Royaume-Uni : vers la préférence nationale pour lutter contre le chômage ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Entre juillet et septembre 2011, le nombre de Britanniques en activité a baissé de 311 000, tandis que le nombre d’étrangers employés au Royaume-Uni a augmenté de 181 000.
Entre juillet et septembre 2011, le nombre de Britanniques en activité a baissé de 311 000, tandis que le nombre d’étrangers employés au Royaume-Uni a augmenté de 181 000.
©Reuters

Crise de l'emploi

La politique de l'emploi menée sous Tony Blair est aujourd'hui contestée de l'autre côté de la Manche. Le gouvernement de David Cameron entend renforcer le contrôle de ses frontières et privilégier l'accès au travail pour les Britanniques.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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Le Royaume-Uni est confronté à la plus grande augmentation du chômage depuis 1994. Le nombre de chômeurs a aujourd’hui dépassé la barre des 2,62 millions (8,3%) et plus d’un million de jeunes âgés de 16 à 24 ans sont sans emploi. Le taux de chômage dans le Nord-Est atteint 11,6% tandis qu’il est à 6,3% dans le Sud-Est. Force est de constater que le marché du travail est en crise face à la baisse des prévisions de croissance à 1% (pour 2011 et 2012) et face à la crise de l’eurozone qui frappe de plein fouet le Royaume-Uni, fortement dépendant du commerce avec le reste de l’Union Européenne.

Problème : cette hausse du chômage n’est pas répartie très équitablement au sein de la population résidant en Grande-Bretagne…

Entre juillet et septembre 2011, le nombre de Britanniques en activité a baissé de 311000, tandis que le nombre d’étrangers employés au Royaume-Uni a augmenté de 181000, soit de 495 par jour. Outre les tensions sociales que cette situation peut créer, ceci pose un problème réel au gouvernement britannique qui doit faire face à une augmentation des allocations chômage dans un contexte de déficit budgétaire.

Les entreprises britanniques privilégient la main d’œuvre étrangère qualifiée au détriment des Britanniques qu’ils accusent d’être moins ponctuels et moins fiables que leurs concurrents. Les Français hautement qualifiés viennent d’ailleurs travailler à Londres dans le domaine de la finance et des affaires, où ils sont très appréciés et où le marché du travail est plus flexible, ouvert et méritocratique qu’en France. Ils constituent une communauté croissante de plus de 400 000 personnes installées dans la capitale.

Les années Blair en question 

Il y un an, le 20 novembre 2010, le ministre conservateur du Travail et des Retraites, Iain Duncan Smith, interrogé par The Economist, s’est indigné que plusieurs millions d’emplois aient été pris par des étrangers pendant les années Blair parce que les Britanniques n’étaient pas suffisamment qualifiés. Plus d’1,4 million de Britanniques ont touché une allocation de chômage au cours des neuf dernières années. Un an plus tard, le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Chris Grayling, a réaffirmé sa volonté de réduire le nombre d’étrangers qui prennent des emplois que pourraient exercer les Britanniques.

Le Daily Maildu 17 novembre 2011 fait le procès de l’immigration et de la réduction des contrôles aux frontières décidée par le ministre de l’Intérieur, Theresa May avant l’été 2011. L’arrivée massive de travailleurs étrangers risque de créer des antagonismes avec la population locale, qui pourrait subir les contrecoups de cet afflux en termes d’emploi et de logement. Cette question délicate devra faire l’objet d’un traitement particulier du gouvernement.

Il serait peut-être est surtout grand temps de mettre un terme à la culture de l’assistanat et de faire appliquer les mesures présentées par Iain Duncan Smith dans le cadre duWelfare Reform Bill.Le gouvernement de coalition veut réformer l’État Providence et créer un système plus juste d’indemnisation du chômage. A l’avenir, ceux qui refuseront une offre d’emploi perdront leur allocation hebdomadaire de £64 pendant trois mois. Ceux qui refusent un second emploi se verront privés de leur allocation pendant un an et ceux qui refusent une troisième offre d’emploi perdront leur allocation de chômage pendant trois ans. Le gouvernement français pourrait s’inspirer de ces mesures pour lutter contre le chômage de longue durée.

Dans son premier discours de Premier ministre le 11 mai 2010, David Cameron a annoncé le retour à une éthique du travail et de la responsabilité. Les conservateurs souhaitent encourager le travail et réduire la fraude sociale, à l’aide de sanctions. Ils ont fort à faire en cette période d’austérité qui diminue les marges de manœuvre de l’État et des entreprises et qui réduit la consommation des ménages. Mais comment les pouvoirs publics pourront-ils influer sur la politique d’embauche des entreprises et encourager le patronat à employer en priorité des Britanniques plutôt que des étrangers, sans remettre en cause le libéralisme si cher au Royaume-Uni ?

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