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Ces idées reçues sur l'énergie : "les pays émergents, en particulier la Chine, sont les principaux responsables du réchauffement climatique"
©Reuters

Bonnes feuilles

Avec cet ouvrage à l'approche très pédagogique, les auteurs déconstruisent 20 idées reçues et proposent des recommandations concrètes pour que puissent naître des politiques énergétiques à la hauteur des enjeux du XXIe siècle. Extrait de "20 idées reçues sur l'énergie", de Raphaël Homayoun Boroumand, Stéphane Goutte, Thomas Porcher, publié aux éditions De Boeck (2/2).

Stéphane  Goutte

Stéphane Goutte

Stéphane Goutte est docteur en mathématiques, maître de conférences à l'Université Paris 8 et professeur associé à l'Université du Luxembourg.

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Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Ce qu’on vous dit : Les émissions de CO2 des pays émergents, en premier lieu la Chine, augmententrapidement tandis que celles des paysdéveloppésévoluentmodérément.D’ailleurs,la Chine, deuxième puissance économique mondiale,estle premierémetteur de CO2 au monde devant les États-Unis. Elle estresponsable de 27 % des émissions. Lors des sommets sur le climat, ellerefuse pourtant de ratifier les accords visant à réduire les émissions. Saposition envoie un mauvais signal aux autres pays émergents alors mêmeque ces derniers doivent changer leur façon de produire et de consommerpour éviter la catastrophe climatique

Décryptage et mise au point

Les pays émergents sont souvent désignés comme étant des pays très pollueurs. Néanmoins, une approche fondée sur les émissions de CO2 consommées plutôt que sur celles produites (comme c’est le cas aujourd’hui) révèle que les émissions n’ont pas significativement augmenté dans les pays émergents ni réellement diminué dans les pays industrialisés.

Mieux comptabiliser les émissions de CO2

Le mode de comptabilisation des émissions de CO2 n’est pasjuste. Il prend en compte le CO2 émis sur un territoire nationalmalgré le mouvement de délocalisation des industries vers lespays émergents (notamment la Chine) depuis le début desannées 1990. En prenant en compte les émissions de CO2basées sur la consommation (c’est-à-dire tenant compte desexportations et des importations de dioxyde de carbone), leschiffres révèlent qu’une partie de la baisse des émissions deCO2 des pays riches est liée à « l’exportation » de ce CO2vers lespays émergents. Avec ce mode de calcul, les émissions de CO2des États-Unis sont réévaluées de 13  % alors que celles de la Chine diminuent de 22 % sur 2009. Sur cette même année, lesémissions de CO2 basées sur la consommation américaine étaientsupérieures à celles de la Chine (respectivement, 5,6 milliardsde tonnes de CO2 contre 5,1 milliards). Par contre, en se basantsur les émissions de CO2 produites sur le territoire, la Chineétait devant les États-Unis (respectivement, 6,6 milliards contre5 milliards). En reprenant ces grandeurs et en les appliquantaux chiffres de 2013, l’écart entre les deux pays se réduit. LaChine émet 7,7 milliards de tonnes de CO2 (au lieu de 9,9) ; lesÉtats-Unis, 5,9 milliards de tonnes (au lieu de 5,2). En moyenne,un Américain émet 19,8 tonnes de CO2alors qu’un Chinois n’enémet plus que 4,8 tonnes.

Selon la méthode « traditionnelle » de comptabilisation des émissions de CO2, les pays émergents ont émis, en 2010, 40 % de plus que les pays industrialisés. En considérant l’approchede comptabilisation des émissions liées à la consommation, lespays en développement et émergents ont émis seulement 7 %de plus. La diminution des émissions de CO2dans les paysriches est donc davantage expliquée par un transfert de leurproduction vers les pays émergents que par un réel changementdes comportements. Cela n’exonère pas les pays émergentsde prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique (notamment en arrêtant de subventionner les prix descarburants). Cependant, l’utilisation d’indicateurs incomplets nefacilitera pas l’engagement actif de tous les pays pour sauverle climat.

Extrait de "20 idées reçues sur l'énergie", de Raphaël Homayoun Boroumand, Stéphane Goutte, Thomas Porcher, 2015, publié aux éditions De Boeck. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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