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Ces idées reçues sur l'énergie : "les mécanismes de soutien suffisent au développement des énergies renouvelables"
©Reuters

Bonnes feuilles

Avec cet ouvrage à l'approche très pédagogique, les auteurs déconstruisent 20 idées reçues et proposent des recommandations concrètes pour que puissent naître des politiques énergétiques à la hauteur des enjeux du XXIe siècle. Extrait de "20 idées reçues sur l'énergie", de Raphaël Homayoun Boroumand, Stéphane Goutte, Thomas Porcher, publié aux éditions De Boeck (1/2).

Stéphane  Goutte

Stéphane Goutte

Stéphane Goutte est docteur en mathématiques, maître de conférences à l'Université Paris 8 et professeur associé à l'Université du Luxembourg.

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Raphaël Homayoun Boroumand

Raphaël Homayoun Boroumand

Raphaël Homayoun Boroumand est docteur en économie, professeur associé à PSB (Paris School of Business) et chercheur affilié à la City University London. Il est également chargé de cours en formation continue à l'Université Paris-Dauphine.

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Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Ce qu’on vous dit : Les énergies renouvelables sont moins compétitives que les énergies dites « traditionnelle » (pétrole, gaz, charbon ou nucléaire). Pour encourager leur développement, les gouvernements doivent instaurer des mécanismes de soutien via un prix ou un volume d’achat garanti. De tels mécanismes incitent à la production à partir de renouvelables et à l’investissement. Ilsencouragent le déploiement des différentes filières. À long terme, la part des renouvelables dans le bilan énergétique mondial devrait augmenter au détriment des énergies traditionnelles. Les mécanismes de soutien suffisent donc à la domination progressive des énergies « vertes ».

Décryptage et mise au point

Les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables sont nécessaires, mais non suffisants à une forte montée en puissance de ces énergies. Les politiques de soutien appuient la pénétration des renouvelables dans le système énergétique, mais ne permettent pas de lever un certain nombre de blocages qui entravent le développement à grande échelle de ces énergies.

La nécessité de lever les blocages

Dans la plupart des pays, il n’y a pas de consensus politique en faveur des énergies renouvelables. Certains partis politiques y sont même farouchement opposés en raison des coûts élevés des renouvelables qui affaiblissent la compétitivité industrielle. La possibilité d’une alternance politique – comme dans la majorité des pays européens (sauf en Allemagne)  – entraîne un risque de changement de politique sur les renouvelables. Cela peutconduire à un arrêt des mécanismes de soutien et à un phénomène de « stop-and-go » préjudiciable à des filières émergentes.

Sans dispositifs réglementaires clairs et stables, il ne peut y avoir de montée en puissance des renouvelables. En France, le solaire photovoltaïque a subi un gel des mécanismes de subventions en 2010, plongeant la filière française dans une forte incertitude (malgré l’absence d’alternance politique). Les décideurs doivent éviter tout « stop-and-go »et adapter les mécanismes de soutien à la maturité technologique de chaque filière.

À l’instabilité réglementaire s’ajoute celle des investisseurs. Les mécanismes de soutien ont donné naissance à un tissu de PME dans le secteur des renouvelables. Ces entreprises ont un besoin vital d’accès aux crédits d’investissements. Des études révèlent que les investisseurs n’ont pas grande confiance dans les politiques de subventions des énergies. Ils les considèrent souvent comme inefficaces et éphémères.

La maturité avérée d’une technologie reste le déterminant majeur du choix d’investissement.

Les technologies renouvelables ont besoin d’investissements pour se développer et de temps pour atteindre leur maturitétechnologique (notion de courbe d’apprentissage). Orles investisseurs préfèrent les entreprises commercialisant unetechnologie déjà mature (par les énergéticiens « traditionnels »).C’est un cercle vicieux.

Enfin, les énergies renouvelables (filières, enjeux, coûts, bénéfices, contraintes) souffrent d’un manque de connaissances de la part de l’ensemble des parties prenantes (citoyens, investisseurs, décideurs politiques). Ce manque de connaissances explique l’absence de consensus politique, la frilosité des investisseurs et les problèmes d’acceptation par les citoyens au niveau local (notammentdans le cas des éoliennes, voir l’idée reçue n 13). Une meilleure information sur le rôle des énergies renouvelables est donc une clé de voûte pour permettre leur développement.Grâce aux mécanismes de soutien, un certain nombre d’opérateurs ont émergé. La place des énergies renouvelables, qui comme toute nouvellefilière énergétique,s’inscrit sur un horizonde long terme, reste encore faible. Sans prise en compte d’un certain nombre de blocages, les mécanismes de soutien, bien que nécessaires lorsqu’ils sont appropriés à la maturité technologique des renouvelables, cantonnent leur place à un marché de niche.

Extrait de "20 idées reçues sur l'énergie", de Raphaël Homayoun Boroumand, Stéphane Goutte, Thomas Porcher, 2015, publié aux éditions De Boeck. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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