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Violence : les filles, ces garçons (presque) comme les autres...
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Garçons manqués

Une étude de l'Observatoire national de la délinquance montre une augmentation de 34% sur les cinq dernières années du nombre de filles mises en cause pour des actes de délinquance.

Christophe Soullez

Christophe Soullez

Christophe Soullez est criminologue et dirige le département de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). Il est l'auteur de "Histoires criminelles de la France" chez Odile Jacob, 2012
et de "La criminologie pour les nuls" chez First éditions, 2012. 

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Atlantico : Que retenir des dernières statistiques de l’Observatoire national de la délinquance, qui indiquent une progression notable des actes de délinquance commis par des filles ?

Christophe Soullez : La dernière étude porte sur les caractéristiques des auteurs de certaines infractions. Elle a été réalisée grâce aux statistiques officiels des services de police et de gendarmerie croisées avec une enquête menée auprès de victimes. Le premier enseignement important concerne les vols violents. Selon les chiffres des services de police et de gendarmerie et la description faite par les victimes dans l’ « enquête de victimation », 50% de ces vols auraient pour auteur un mineur. Ce qui est inédit, c’est de parler d’auteurs interpelés. En effet, seule une minorité est touchée puisque le taux d’élucidation des vols violents est assez faible. Evoquer la délinquance des mineurs sur vols violents revient donc à ne considérer qu’une petite partie des auteurs interpelés.

L’étude pointe notamment une augmentation des filles mineures mises en cause, 34 % en cinq ans…

Ici, on se base en revanche uniquement sur les statistiques policières. Cette augmentation importante concerne certaines infractions en particulier, dont les vols sans violence ou vols violents sans armes.  Quant à l’aspect violence hors vol, l’augmentation est assez importante concernant les coups et blessures volontaires à l’encontre de femmes sur la voie publique. Il s’agit dans ce cas de violences qui ne sont pas destinées à l’appropriation d’un bien.

Comment interpréter cette importante progression ?

D‘une part, si elles demeurent encore très marginales au sein de la population des délinquants, les femmes ne sont pas une population hermétique à une certaine banalisation de l’usage de la violence dans le règlement de certains conflits et contentieux. Ceux-là mêmes qui pouvaient auparavant être réglés par la parole, l’échange… .

D’autre part, elles sont également touchées par le même phénomène  que les garçons, à savoir une tendance facile à s’énerver et à tout régler par la violence.

Enfin, il existe un phénomène d’imitation des garçons. En matière de délinquance c’est un phénomène courant. C’est aussi lié au fait que les filles veulent s’imposer par rapport aux garçons, et dès lors elles vont utiliser la violence dans certains quartiers.

Peut-on caricaturer en allant jusqu’à conclure que les filles se "garçonnisent"  ?

Il faut relativiser, mais pour certaines filles c’est effectivement le cas. Une partie d’entre elles se trouve en effet confrontée à un phénomène qui consiste à emprunter aux garçons leurs codes sociaux, la vie en bande… Néanmoins, il faut nuancer en précisant que seule une petite minorité est touchée par cette « féminisation » de la délinquance. Même si l’on note depuis cinq ans une présence féminine en progression constante,la criminalité demeure encore un phénomène masculin et juvénile. 

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