Pierre-Yves Bournazel : "Anne Hidalgo paraît tenir des discours différents selon ses interlocuteurs"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
"Anne Hidalgo paraît tenir des discours différents selon ses interlocuteurs".
"Anne Hidalgo paraît tenir des discours différents selon ses interlocuteurs".
©Reuters

Courtisane

Liens étroits avec le Qatar, défense de la 14e "Nuit du Ramadan" et aujourd'hui "Tel-Aviv sur Seine" dans le cadre de Paris plages : les opérations de communication de la mairie de Paris ne doivent rien au hasard.

Pierre-Yves Bournazel

Pierre-Yves Bournazel

Pierre-Yves Bournazel est conseiller de Paris, conseiller régional et secrétaire national de l’UMP chargé des grandes métropoles.

Voir la bio »

Atlantico : Ville balnéaire bénéficiant d'une politique culturelle importante, Tel-Aviv est mise à l'honneur dans le cadre de l'organisation de Paris-Plages. Cela a donné lieu à une polémique virulente. Quel est votre regard sur les récents évènements ?

Pierre-Yves Bournazel : Je n'ai aucun problème et aucun tabou avec l'opération Tel-Aviv-sur-Seine à Paris-Plages. C'est un évènement festif, culturel pour lequel les positions politiques des uns et des autres à l'égard du gouvernement israélien n'ont pas à interférer. Paris-Plage s'ouvre à des métropoles du monde entier et on ne regarde pas à chaque fois la position du gouvernement du pays en question pour savoir si l'on peut se lancer dans l'aventure avec la ville et leurs habitants.  Je dénonce donc très clairement l'attitude politicienne d'un certain nombre d'élus qui n'honorent ni leurs fonctions ni leur mandat en instrumentalisant Tel-Aviv-sur-Seine et en essayant de le politiser à outrance.

Lire aussi : Tel-Aviv sur Seine ou les dangers du communautarisme électoral

Sur les réseaux sociaux notamment on a vu tous les délires et insultes antisémites s'intensifier ces derniers jours, ce qui donne d'ailleurs une très mauvaise image de la France et de Paris.

Je soutiens cet évènement comme je soutiendrais n'importe quelle métropole palestinienne, israélienne, brésilienne, chinoise, russe ou polonaise. Paris doit être la capitale de l'ouverture et de la tolérance.

Le lundi 6 juillet, à la mairie de Paris Anne Hidalgo célébrait la 14e Nuit du Ramadan avec notamment le Recteur de la Grande mosquée, tout en fermant la porte à certains journalistes(ici). Son soutien au Qatar n'est plus un secret, ce pays qui, d'après elle, "promeut le football féminin et lutte contre l’homophobie". Quelle est la stratégie du maire de Paris à travers de telles actions ?

De manière générale la maire de Paris doit écouter, parler à tout le monde et puis incarner les valeurs de la capitale française. C'est à elle de juger ce qui bon ou non pour Paris. Ce que je regrette avec Anne Hidalgo c'est  son manque de vision notamment sur les sujets touchant Paris, qu'ils soient internationaux ou européens. Elle semble segmenter les sujets comme si elle voulait donner satisfaction à chacune et chacun que ce soit à l'égard des communautés, les liens avec les pays étrangers… Elle paraît tenir des discours différents selon ses interlocuteurs. Or, la maire de Paris a vocation à avoir le même discours avec tous ses partenaires. En partialisant son discours et en l'adaptant à la personne à qui elle s'adresse, Anne Hidalgo affaiblit la voix de Paris. Si à court terme elle peut en tirer des bénéfices, à moyen et long terme elle sera perdante.

Ce genre d'attitudes peut amener des contradictions. La voix de Paris est essentielle. Un défi se pose aux politiques sur le plan local et aussi national. Il faut renouveler la manière de faire de la politique, renouveler les méthodes, et cela passe par plus de sincérité et d'authenticité dans l'expression public. La capacité à porter le même discours, à avoir une cohérence dans le discours sont aussi impératifs.

Concernant la célébration du Ramadan, je n'ai pas d'objection à ce qu'un élu de la République participe aux festivités, mais c'est davantage à cet élu d'aller sur place rencontrer la communauté musulmane ! Et c'est la même chose qu'il s'agisse de Pessah pour les juifs, ou de fêtes chrétiennes. Un dialogue avec les responsables religieux est important, la personnalité politique se déplace, et la maison commune de la République doit garder une forme de neutralité afin d'arriver à un équilibre sans nier les religions.  

Dans quelle mesure la politique française, dans une dimension électorale, tend-elle à se polariser autour de différentes communautés ?

 Il faut respecter toutes les communautés, échanger, dialoguer, mais il est important de dire à chacun que quel que soit les convictions religieuses, politiques, philosophiques, les origines, la condition sociale ou l'âge que la communauté nationale c'est-à-dire la République est au-dessus et domine ce qui nous définit. Quand on veut vivre ensemble, un effort est donc indispensable. Les politiques doivent mener l'exemple sur ce sujet.

Récemment, la mairie de Chalon a décidé de supprimer le repas sans porc dans les cantines scolaires de la ville. A droite, la position à adopter divise. En cherchant à prendre ainsi le contre-pied de certaines positions communautaristes en France, le Parti républicain ne bascule-t-il pas dans une réaction aussi caricaturale que ce qu'il prétend dénoncer ?

Ces débats transcendent les clivages politiques et sont légitimes. A gauche comme à droite les positions peuvent être très variées. J'essaye de ne pas être dogmatique mais concret, grâce à mon rôle sur le terrain notamment dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Quand je vois des familles qui ne scolarisent plus leurs enfants dans le public pour ces raisons, il s'agit d'un échec de la République. Il faut un repas de substitution qui ne doit pas être communautaire ou religieux. Ce repas, véritable équilibre républicain, permet à chacun d'avoir une alternative. Que l'on soit un enfant agnostique, juif, musulman, athée, chrétien… On doit pouvoir manger à la cantine de la République française. Je considère qu'il apparait légitime qu'un repas de substitution soit proposé à la cantine, à condition qu'il ne soit pas religieux évidemment. Les parents doivent accepter qu'à l'école aussi on fait un effort. C'est l'école du partage où l'on vit tous ensemble quelle que soit notre communauté religieuse. Menu de substitution oui, repas religieux non. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !