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Investissement en baisse de 1,6% au 2e trimestre : le grand échec de la priorité du gouvernement pour la croissance
©Reuters

Climat de défiance

Le dernier rapport de l'Insee sur la croissance française montre une nette stabilisation de celle-ci, alors que les résultats pour le premier trimestre étaient plutôt positifs (+0,7%). Dans le détail des chiffres, l'investissement, présenté comme le principal objectif du gouvernement, s'est effrité durant cette deuxième période (-1,6%).

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Comment expliquez-vous cette situation ?

Philippe Crevel : Les investissements des ménages continuent de baisser notamment dans la pierre, et ce, malgré les taux bas actuellement en vigueur. En plus d'une certaine méfiance à engager des investissements lourds, la stagnation des prix des produits immobiliers n'engage pas à vendre son patrimoine pour réinvestir.

Pour les entreprises, si les intérêts pratiqués actuellement sont également historiquement faibles, le gouvernement se trouve bien embêté après avoir misé sur l'investissement pour doper la croissance. La baisse observée s'explique principalement parce que la visibilité des chefs d'entreprise est courte, et qu'ils craignent un retournement économique - une récession - après longue stagnation économique. 

Un autre facteur, plus rarement évoqué, est que le taux d'utilisation des capacités de production. Théoriquement, il faudrait que les capacités de production soient utilisées à 80% pour que les entreprises  aient besoin d'investir. Les chefs d'entreprise reportent donc leurs investissements. C'est une décision de prudence, de méfiance, qui concoure à ce que l'investissement ne soit pas le moteur de croissance espéré.

Comment envisager la suite ? Le plan Juncker au niveau européen, la Banque publique d'investissement (BPI), permettront-ils de soutenir l'investissement ? 

Les décisions européennes, à savoir le plan d'assouplissement monétaire en faveur de l'investissement, sont longues à entrer en vigueur. Les processus pour apporter cet argent frais aux entreprises sont longs. Il ne faut donc pas en attendre des effets avant plusieurs mois encore. La reprise de l'investissement ne peut arriver que s'il y a une augmentation des capacités de production, elle-même conditionnée à une augmentation de la demande, donc de l'emploi, pour inciter les chefs d'entreprise à investir. 

Par ailleurs, il faudrait également un contexte porteur sur le plan économique. Le règlement de la crise grecque va dans ce sens. De même, un règlement du conflit avec la Russie, ainsi qu'un prix du pétrole qui demeurerait bas, apaiseraient l'environnement économique. 

Quelles seraient les actions véritablement efficaces pour permettre un redémarrage des investissements en France ?

Si l'on analyse les marges de manœuvre du gouvernement français, il devient nécessaire d’accélérer le plan d'assouplissement monétaire mené par Juncker. Sur le plan interne, une stabilisation du régime fiscal, c'est-à-dire des impôts ne peut que se révéler intéressant pour une reprise. 

Mais au-delà, cette politique gouvernementale devra nécessairement s'inscrire dans la durée, fiscalement aussi bien que juridiquement. Une amplification de la déréglementation de certains secteurs comme engagée par la loi Macron pourrait de même dynamiser l'ensemble de l'économie.

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