Enfant syrien : voilà comment chacun choisit ses pauvres !<!-- --> | Atlantico.fr
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Des enfants dans un camp de réfugiés Yazidis.
Des enfants dans un camp de réfugiés Yazidis.
©REUTERS/Ari Jalal

Au-delà du choc de l'image

La photo nous a bouleversés. Mais elle n'a pas bouleversé tout le monde…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Sans la photo rien…Sans la photo pas d'impact émotionnel…Sans la photo pas de compassion pour les petits Syriens…Nous vivons sous le règne immédiat de l'image et c'est elle, et elle seule, qui nous dit ce que nous devons ressentir. C'est ainsi. Même si les réalités sont infiniment plus complexes que pourrait le laisser penser le cliché d'un corps d'enfant échoué sur une plage.

Le fait que nous soyons émus est tout à notre honneur. Nous avons quelque chose qui manque cruellement à tant d'autres de part le monde : un cœur qui bat et beaucoup de respect pour la vie humaine. Mais on ne peut s'arrêter là. François Hollande a déclaré que la photo du petit Aylan "avait fait le tour du monde". Le président se trompe un peu. Pas du monde : de notre monde seulement.

Croit-on un seul instant que l'image de l'enfant syrien ait fait la "Une" des journaux qataris, saoudiens ou émiratis ? Croit-on que dans les pétromonarchies du Golfe, riches à en crever, les princes et les émirs locaux aient ouvert leurs coffres-forts pour donner de quoi subsister aux réfugiés syriens? Ils font pourtant partie du même peuple et pratiquent la même religion que ceux qui souffrent tant.

Le roi Salman d'Arabie Saoudite était récemment en vacances en France dans sa villa de Golfe-Juan. Il était accompagné d'une suite de 1000 personnes ! 1000 personnes logées pour la plupart dans des palaces de la Côte d'Azur. Une nuit dans un hôtel de luxe – ceux dans lesquels ils sont descendus – coûte au bas mot au moins 400 euros. Pour une seule nuit saoudienne sur la Côte d'Azur, combien d'enfants syriens auraient pu êtres nourris, soignés, scolarisés ?

Pour revenir au plus près de chez nous, on peut s'intéresser au Secours islamique de France (SIF), une ONG fondée par l'Arabie Saoudite. Sur la première page de son site rien, strictement rien sur le drame des réfugiés. En revanche un gros placard, assorti d'une vidéo, évoque les destructions à Gaza. Le SIF a choisi ses pauvres.

D'un site l'autre…Celui du Secours Populaire (proche du PC) partage l'indifférence du SIF pour les malheureux Syriens. Mais il accorde une place importante aux enfants grecs victimes de la crise. Peut-être que ces enfants sont de gauche ? Le Secours Populaire lui aussi a choisi ses pauvres. Rien de tel sur le site du Secours Catholique (Caritas). Une floraison de textes appelant à des dons pour les Syriens et les Irakiens. Et pas seulement en faveur des chrétiens persécutés. Le Secours Catholique ne choisit pas ses pauvres.

Dans un article publié dans Atlantico, un avocat, sans doute très chrétien, écrit que nous "risquons de perdre notre âme"si nous n'aidons pas les réfugiés syriens. Soit. Mais alors se pose la question de savoir si les Qataris, les Saoudiens, les Emiratis eux, ont une âme.

P.S. : Un milliardaire égyptien, Naguib Sawiris, a annoncé vouloir acheter une île en Méditerranée pour y installer des réfugiés syriens. Les réfugiés sont musulmans, M. Sawiris est un chrétien copte. Les réfugiés sont musulmans. Tout commentaire serait superflu.

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