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Législatives marocaines : test démocratique majeur 
de l'après printemps arabe
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Législatives au Maroc

Le vrai défi des législatives marocaines, c'est la mobilisation d'un électorat qui avait massivement boudé ce scrutin en 2007. Les partis politiques en sont conscients mais craignent en même temps un soutien massif aux candidats islamistes.

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui est directeur général du cabinet de communication d'influence Guepard Group.

Il est l'auteur du livre Intelligence Economique et guerres secrètes au Maroc (Editions Koutoubia, Paris).

 

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Alors que le Maghreb s’apprête à vivre bientôt le premier anniversaire du déclenchement du "printemps arabe", le Maroc organise les premières élections législatives de la région, quatre mois après avoir amendé sa constitution par référendum. Entre "révolution douce" et "hiver islamiste" à l’image de la Libye ou de la Tunisie, le royaume est à l’heure du choix.

Dans un pays où Hassan II disait souvent que "gouverner c’est pleuvoir", les élections législatives marocaines se tiennent par temps clair. Une angoisse de moins pour les pouvoirs publics, pour lesquels un jour pluvieux signifiait automatiquement près de quatre points de participation en moins, notamment en zone rurale. Il faut dire que la participation est l’un de grands sujets de cette élection, car en 2007, les électeurs avaient boudé les urnes, avec un taux historiquement bas de 37%.

La donne devrait être différente ce vendredi avec un taux de participation qui devrait logiquement augmenter, bien que les Marocains continuent à exprimer leur défiance envers les partis politiques et leur soif de voir ces derniers renouveler leurs appareils et leurs leaders.

Au sein de ce champ politique marocain atomisé, le score qu’obtiendra ce vendredi soir le parti islamiste de la Justice et du Développement (PJD) est au cœur de toutes les spéculations, et sera déterminant pour la suite des évènements. En effet, la nouvelle constitution prévoit que le futur Premier ministre devra obligatoirement être désigné au sein du parti qui se sera placé en tête. Le leader de l’exécutif désigné aura ensuite quarante jours pour former une majorité.

Dans le cas du PJD, peu de partis se sont prononcés sur une éventuelle alliance avec les islamistes, préférant garder les cartes en main jusqu’à l’annonce officielle des résultats, afin de pouvoir négocier en position de force des maroquins ministériels dans le futur gouvernement.

D’autres ont déjà dévoilé leur majorité gouvernementale s’ils venaient à remporter les élections, telle l’alliance dite du "G8", menée par l’actuel grand argentier du Royaume, Salehedine Mezouar, qui s’est imposé comme le leader du pôle anti-islamistes lors de la campagne, n’hésitant pas à croiser le fer-parfois de manière musclée- avec le patron du PJD, Abdelilah Benkirane.

En tout état de cause, la question essentielle sera de savoir si les perdants du scrutin, quels qu’ils soient, joueront le jeu et ne crieront pas à la "fraude", comme cela avait été le cas en 2007. A cette époque, le PJD avait lancé plusieurs accusations sans toutefois déposer de recours en annulation dans les circonscriptions qu’il incriminait. 

A ce niveau, l’État semble avoir verrouillé le processus, à travers le déploiement massif et visible d’observateurs internationaux (plus de 400), venus s’assurer que personne ne viendrait remettre en cause un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà particulièrement intense.

L’enjeu ? Que le "vivre-ensemble" à la marocaine perdure, faisant que cet état-nation millénaire puisse devenir un laboratoire de la transition démocratique pacifique et du dialogue interculturel dans un Maghreb en ébullition.

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