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Ségolène Royal ment-elle délibérément aux élus de son Conseil régional ?
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Affaires locales

En décidant de ne pas respecter son engagement de financer une partie de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, Ségolène Royal a provoqué la suppression par l'Etat de subventions prévues pour sa région. Ce qu'elle aurait bien aimé cacher aux élus de son Conseil...

Vincent You

Vincent You

Vincent You est directeur d’hôpital en Charente. Conseiller Régional de Poitou-Charentes entre 2010 et 2016, il est, depuis avril 2014, Adjoint au Maire d'Angoulême chargé des finances et de la commande publique et, depuis décembre 2015, vice-président de GrandAngoulême chargé de l'urbanisme et du PLUI.

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Rappel des faits : Dans le cadre de la construction de la ligne LGV Sud-Europe Atlantique, qui intègre notamment l’axe Tours-Bordeaux, les collectivités traversées contribuent aux travaux dans un cadre conventionnel avec l’État. Le protocole financier est signé en juillet 2009. Pour la région Poitou-Charentes, largement concernée par le tronçon évoqué, l’addition est de 103 millions d’euros. Ils sont donc inscrits au budget.

Cependant, en 2011, Mme Royal change d’avis. Elle estime que sa région n’a pas à financer ce type d’infrastructures et qu’elle n’acceptera pas d’autre participation qu’une avance remboursable de 95 millions d’euros. D’une subvention on passerait en fait à une sorte de prêt… comme si l’État pouvait accepter cette brèche dans un cadre conventionnel toujours âpre en discussion avec les collectivités concernées !

Le projet va-t-il capoter ? Après quelques mois d’attente (et donc après un surcoût global lié aux modifications des propositions bancaires), l’État prend la décision de lancer l’opération et de prendre à sa charge le montant de la participation attendue du Conseil Régional.

Dans son courrier du 20 mai 2011, le Premier ministre prévient cependant que l’État tirera les conséquences de ce choix et diminuera sa participation sur d’autres projets régionaux…

Depuis lors, silence radio… jusqu’à ce que  je ne rende public le 14 novembre un courrier du Préfet de région daté du 27 septembre 2011… Ce dernier précise trois conséquences : la fin de délégation des crédits de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), le retrait de l’État d’un projet de modernisation d’une route dans les Deux-Sèvres et le refus de l’État de financer la gare de Niort.

Un mois et demi de silence sur des décisions majeures. Sans qu’un mot ou qu’une note ne soit communiqué aux élus !

Mercredi matin, j’ai fait connaître le double jeu de Mme Royal en diffusant la copie du courrier du Préfet… Depuis, c’est l’escalade ! Prise la main dans le sac, feu la candidate aux primaires se positionne dans l’attaque. « Le Préfet va faire de mon petit jeu un jeu à somme nulle (103 millions ne plus ici, 103 millions en moins là) ? Je menace de porter l’affaire au Conseil d’Etat ! »

Plus gênant, entre temps, les élus ont reçu les documents de la session régionale du 12 décembre… une lecture attentive du « Projet de Budget 2012 » démontre que les choix du Préfet de région sont connus, mais rien ne les explicite. Sans la transparence rendue possible par la divulgation du courrier, les élus d’un Conseil régional auraient donc été invités à débattre d’orientation biaisée et de document sans aucune sincérité.

Début 2011, Mme Royal était en course pour les primaires. La région était censée être son laboratoire. Elle utilisait chaque sujet local pour sa communication personnelle. La LGV sera son jouet pour montrer qu’elle ne se laisse pas faire, qu’elle résiste, elle ! Quelques mois après, avec le résultat que l’on sait, la région n’a plus de capitaine ; les élus reçoivent des documents qui leur cachent la réalité. Celle qui prônait la démocratie participative poursuit sa chute en transformant son conseil régional en un théâtre d’ombres où elle animera des débats pendant des heures sans jamais dire la vérité sur les conséquences de ces choix !

J'appelle ceux des élus régionaux de la majorité régionale qui gardent le sens de la démocratie à exiger de leur présidente une mise au point rapide et sans faux-fuyant. Il faudra qu'ils nous disent s'ils ont été informés de cette lettre et s'ils sont complices de ces mensonges ou s'ils sont les cocus de cette histoire ridicule. J'espère que les électeurs de Melle, de La Rochelle ou d'ailleurs ne se priveront pas de montrer qu'ils ne sont plus dupes.

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