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Le discours de la réforme de François Hollande ou comment agir pour que rien ne bouge
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Editorial

D'un côté, le Président va à la rencontre des Français pour les convaincre que la reprise est là, que le chômage va baisser grâce aux réformes qu’il a commencé de mettre en route et qu’il va continuer, voire accélérer d’ici la fin du quinquennat, de l'autre le Parlement ne cesse de légiférer, mais les résultats se font attendre.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La réforme. François Hollande n’a que ce mot à la bouche. Il sort à tout moment de l’Elysée pour aller à la rencontre des Français afin de les convaincre que la reprise est là, que le chômage va baisser grâce aux réformes qu’il a commencé de mettre en route et qu’il va continuer, voire accélérer d’ici la fin du quinquennat. Il est vrai que la machine administrative tourne à plein régime. Le Parlement ne cesse de légiférer. Il produit des textes de plus en plus longs, complexes, sous le poids des amendements multiples qui en rendent l’application plus délicate. A peine nommé, chaque ministre entend avoir sa loi, symbole de sa notoriété et susceptible  de favoriser sa pérennité au sein du gouvernement. Les lois s’empilent les unes sur les autres, constituant un véritable casse-tête pour tous ceux qui seront appelés à les mettre en œuvre, mais en y prenant le temps, sachant que les décrets d’application se feront parfois attendre et qu’un certain nombre de dispositions prévues ne verront jamais le jour car elles seront peut-être réformées à leur tour.

Les trois grandes lois de référence qui viennent d’être votées, concernant la transition énergétique, la modernisation du dialogue social et la réforme de l’économie constituent une sorte de fourre-tout, pavé de bonnes intentions, mais aux contours flous où l’on  trouve souvent des dispositions contradictoires,  sources de conflits futurs. Ainsi, sous prétexte d’améliorer le dialogue social, on va créer dans les entreprises des administrateurs salariés de plus en plus nombreux, des commissions régionales du dialogue social dans  les très petites entreprises, qui seront "des lieux de débat", représentant parfaitement  la philosophie du pouvoir actuel où chacun doit pouvoir donner son avis, où il faut confronter des opinions, qui se neutralisent dans une gigantesque palabre débouchant sur l’inaction.

Le danger est réel pour l’avenir. Dans une interview aux Echos, le socialiste Jean-Marie Le Guen avertit pourtant que, si l’on ne  bouge pas, la France va rester dans une économie poussive, pour ne pas dire non compétitive avec la persistance de statuts protégés et à côté une zone grise, où dominera le non droit, le précaire. "La gauche, écrit-il, n’a aucun intérêt à être sur une position statique et attentiste".

En fait et c’est tout le drame du pouvoir : François Hollande ne sait pas où il veut aller, comme le souligne Bruno Lemaire, l’ancien ministre de l’agriculture. Il a donné ordre à tous ses  ministres de lui fournir des idées, faute d’en avoir par lui-même. La compilation  des rapports et des enquêtes en  tous genres élimine finalement les solutions car on  refuse qu’il  y ait des perdants et l’on  ne  veut pas remettre en cause les privilèges existants. Et ce n’est pas dans la  modestie de la reprise économique que l’on  peut trouver suffisamment de grain à moudre pour satisfaire tout le monde. Conséquence : au-delà des discours volontaristes, c’est l’immobilisme qui prévaut. Seuls ceux qui ont un pouvoir de nuisance sont écoutés comme on l’a vu avec les chauffeurs de taxis et aujourd’hui avec le monde  agricole. Le gouvernement agit alors comme un  démineur, qui intervient lorsque les premières bombes commencent à éclater, en déployant  toujours le même  scénario : des mesures à court terme pour soulager la détresse qui se fait jour, sans aborder les problèmes de fond. En s’arcboutant sur la défensive, le gouvernement n’évitera pas la montée des périls au fur et à mesure que l’on approche d’une période électorale.

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