S’il vous plaît retenez le nom de Kayla Mueller, esclave sexuelle du chef de l’Etat islamique<!-- --> | Atlantico.fr
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Kayla Mueller, esclave sexuelle du chef de l’Etat islamique.
Kayla Mueller, esclave sexuelle du chef de l’Etat islamique.
©Reuters

Qu'elle repose en paix

Elle était occidentale, américaine et chrétienne. Une des nôtres donc.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Tout a été dit sur l'esclavage sexuel pratiqué par les combattants de l'Etat islamique. Tout semble avoir été dit sur les manuels, très détaillés, qui codifient cette activité. Le prix. Ce qu'il est licite de faire. Avec qui c'est permis.

Des milliers de filles yézidis et chrétiennes ont connu, et connaissent, ce destin. On vous en a parlé et ici-même excellemment. Tout a été dit et rien n'est dit. Des chiffres sans âme, un anonymat qui prive les victimes du respect et de la compassion qui leur sont dues. Puis de ces données abstraites et froides émerge soudain un nom : Kayla Mueller.

Parler d'elle c’est donner une identité à toutes les malheureuses dont les noms sont ignorés. Kayla Mueller avait 26 ans. Et ses photos montrent qu'elle était jolie. Elle travaillait pour un organisme humanitaire à Alep, ville martyre de Syrie, quand elle fut capturée par les djihadistes de l'Etat islamique.

Une prise de choix qui ne pouvait revenir qu'au chef suprême, l'émir al-Baghdadi. Elle fut torturée et violée pendant des mois. Elle est morte. Assassinée par son geôlier ? Tuée accidentellement, lors d'un raid américain ? Qu'importe. Mourir était peut-être, et hélas, ce qui pouvait lui arriver de mieux compte tenu de ce qu'elle subissait.

Avec elle, et avec toutes les autres qui n'auront jamais d'identité, c'est nous tous qui sommes assassinés et souillés. Nous tous car ce qui lui a été infligé n'avait rien à voir avec ce qu'elle faisait mais avec ce qu'elle était : d'une autre religion que celle de son bourreau ! Que ceux qui sont croyants prient pour elle. Que ceux qui ne le sont pas cherchent les moyens de la venger. Kayla Mueller : retenez, s'il vous plaît, son nom. Et oubliez les niaiseries prétendument intelligentes qui se racontent sur l'Etat islamique: un groupe de cinglés et de monstres comme il n'en existerait nulle part ailleurs...Daesh n'a, hélas, rien d'exceptionnel. Les mêmes codes d'esclavage sexuel, avec les mêmes précisions, étaient en vigueur au sein du GIA algérien il y a une vingtaine d'années. Sauf que là il s'agissait de filles arabes décrétées hérétiques et non musulmanes car ne portant pas le voile. De la même façon les djihadistes de Boko Haram au Nigeria codifient l'usage qui peut être fait de leur butin féminin.

Il paraît que tout ca n'a rien à voir avec l'islam. Admettons. Mais ça a beaucoup à voir avec une tradition multiséculaire de razzias dont le but était de ramener le maximum d'esclaves pour les harems orientaux. Le passé est toujours nécessaire pour éclairer le présent. Quant à Kayla Mueller, délivrée par la mort, qu'elle repose en paix. Et nous ne nous reposons pas.             

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