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Pourquoi l’on ne peut plus écarter un risque de récession pour l’économie mondiale
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Editorial

Le monde émergent est le premier menacé par la dévaluation du yuan, car les produits chinois viendront exercer une concurrence frontale qui les obligera pour survivre à s’engager à leur tour dans des dévaluations compétitives. Les matières premières sont déjà tombées à leur plus bas niveau depuis 2009.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les marchés financiers auront été soumis à rude épreuve au cours de cet été. A peine écarté – ou plutôt simplement retardé – l’épineux problème grec avec un accord en trompe-l’œil des pays créanciers, vient de surgir une nouvelle épreuve pour la communauté internationale avec la dévaluation du yuan. D’autant que celle-ci ne repose pas sur un changement brutal de parité comme l’avait fait la Suisse il y a quelques mois, mais en modifiant le cours de sa monnaie à la hausse. La Chine a choisi au contraire une méthode très asiatique en modifiant au jour le jour par petites touches la valeur de sa devise, ce qui crée un sentiment d’inquiétude sur les marchés ignorant l’amplitude réelle qu’elle entend impliquer dans sa démarche.

En fait, pour Pékin, il s’agit bien d’un revers, alors que le pays voulait dans le domaine monétaire comme dans celui de la production des biens et services conquérir une place prédominante dans l’économie mondiale. Le yuan calquait son cours sur celui du dollar dans la remontée de ce dernier, face à l’euro notamment. Mais la Chine se rend compte qu’elle n’est pas encore de taille non seulement à supplanter, mais même à égaler le billet vert et elle vient de lâcher prise en prenant conscience que sa politique de monnaie forte s’était traduite par une chute de 8% de ses exportations depuis un an, en remettant en cause du même coup sa croissance intérieure en pleine déconfiture car celle-ci reposait essentiellement sur les ventes à l’étranger. Et pour l’instant, la Chine, incapable d’augmenter rapidement le pouvoir d’achat de sa population  ne voit d’autre issue que dans une relance de ses exportations. Celle-ci se produit au moment où l’économie mondiale traverse une période de doute sur sa capacité à connaitre une nouvelle impulsion malgré des taux d’intérêt au plus bas provoqués par des injections  massives de liquidités par  les banques centrales.

Le monde émergent est le premier menacé : car les  produits chinois viendront exercer une concurrence frontale qui les obligera pour survivre à s’engager à leur tour dans des dévaluations compétitives. Les matières premières sont déjà tombées à leur plus bas niveau depuis 2009, tandis que le pétrole s’engage dans une nouvelle spirale de baisse qui va mettre à mal les pays producteurs et réduire leurs importations. La Russie se trouve ainsi dans une situation catastrophique, avec un produit intérieur brut en repli de 4,5 %, au deuxième trimestre. En pleine récession, aggravée par le boycott occidental en  raison de la situation ukrainienne, elle subit une dévaluation du rouble qui génère une flambée des prix des denrées alimentaires. Les nations industrialisées sont affectées également par  l’instabilité présente, qui pourrait remettre en cause la fragile reprise amorcée par l’Europe et pénaliser en particulier la locomotive du vieux continent, l’Allemagne. Quant à la  France, elle continuera dans  son économie poussive, incapable de sortir du marasme dans lequel elle végète faute de réformes, alors qu’au deuxième trimestre, son activité s’est inscrite en  repli  par rapport au premier, ce qui laisse augurer de ce que pourrait devenir la courbe du chômage. Pour l’instant, l’Amérique tient le cap avec une croissance modeste, certes, mais où la décision chinoise apparait comme une reconnaissance de sa suprématie.

Il reste que le monde  pourrait se trouver à nouveau engagé dans une période de dévaluations  compétitives avec une politique des dominos qui pourrait déboucher sur un risque non négligeable de récession généralisée. A court terme, cela a au moins une conséquence positive : celle de repousser une fois de plus la remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis, et d’apporter un baume aux marchés qui en ont bien besoin.

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