Quelle que soit la forme, les références de Marine Le Pen restent les mêmes que celles de son père<!-- --> | Atlantico.fr
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Historiquement, les candidates frontistes font des scores plus élevés que les candidats.
Historiquement, les candidates frontistes font des scores plus élevés que les candidats.
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Héritière

Marine Le Pen révèle ce samedi les grandes lignes de son projet présidentiel. Selon Caroline Fourest, la candidate du FN sait parfaitement doser le "médiatiquement présentable" et la fidélité à des ancrages idéologiques traditionnels de l'extrême droite

Caroline Fourest

Caroline Fourest

Caroline Fourest est essayiste et journaliste. Rédactrice en chef de la revue ProChoix, elle est également chroniqueuse au Monde et à France Culture. Féministe, elle est aussi engagée en faveur de la laïcité et des droits de l'homme.

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Atlantico : Marine Le Pen présente samedi le programme présidentiel du Front national. Au-delà d'un changement de personne entre Jean-Marie et Marine Le Pen, qu'est-ce qui a changé sur le fond des idées ?

Caroline Fourest : Marine Le Pen, c’est certain, n’est pas née la même année que Jean-Marie Le Pen. Si Jean-Marie Le Pen était né comme elle en 1968, et s’il avait été une femme, il aurait fait très exactement ce qu’est en train de faire Marine Le Pen, qui s’inspire en tout point de son modèle – y compris de s’adapter sur le contexte économique.

On l’a oublié, mais Jean-Marie Le Pen a changé plusieurs fois de posture durant sa carrière. Il a pu paraître très sioniste et vouloir à tout prix rencontrer les associations juives américaines. Puis changer après l’affaire du « détail ». Il a été très libéral et admirateur de Reagan dans les années 1980. Puis, quand le mur de Berlin et que l’ennemi prioritaire n’était plus le communisme et que la droite était au pouvoir, il a cherché à séduire autant les patrons que les ouvriers. Avec la crise économique de 2008, il est complètement normal que Marine marche dans ses pas et qu’elle ait un discours beaucoup plus étatique.

Le fait que Marine Le Pen soit une femme rend-elle ce leader politique plus doux que la figure de son père ?

Oui, au regard de l’extérieur ça l’a été. En tout cas dans la façon de communiquer. Au début, ça l’a beaucoup aidée. Historiquement, à chaque fois que le Front national présente des candidates, elles font des scores plus élevés que les candidats. Le 21 avril 2002, on estime que si les hommes seulement avaient voté, Jean-Marie Le Pen aurait été beaucoup plus haut. Le vote des femmes a fait barrage ! Or on voit que Marine Le Pen est en train de franchir cet obstacle. Notamment aux dernières élections cantonales où les électeurs du FN étaient aussi bien des hommes que des femmes. De plus, le contexte est extrêmement porteur pour les idées nationalistes et il l’aidera à passer d’autres obstacles.

L’entourage de Marine Le Pen n’est pas celui de son père. En résumant, on est passé de l’ancien combattant à Alain Soral, même si ce dernier a quitté le parti. Les influences changent ?

Oui, en apparence. Mais exactement comme son père, Marine Le Pen fonctionne sur plusieurs cercles : l’appareil de campagne officiel, les membres du parti qui n’ont pas d’autre qualité que d’être 100% dévoués ou que l’on peut mettre en avant car ils sont plus présentables. Et puis, il y a les conseillers plus discrets, issus d’extrêmes beaucoup moins « glorieux ». Et là, en l’occurrence, on retrouve les mêmes influences qu’auprès de son père – même si ça n’est pas les mêmes proportions.

Par exemple, pendant des années, c’est François Duprat, disparu dans un mystérieux accident de voiture, qui a conseillé Jean-Marie Le Pen et représentait la tendance nationaliste révolutionnaire, proche du régime syrien. Aujourd’hui, c’est l’agence de communication de Frédéric Chatillon qui a pris la place de François Duprat et conseille Marine Le Pen.  Elle est aussi entourée de personnes concernées par le phénomène de l’immigration et par l’islam. Elle estime qu’aujourd’hui c’est certainement l’axe de campagne le plus porteur.

Par rapport à son père, Marine semble avoir une communication plus policée...

Elle met moins les pieds dans le plat. Mais rappelez-vous sa charge contre Frédéric Mitterrand quand elle a confondu homosexualité avec des jeunes hommes et pédophilie… Elle retient ses énervements, mais parfois ils lui échappent. Comme avec Jean-François Copé, contre lequel est a lancé une tirade très violente contre les énarques… pour nous annoncer quelques semaines après qu’elle était très fière d’avoir un énarque dans son staff de campagne.

Elle a envie de faire le plus haut score aux présidentielles. Et elle a retenu les leçons de certains dérapages qui ont coûté des points à Jean-Marie Le Pen. Elle sait quels dérapages contrôlés sont nécessaires pour exister et se méfier des autres. Mais Marine Le Pen reste quelqu’un, d’après les témoignages de ceux qui la connaissent, qui a le même tempérament que son père. Vraiment.

A voir : "Marine Le Pen, l'héritière" (diffusion le 15 décembre sur France 2 à 23h10), réalisé par Caroline Fourest et Fiammetta Venner. 

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