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Rouge désir et bleu de glace: comment les couleurs influencent nos comportements (et pas comme nous le pensons)
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Red is dead

Au-delà des croyances populaires, peu d'études se sont réellement penchés sur l’influence des couleurs sur nos comportements.

Outils d'art, de communication, de vente, voire de manipulation, les couleurs font partie intégrante de nos vie. Historiens, sociologues, voire psychologues ont souvent disserté sur les symboliques liant préférences chromatiques et civilisations. 

La couleur la plus étudiée est probablement le rouge, une nuance extrêmement contradictoire: danger pour certains, force et désir pour d'autres. Ce que l'on pense de cette couleur se résumerait à une simple histoire de conditionnement. Si pendant des années, vous avez été habitués à haïr les fautes inscrites en rouge par votre professeur de math, vous aurez tendance à voir cette couleur comme agressive. Sans compter les nombreux fruits rouges dangereux ou encore le fameux feu rouge. Tout cela est vrai, mais le rouge n'est-il pas aussi la couleur des délicieuses fraises ou d'un beau 20/20?

Le bleu de son côté, plutôt associé au calme, à la mer et au ciel, est devenu la couleur préférée des Européens. Un renversement de situation assez improbable puisque les ancêtres des populations du Vieux continent, Grecs, Romains ou Celtes, méprisaient cette couleur, la considérant comme désagréable à l'œil, voire hostile. Puis tout a changé: le bleu est devenu la couleur du romantisme, de la tranquillité, ou du rêve. Désormais, sur les voies de transports, il est associé aux manœuvres autorisés.

(REUTERS/David W Cerny)

Mais la couleur influence-t-elle réellement nos comportements? La question se pose probablement depuis des milliers d'années. Curieusement, peu d'études scientifiques existent sur le sujet. Surtout, elles s'avèrent particulièrement contradictoires. Pour donner un peu de rigueur à la question, des scientifiques de l'Université de Colombie britannique ont étudié ces phénomènes.

Ils ont demandé à 69 participants de travailler devant des écrans d'ordinateurs bleus, rouges ou neutres. Les résultats étaient alors les suivants: les utilisateurs d'un écran rouges réussissaient mieux les tests de mémoire ou demandant une concentration renforcée. A contrario, les écrans bleus semblaient avoir un effet désinhibant sur les cobayes, qui excellaient alors sur les tests de créativité.

Pourquoi? Les scientifiques ont émis l'hypothèse que le rouge fonctionnait comme un "stop", et qu'inconsciemment, les utilisateurs se montraient plus alertes. Par ailleurs, ils se sont demandés si ces résultats ne devaient pas être exploités dans le monde de l'entreprise. Pourquoi en effet ne pas organiser un brainstorming dans une salle toute de bleu, afin de développer la créativité des participants?

Autre domaine où la symbolique chromatique ferait merveille : le sport. Martin Attrill, chercheur à l’Université de Plymouth a dirigé une étude dont les sujets étaient les équipes de football. Il en a résulté que les clubs jouant avec des maillots rouges étaient ne moyenne mieux classé que les équipes portant d'autres couleurs. Une explication comme une autre à la domination des "Red Devils" de Manchester, ou autres très rouges Arsenal et Liverpool, sur le championnat de foot anglais.

(REUTERS/Hannibal Hanschke)

"Il existe maintenant de bonnes preuves expérimentales que les stimuli rouges sont perçus comme dominants, et qu’ils causent des effets négatifs sur la performance de ceux qui les voient" explique Robert Barton, anthropologues évolutionnistes de l’Université Durham au Royaume-Uni. "Il est plausible que porter du rouge rend les individus plus confiants, bien que cela n’ait pas encore été testé".

Le problème, c'est que ces études ont été contredite par une autre étude, commanditée en 2014. Cette dernière comportait un panel de participants bien plus larges que celle de Colombie britannique (263 contre 69). En analysant les données, les chercheurs ont découvert que l'effet de la couleur disparaissait complètement. Ecrans bleus ou rouges, les résultats étaient sensiblement les mêmes. Impossible donc de tirer de réelles conclusions.

<--pagebreak-->Et nombre de psychologues se montrent en particulièrement sceptiques concernant les thérapies relatives aux couleurs. Les associations mentales des préférences chromatiques changent d'ailleurs selon les cultures

Tout cela n'empêche pas certains pays de mener des expériences impliquant les couleurs. La Suisse ou encore l'Autriche utilisent des prisons peintes en roses. Certaines études auraient en effet démontré que le rose, couleur associée à la féminité et à la douceur par excellence, contribueraient à faire baisser l'agressivité des détenus. Mais là-aussi, rebelote, d'autres études ont démonté cette vérité, souligne La Tribune de Genève. "Nous n'avons constaté pratiquement aucun effet dû aux cellules roses", souligne le directeur du Centre suisse de formation pour le personnel pénitentiaire. "Si une influence est perceptible, elle n'est que très faible et ne justifie quasiment pas l'effort de repeindre une cellule ".

Les couleurs ne sont donc pas paroles d'évangile, et restent en mouvement perpétuel. Dans nos habitations, nous optons généralement pour le blanc, une couleur assez neutre, qui renvoie à la pureté et l'innocence. Mais qui sait si le gris, triste et morne, ne deviendrait pas symbole de fête dans le futur? Qui vivra,verra.

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