénéficié à Valérie Pécresse qui perd 3 points dans ce sondage (33% ici contre 36% en juin) ?

Le total gauche est à souligner, en hausse par rapport à la dernière photographie de juin. Malgré toute la souplesse qui la caractérise, Valérie Pécresse n’est pas en capacité de faire le grand écart. On le voit sur l’affaire des réfugiés, d’un côté elle cherche à embrasser la part à droite de la droite de son électorat sur les thématiques du Front national, et de l’autre, en se rapprochant du centre politique, ce qui est presque orthogonal. Son potentiel électoral sur les valeurs n’est pas contraire à l’UDI par exemple. Il y a donc de la perte, déjà 3 points.

Comment analyser aussi la percée significative de Nicolas Dupont-Aignan (+3 points de 5% à 8%) et le recul du candidat du Front national (-1 point à 15% contre 16%) ?

Si vous faites un bloc « Nicolas Dupont-Aignan et Front national », et surtout, que vous prenez le score FN au second tour, c’est le même en réalité.  Savoir comment va se distribuer au second tour FN et Debout la France est complexe.
Y a-t-il une montée de Dupont-Aignan ? Il y a une variable de contrôle, personne ne me parle de lui sur le marché. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas. Quand dans les sondages vous tournez autour de 8, il y a un effet de halo particulièrement perceptible entre 10 et 15 points et beaucoup de gens en parlent. C’est vrai qu’il bénéficie d’une notoriété relativement forte à travers ce sondage. J’ai néanmoins l’impression que l’on n’a pas de référence électorale le concernant, et je fais davantage confiance aux lignes de redressement du précédent sondage qui le situait à 5%. Il faudrait vérifier en brut si les deux instituts de sondages n’ont pas les mêmes données… La différence doit provenir des redressements.

C’est avant tout le vote refuge d’un électorat de droite qui ne s’y retrouve pas.

Au second tour, comme lors du dernier sondage, la liste conduite par Claude Bartolone et celle de Valérie Pécresse demeure au coude à coude à 41% loin devant celle du FN à 18%. Comment peuvent jouer les reports de voix ? A quoi peut-on s'attendre ?

Le socle de Claude Bartolone dans le cadre d’une élection de basse participation, comme devrait d’ailleurs l’être Valérie Pécresse, est de pouvoir rassembler son camp. Or je constate qu’il n’y a aucune opposition à ce que celui-ci rassemble son camp et donc l’électorat potentiel tourne autour de 44 points. Cela est bien sûr à pondérer du fait du contexte national. Mais je constate que Claude Bartolone est un bon amortisseur aux aléas nationaux.Je ne crois pas à cette ligne de rapport au second tour pour être franc. 65% de l’électorat écologiste au second tour pour Claude Bartolone, c’est sous-coté. Je suis raisonnablement optimiste.

Comment expliquer que la région Ile-de-France soit celle annoncée comme la plus serrée de toutes les élections régionales ?

Beaucoup de régions par le passé étaient ancrées à gauche et sont aujourd’hui particulièrement disputées, ce qui est un doux euphémisme... Le fait que l’élection se présente comme serrée en Ile-de-France signifie que la gauche résiste bien. Elle a fait du bon travail régional, et pour des raisons sociologiques que je vous ai indiquées précédemment, la situation reste complexe.

Quelles sont les qualités demandées à un candidat de gauche ? D’abord d’avoir une bonne équation personnelle, avec une résistance aux aléas nationaux. Ensuite d’être dans le centre de gravité de la gauche, c’est-à-dire être en capacité d’incarner les gauches, et pas seulement la gauche socialiste. Je pense-là aux distinctions qu’a pu opérer Claude Bartolone concernant les rapports à l’Allemagne, les questions européennes, la transition écologique etc. Cela le situe assez naturellement en position de rassembler au second tour, comme il a su le faire en amont avec la famille socialiste.

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