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"Petites histoires secrètes du rugby...", de Bernard Laporte : le mythe de l’icône du rugby français Sébastien Chabal est-il justifié ?
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Bonnes feuilles

En 2014, le manager du RC Toulon a su guider son équipe vers sa 4e victoire de championnat de France. Celui qui s'impose comme le meilleur entraîneur français en exercice livre sans détours sa vision singulière du rugby et ses souvenirs. Extrait de "Petites histoires secrètes du rugby...", de Bernard Laporte, publié chez Solar Editions (1/2).

Bernard  Laporte

Bernard Laporte

Bernard Laporte, est un joueur puis entraîneur français de rugby à XV. Il est le sélectionneur du XV de France de 1999 à 2007. Il est également homme d'affaires. Il a été secrétaire d'État chargé des Sports auprès de la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports dans le second gouvernement Fillon du22 octobre 2007au23 juin 2009. Bernard Laporte est depuis 2011, entraîneur du RC Toulon. Il est également consultant sur RMC, notamment pour l'émission Super Moscato Show.

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L’icône du rugby français des années 2000, dont l’étonnante notoriété a atteint le pays du long nuage blanc. Son hypermédiatisation l’a conduit à devenir, je crois, le joueur tricolore le plus connu de tous les temps. On a vu Sébastien Chabal partout, sur le terrain d’abord, mais aussi – surtout ? – sur les panneaux publicitaires. Avec ses cheveux longs et sa barbe hirsute, celui que supporters et journalistes ont surnommé « l’homme des cavernes » a très bien su exploiter son image ténébreuse. Au point de n’être devenu qu’un jouet marketing ? Les critiques ont été très sévères à cet égard ; Sébastien est un authentique joueur, au talent incontestable. Même si la corrélation entre sa popularité et son palmarès n’est pas parfaite, il serait injuste de ne pas rendre hommage à sa carrière sportive.

Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler ses exploits en tournée avec le XV de France que j’ai dirigé entre 1999 et 2007 : il a ainsi forcé la porte de mon effectif pour la Coupe du monde en France. Sa vie sportive, de fait, a basculé pendant l’été 2007 après que je l’ai sélectionné pour la tournée néo-zélandaise. Au cours de ces deux test-matchs aux Antipodes, il se passe quelque chose que Sébastien impulse sans maîtriser complètement. Première rencontre le 2 juin à Auckland, et premier tampon. Chris Masoe, le troisième ligne des All Blacks, ne voit pas Sébastien fondre sur lui, le prendre en planche et le plaquer. Complètement sonné, Masoe s’effrite comme une feuille tombée de l’arbre. Le public néo-zélandais siffle Sébastien, mais la légende est née.

Il écrit une ligne supplémentaire à celle-ci lors du deuxième test-match, le 9 juin à Wellington. Cette fois, c’est Ali Williams, le deuxième ligne des All Blacks, qui s’effondre après que Sébastien l’a percuté, violemment mais involontairement. Williams a la mâchoire cassée dans le choc. Les supporters néo-zélandais hurlent ; l’ambiance, déjà pesante, devient électrique. Sébastien passe pour « un casseur de joueurs », les Blacks veulent le découper. Il encaisse un tampon de Jerry Collins, reprend le cours du jeu sans ciller. À la sortie des vestiaires, malgré une seconde défaite de rang pour le XV de France, le public néo-zélandais l’attend pour un autographe. Les gens n’ont d’yeux que pour Chabal qui, en deux petits matchs, vient d’éclipser les dieux all blacks.

C’est peut-être ce qui explique son incroyable retentissement et la notoriété fulgurante de Sébastien : le mythe Chabal est né en Nouvelle-Zélande, dans l’antre de prestige de l’Ovalie. Il a vite fait le tour du monde, et de l’Hexagone. Pourtant, à mon retour en France, son nom n’est pas couché sur mes tablettes pour la Coupe du monde qui doit se dérouler sur notre sol, à l’automne. Ses matchs ne m’ont pas franchement convaincu. En troisième ligne, il y a meilleur que lui, je ne peux pas l’enrôler. Ses exploits en Nouvelle-Zélande me font pourtant cogiter, je sais qu’il est dommage de passer à côté de ce mec, je sens qu’il a un « truc » que les autres n’ont pas. Alors, après moult hésitations, je décide de le retenir, à condition qu’il accepte de jouer en deuxième ligne. J’en parle à Jo Maso et à mon staff, nous tombons d’accord. Ne manque que l’approbation de Sébastien. Je l’appelle, il est emballé. Je ne le regretterai pas. S’il n’avait pas disputé la Coupe du monde, sa notoriété serait retombée comme un soufflé, et c’est tout le rugby qui en aurait pâti. Quel qu’ait été son apport sur le terrain, Sébastien est devenu un modèle pour tous les jeunes. Un exemple. Et c’est aussi le rôle du XV de France de communiquer sur ses valeurs, de transmettre l’envie de les partager. En un mot, de faire rêver.

Extrait de "Petites histoires secrètes du rugby...", de Bernard Laporte, publié chez Solar Editions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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