Accidents de la route au retour des vacances : si, la vitesse est bien dangereuse (même si beaucoup sont convaincus du contraire) <!-- --> | Atlantico.fr
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Extrait de "Objectif zéro accident", de la Ligue contre la violence routière, publié aux éditions Les petits matins.
Extrait de "Objectif zéro accident", de la Ligue contre la violence routière, publié aux éditions Les petits matins.
©Reuters/Charles Platiau

Bonnes feuilles

Au retour des grandes vacances, faites attention sur la route. Extrait de "Objectif zéro accident", de la Ligue contre la violence routière, publié aux éditions Les petits matins (2/2).

la Ligue contre la violence routière

la Ligue contre la violence routière

Depuis 1983, les adhérents de la Ligue contre la violence routière, tous bénévoles, ayant vécu ou non un drame de la route, appuient leurs connaissances sur celles d’experts reconnus de la sécurité routière pour exiger des gouvernements qui se succèdent et des acteurs de la sécurité routière qu’ils agissent concrètement, avec pour objectif « zéro accident », celui-là même que les entreprises se sont fixé, de manière indiscutée, depuis des décennies.

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"Ce n’est pas la vitesse qui est dangereuse !" Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette remarque, assénée sous forme de slogan ? Curieusement, la vitesse est la seule cause d’accident dont il est très difficile de convaincre de la dangerosité. Pour la défense de ceux qui pensent ainsi, reconnaissons qu’ils ont quelques raisons… de se tromper ou d’être de mauvaise foi !

Un facteur sous-estimé…

D’une part, il est exact que le corps humain peut supporter de très grandes vitesses, c’est une vérité physique bien connue. Ce n’est donc pas à proprement parler la vitesse qui est dangereuse, c’est la décélération brutale. Le risque de choc est d’autant plus élevé et la décélération d’autant plus brutale que la vitesse est grande. D’autre part, la vitesse est largement sous-estimée dans la panoplie des causes d’accidents. Si l’on observe un constat amiable rempli à la suite d’un accident matériel, on trouvera, pour ce qui concerne le comportement des usagers impliqués, les formules "avançait, reculait, tournait à droite ou à gauche, s’engageait sur la voie prioritaire, changeait de file..." On ne trouvera aucune indication sur la vitesse des deux véhicules. Pour les assurances, c’est celui qui changeait de file qui sera responsable, quelle que soit la vitesse à laquelle arrivait le véhicule venant de l’arrière.

…et difficile à déterminer

Pour les accidents corporels, l’analyse est plus fine, mais avec bien peu de moyens pour déterminer la vitesse des véhicules en cause. Les déclarations des conducteurs impliqués : ils disent tous qu’ils roulaient à la vitesse maximale autorisée à l’endroit de l’accident. Les témoignages : ils sont d’une imprécision redoutable, par exemple, "roulait vite, ne roulait pas vite, vitesse normale…". Les expertises : pour des accidents très graves, les enquêteurs peuvent en demander une. Elle établira une estimation des vitesses à partir des traces de freinage, quand elles existent, des déformations des véhicules, et, ensuite, une reconstitution dynamique de l’accident. Mais expertises et contre-expertises, souvent contestées, n’emportent pas toujours l’adhésion des juges. Une seule cause peut l’emporter sur les autres : souvent, quand une « faute caractérisée » est observée (alcool, sortie d’une route non prioritaire, changement de file), elle dispense de chercher plus loin la vérité et exonère la vitesse de sa responsabilité dans l’accident. Dans le langage des forces de l’ordre ou des juges, sauf cas exceptionnels, la vitesse n’est jamais une faute caractérisée, pour la raison qu’il existe toujours des doutes sur son évaluation.

Pour toutes ces raisons, la cause "vitesse" est sous-représentée dans les statistiques d’accidents.

On n’est jamais seul sur la route

Sur autoroute, sur la route et à plus forte raison en agglomération, on n’est jamais seul. "L’autoroute déserte", ça n’existe pas. Il y a toujours quelque part un camion à doubler au moment où un bolide arrive par l’arrière. C’est quand la circulation est fluide que le risque d’accident grave rapporté au nombre de kilomètres parcourus est le plus élevé. Sur la route ou en ville, on peut croiser des jeunes conducteurs manquant d’expérience, des véhicules roulant lentement, des enfants, des personnes âgées mettant du temps à traverser, des personnes à mobilité réduite… C’est à ceux qui sont en pleine possession de leurs moyens de faire attention aux plus faibles. Un événement imprévu peut survenir de n’importe où, il faut donc conduire avec les autres et en tenant compte de leur présence. La vitesse excessive, inappropriée, est toujours un facteur d’accident grave. En monopolisant la chaussée en faveur de celui qui la pratique, elle fait peur aux piétons, qui hésitent à traverser, rend périlleuse l’insertion des usagers venant d’une rue non prioritaire et bloque les véhicules à vitesse modérée sur la file de droite, obligeant tous les autres usagers à être prudents pour deux.

Extrait de "Objectif zéro accident", de la Ligue contre la violence routière, publié aux éditions Les petits matins, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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