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Fidel et Raul Castro, les désastres agricoles de Cuba.
Fidel et Raul Castro, les désastres agricoles de Cuba.
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Cuba, l'île du Dr Castro

"Je réunis actuellement des informations sur des cultures à forte valeur économique qui pourraient améliorer l'alimentation et la santé de notre peuple", a déclaré samedi Fidel Castro.. Mais hélas, depuis un demi-siècle, le Commandante s'avère être un piètre agronome. Bêtisier.

Jacobo Machover

Jacobo Machover

Jacobo Machover est un écrivain cubain exilé en France. Il a publié en 2019 aux éditions Buchet Castel Mon oncle David. D'Auschwitz à Cuba, une famille dans les tourments de l'Histoire. Il est également l'auteur de : La face cachée du Che (Armand Colin), Castro est mort ! Cuba libre !? (Éditions François Bourin) et Cuba de Batista à Castro - Une contre histoire (éditions Buchet - Chastel).

 

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Fidel Castro se fait de plus en rare. Depuis 2006, date où il a passé le relais à son frère Raúl, il n’apparaît que très sporadiquement à l’écran, sanglé dans son nouveau survêtement Adidas, qui est venu remplacer son traditionnel uniforme de commandant en chef. C’est souvent à l’occasion d’une des visites de son "fils spirituel" Hugo Chávez, commandant lui aussi, qui est allé se faire soigner d’un cancer à Cuba, qu’il daigne apparaître sur de rares photos. Mais, parfois, il écrit aussi des "réflexions", publiées la plupart du temps sur son blog, Cubadebate, et il lui arrive de parler. C’est alors une voix d’outre-tombe qui se manifeste pour signifier qu’il est toujours vivant et qu’il n’est pas atteint de démence sénile.

Il est difficile de le croire, cependant, au vu des derniers propos qu’il est censé avoir prononcés, rapportés dans le journal de la Jeunesse communiste, Juventud Rebelde. Ce sont des étudiants en informatique qui racontent, à tour de rôle, la conversation téléphonique qu’ils ont eu avec lui. Après leur avoir posé tout un tas de questions sur le sous-développement informatique du pays et avoir "critiqué" le manque d’informations dans l’île (dont il est le premier responsable), Fidel Castro s’est mis en tête de leur faire connaître ses dernières activités : "Je réunis actuellement des informations sur des cultures à forte valeur économique qui pourraient améliorer l'alimentation et la santé de notre peuple".

Des moutons importés d'Israël en première classe


Si c’était la première fois, cela prêterait à rire (jaune)... Mais non. L’ancien paysan de Birán (village de la région orientale de Cuba où se trouvait la propriété de son père, le Galicien Ángel Castro) a toujours rêvé de transformer Cuba en son propre champ d’expérimentation agricole. Son frère aîné Ramón a géré une ferme expérimentale, que tous les touristes politiques et autres se devaient de visiter, près de La Havane. Lui-même a introduit, pêle-mêle, une variété de camembert (oui, oui, c’est vrai) qu’il disait meilleur que le français, la culture du café dans le "cordon" de La Havane, sur des terres absolument inadaptées à cela, une réserve de caïmans dans les marécages de la Ciénaga de Zapata près de la baie des Cochons, des moutons importés d’Israël voyageant par avion en première tandis que la femme de l’ambassadeur cubain (avant la rupture des relations diplomatiques) n’occupait, elle, que la seconde classe, et aussi, la plus célèbre vache de l’histoire du communisme cubain, "Ubre blanca" ("Mamelle blanche"), capable de produire plus de cent litres de lait quotidien. Ce fut la seule "personnalité" à pouvoir rivaliser avec Fidel, qui en a gardé une statue dans son bureau du Comité Central du Parti : tous les jours, entre 1982 et 1985, sa photo apparaissait en Une de Granma, le quotidien officiel du Parti.


Et puis, connaissez-vous André Voisin ? Cet agronome français, inconnu dans son propre pays, est une véritable légende à Cuba. Au cours des années 1960, il a prononcé, à la demande de Fidel, qui l’admirait profondément, un grand nombre de conférences à la télévision devant des millions de téléspectateurs qui ne comprenaient absolument rien à ce qu’il disait. D’avoir été tellement exprimé, le pauvre, déjà âgé, n’a pas tenu le coup. Il en est mort, mais a été enterré avec tous les honneurs à Cuba, où d’innombrables écoles portent encore aujourd’hui son nom.

Fidel aura surtout bluffé Danielle Mitterrand...

Il suffit de voir que le pays importe pratiquement tous les aliments indispensables non pas à la vie, mais à la survie, de la population (y compris des États-Unis, malgré un embargo très assoupli depuis fort longtemps), pour se rendre compte du désastre planifié à Cuba par la famille Castro. Même l’industrie sucrière, autrefois phare de la production de l’île, est en déliquescence, ce qui a provoqué la suppression récente du ministère du Sucre. Il faudrait vraiment que le commandant en chef se dépêche "d’améliorer l’alimentation" pour que le peuple cubain puisse un jour voir la fin de la libreta, le carnet de rationnement en vigueur depuis près d’un demi-siècle.  Il aura fort à faire pour cela : ce sera le legs fort encombrant qu’il a laissé à Raúl Castro, avec l’appui bienveillant de son cadet. Mais il y aura toujours des "idiots utiles" à se pâmer devant son verbe pour se remémorer un temps que d’aucuns voient encore avec nostalgie. Je ne suis pas de ceux-là.

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