Manger épicé pour garder la forme : les agents chimiques contenus dans les épices sont bons pour votre santé<!-- --> | Atlantico.fr
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Les agents chimiques contenus dans les épices sont bons pour votre santé.
Les agents chimiques contenus dans les épices sont bons pour votre santé.
©Reuters

Un peu de piquant

Le piment aide à lutter contre le cancer ou l'obésité. Les molécules contenues dans les épices présentent des effets médicaux avérés ou soupçonnés (c'est selon l'épice) et pourraient, à terme, faire l'objet de prescriptions.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : Une étude menée par des chercheurs des universités d'Oxford, Harvard et de l'académie chinoise des sciences médicales revient sur les vertus du piment et de la nourriture épicée. D'après les conclusions de elle-ci, manger épicé pourrait, entre autres, prévenir des risques comme le cancer. Comment l'expliquer ?

Arnaud Cocaul : Il est important de rappeler une évidence : les épices sont des végétaux. Dans la composition même de ces végétaux, on trouve des molécules qui présentent des composés phénoliques. Ceux-ci ont des propriétés antioxydants reconnues et réputées. La nature même de l'épice, sa propriété intrinsèque, est profondément bénéfique pour la santé. Bien entendu, tous les végétaux ne permettent pas la lutte contre le cancer (par exemple).

Tout est question de composition : on sait aujourd'hui que telle ou telle épice présente différentes vertus. Le curcuma agit sur des pathologies comme le cancer quand la cannelle peut être utilisée pour combattre des troubles digestifs (diarrhées, gastro-entérites...). L'ail, sans être une épice à proprement parler, dispose d'intérêts cardiovasculaires avérés et la capsaïcine contenue dans le piment permet, entre autre, de réguler l'alimentation et donc de lutter contre l'obésité. La cuisine thaïlandaise fait la part belle aux piments afin de créer un effet gustatif à part entière. Dès lors qu'on mange, la substance dans le piment brûle et irrite la bouche. Cette substance, la capsaïcine, augmente la thermogénèse quand elle est ingérée. Par conséquent, la dépense énergétique du métabolisme est plus importante et permet de mieux gérer le phénomène de satiété.

Si la capsaïcine présente de telles vertus, faut-il en consommer d'avantage ? Dans quelle mesure doit-on revoir nos habitudes alimentaires pour intégrer ce "nouveau" composant ?

On observe aujourd'hui des phénomènes de fusion, dans le domaine de la cuisine. En Asie, l'Orient rencontre l'Occident. A mon sens, des principes comme celui de la world food sont loin d'être dénués de sens : introduire des éléments culturellement différents dans les différentes cuisines ne peut être que bénéfique. Privilégier les épices à un surplus de sel (il ne s'agit pas de l'abandonner mais bien de diminuer la consommation qui en est faite) est intéressant et pas uniquement parce que la teneur en sel de notre alimentation est catastrophique.

Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) devrait d'ailleurs mettre bien plus avant les herbes aromatiques, les aromates et les épices. Ces produits représentent également un intérêt économique, de par leur faible coût. Au-delà de ce seul aspect, les épices présentent un intérêt évident en matière de santé, prouvé et reconnu pour certaines épices, fortement suspectées pour les autres. Régulièrement, de nouvelles découvertes sont faites concernant les effets des épices. On en sait un peu plus sur les effets bénéfiques du gingembre qui fait l'objet de différentes études pour d'éventuelles vertus anti-cancer. C'est pourquoi nous sommes, je pense, à l'aube de nouvelles recommandations médicales.

L'excès est rarement bénéfique. Manger trop épicé (ou trop souvent) peut-il comporter des risques ?

Il n'existe pas de contre-indication particulière quant à manger épicé. Les bénéfices l'emportent largement. Pour revenir sur le gingembre, par exemple, il peut être intéressant de souligner sa capacité à protéger la muqueuse gastrique. D'autres épices influent sur le cholestérol, certaines présentent des effets anti-inflammatoires. D'autres encore, comme la capsaïcine ou la cannelle, favorisent la lutte contre l'obésité et le surpoids. Leur consommation (ou non-consommation) ne relève pas véritablement d'un potentiel trouble de santé associé, mais bien d'une question de culture et de goût.

La seule situation qui peut poser problème à proprement parler, c'est l'allergie. Ce danger n'est donc pas spécialement lié à l'utilisation d'épices mais bien à l'individu qui souffre de l'allergie. Il est difficile de faire la comparaison avec le sel qui présente pourtant des caractéristiques similaires : il a aussi pour fonction de rehausser le goût des aliments. Si une surconsommation de sel nuit gravement à la santé cardio-vasculaire, celui-ci est primordial dans notre alimentation. Ce n'est pas le cas des épices : on peut tout à fait vivre sans, quand bien même il serait dommage de s'en priver.

L'étude a été menée sur une population majoritairement asiatique. Les habitudes alimentaires divergeant entre l'Occident et l'Orient, dans quelle mesure les résultats sont-ils applicables à une population européenne ?

Bien entendu. Dans la mesure où l'alimentation est désormais mondialisée, c'est inévitable. Le mélange des cultures, les importations et les exportations de produits font qu'il est impensable que ce qui touche l'un ne touche pas l'autre. Le problème vient du fait que notre environnement alimentaire devient relativement néfaste : la nourriture industrialisée à outrance n'a plus grand-chose de local et on assiste à un appauvrissement qualitatif réel. Plusieurs nutriments sont amoindris, quand ils ne sont pas manquant. C'est également le cas pour les micronutriments, les minéraux… C'est pour cela qu'il y a des adjonctions en vitamine dans les céréales, par exemple. Or, en introduisant des épices – étrangères à notre culture – on parviendrait tout à fait à rééquilibrer notre alimentation. Il me semble important de mettre en avant, au travers de campagnes d'information par exemple, les bienfaits des épices et de sensibiliser le public comme les médecins. A titre personnel et en tant que docteur, il m'arrive de conseiller des épices à des patients, mais plus d'un médecin ne connait pas assez les épices pour les recommander.

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