"Petit éloge de la vérité" : ce qui nous pousse à mentir, même pour des faits anodins<!-- --> | Atlantico.fr
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Extrait de "Petit éloge de la vérité - Manifeste pour un humanisme chrétien", de Vincent Morch, publié aux éditions Salvator.
Extrait de "Petit éloge de la vérité - Manifeste pour un humanisme chrétien", de Vincent Morch, publié aux éditions Salvator.
©Reuters

Bonnes feuilles

La vérité n'a pas bonne presse aujourd'hui, c'est le moins qu'on puisse dire, dans un monde où le relativisme domine. Tout en se livrant à une critique aiguisée d'un air du temps où se mêlent errance, culte de la volonté, esclavage du marché et de la toute-puissance, Vincent Morch invite à refonder un véritable humanisme d'inspiration chrétienne. Extrait de "Petit éloge de la vérité - Manifeste pour un humanisme chrétien", de Vincent Morch, publié aux éditions Salvator (2/2).

Vincent  Morch

Vincent Morch

Vincent Morch est philosophe et travaille dans l’édition après avoir enseigné en Afrique. Il a publié Exit. Exclus et marginaux en Grèce et à Rome aux éditions des Belles-Lettres.

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« La vérité vous rendra libres. » Cette promesse de Jésus tirée de l’évangile selon saint Jean1 synthétise tout autant mon insertion dans la tradition chrétienne que l’objectif, en premier lieu personnel, de cette brève réflexion : à travers une méditation sur la vérité, tenter de me libérer, autant que faire se peut, du poids qu’une culture morbide à l’heure actuelle dominante fait peser sur mes épaules : aigreur, tristesse, tentation du désespoir. Il n’est guère difficile, en parcourant les journaux, en arpentant les librairies ou seulement en tendant les oreilles, de recueillir les échos indignés, sarcastiques ou éplorés de ce malaise qui ne cesse de s’étendre et de s’aggraver. Mais à quoi bon se joindre à ce choeur déjà pléthorique ? C’est de tout autre chose dont nous avons besoin : ouvrir nos poumons, respirer à grandes goulées. Retrouver, comme l’écrit Jean-Claude Guillebaud, le « goût de l’avenir ».

Or, je crois que l’espérance se nourrit tant de la connaissance de nos racines que de la conscience que le présent s’est nourri du courage et de l’abnégation d’ancêtres à jamais anonymes, de même que de la capacité à se situer soi-même comme le ferment d’un avenir inconcevable. Notre existence ne s’étend pas entre les rives étroites de notre naissance et de notre mort : elle est solidaire du premier feu allumé par un hominidé comme des combats et des joies que vivront nos lointains descendants. Redevables et responsables d’insondables abîmes, notre plus beau devoir est de transmettre, en équilibre sur la cime du temps, ce qui permettra à nos enfants d’être meilleurs que nous – peut-être. Mais si, comme le laisse entendre la doxa dans laquelle nous baignons, rien n’est donné, tout se construit, chaque individu est censé bâtir un monde inédit et original sans lien ni avec les générations qui l’ont précédé et qui le suivront ni même avec celui que bâtissent, autour de lui, ses semblables.

À l’ère de la communication reine, quel paradoxe : on nous enjoint de partager jusqu’au moindre détail de notre vie intime en même temps que l’on sape la communicabilité de toute expérience. Comment s’étonner de l’accroissement de la solitude et du sentiment de l’absurdité de l’existence humaine ? Au contraire, non seulement transmission intergénérationnelle ouvre à chacun d’immenses horizons mais on ne transmet sans doute que ce qui, échappant à tout constructivisme social, ne dépend pas de soi – charge à chacun, à chaque génération, d’être confronté au redoutable exercice d’interpréter et de mettre en pratique ce qu’il a reçu.

Extrait de "Petit éloge de la vérité - Manifeste pour un humanisme chrétien", de Vincent Morch, publié aux éditions Salvator (2015). Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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