PS/EELV : un accord qui sème la zizanie...<!-- --> | Atlantico.fr
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Accord PS/EELV : "Cécile Duflot s’est empressée de confirmer son arrivée dans la capitale, dans une circonscription sur mesure, théoriquement réservée à une femme."
Accord PS/EELV : "Cécile Duflot s’est empressée de confirmer son arrivée dans la capitale, dans une circonscription sur mesure, théoriquement réservée à une femme."
©Reuters

Accords et désaccords

Au-delà de la question du nucléaire, l'accord de ce mardi soir entre socialistes et écologistes a permis de clarifier les circonscriptions réservées aux Verts pour les législatives. Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo ont dû manger leur chapeau : Cécile Duflot a eu droit à une circonscription parisienne.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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S’il fallait illustrer le vieil adage « l’union est un combat », les négociations qui ont abouti à la signature du double accord entre le PS et les écologistes d’EELV seraient un exemple idéal. Après des semaines de négociations, de déclarations fracassantes (de la part des Verts), voire de mises en demeure, Martine Aubry et Cécile Duflot  ont signé l’accord en deux parties que le PS a approuvé par 33 contre cinq au cours d’un Bureau National  pour le moins animé, et que le Conseil fédéral d’EELV doit entériner à son tour le week-end prochain. Cet accord en deux parties, c’est un peu pile et face : tout d’abord le projet, un texte d’une vingtaine de pages. Encore faudra-t-il que les deux partis tombent d'accord sur la question du MOX qui a semé un trouble supplémentaire après la signature du texte. Il y a ensuite un accord électoral qui prévoit la réservation d’une soixantaine de circonscriptions, dont une trentaine gagnables pour les Verts aux législatives. D’un côté, les grands principes, (un monde plus solidaire, la transition énergétique, l’amélioration de la vie quotidienne des Français, la jeunesse, une République nouvelle), de l’autre, la cuisine électorale.

C’est cette partie qui a fait sortir de ses gonds Gérard Collomb, le maire de Lyon, et provoqué la colère de Bertrand Delanoë et de sa première adjointe Anne Hidalgo, qui ont voté contre. Car pour les deux maires, cela se traduit par des circonscriptions réservées aux Verts dans leurs villes. Et à Paris, ce ne sera pas pour n’importe qui, puisque la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot s’est empressée de confirmer son arrivée dans la capitale, dans une circonscription sur mesure, théoriquement réservée à une femme. Seul problème : c’est déjà une femme (PS) qui  y est élue et qui devrait s’effacer . Un comble pour un parti qui se réclame de la parité! Et si Bertrand Delanoë est vent debout contre les parachutages, c’est parce que la secrétaire nationale des Verts entend aussi se lancer à l’assaut de l’Hôtel de Ville en 2014, alors qu’il a clairement adoubé sa première adjointe Anne Hidalgo pour lui succéder .

 Pour certains observateurs l’accord politique PS-Verts  est un « accord a minima ». Pour Martine Aubry, ce n’est pas un accord de compromis, c'est un accord de conviction, un accord de mandature, de gouvernement, et un accord de société ». Le texte fixe les orientations communes des deux partis qui veulent s’unir pour « dominer la finance et réorienter l’Europe pour un monde plus solidaire, imaginer un nouveau modèle de développement économique, social et écologique », car, martèle la première secrétaire, « l’espoir de la France, c’est une majorité de gauche et des Ecologistes ». Quant au sujet qui avait cristallisé toute l’attention ces derniers jours, pour les Verts, à savoir l’EPR de Flamanville, il n’est pas tranché, chacun restant sur ses positions, et le constat de divergences de vues est acté sur le papier. Mais, pour avoir leur propre groupe dans la future Assemblée Nationale, les dirigeants d’EELV ont su  se montrer pragmatiques et fermer les yeux sur un problème qui, avec le projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, constituait hier encore un préalable à tout accord il y a quelques jours. Ce qui fait dire à  Eva Joly la candidate écologiste à la présidentielle  qu’ « on n’a pas essayé d'habiller un désaccord en accord ». En d’autres termes, il reviendra à François Hollande, s’il est élu, de trancher une fois que toutes les données ( notamment le  coût éventuel des travaux de renforcement de la sécurité ) seront sur la table.

De toute façon, « le nucléaire, c’est un problème de Président de la République », a tranché Martine Aubry, qui ajoute qu’il vaut mieux avoir des centrales neuves qu’un vieux parc rénové, puisqu’à l’avenir on ne devrait pas en construire de nouvelles. Dans la transition énergétique qu’il propose, François Hollande refuse l’arrêt des travaux de Flamanville, mais préconise de faire passer la part du nucléaire de 75 à 50% d’ici 2025. Ceci implique l’arrêt progressif  de 24 réacteurs, et leur substitution par des énergies renouvelables. On lit déjà les réactions indignées sur le coût de ces fermetures, on entend déjà les cris d’orfraie sur les « tripatouillages »  qui auraient présidé à ces accords électoraux. C’est vrai qu’on avait un peu oublié les laborieuses négociations des socialistes avec leurs partenaires, communistes notamment, pour obtenir ce que Georges Marchais appelait « un bon accord ». Et il faudrait être bien naïf pour croire qu’à l’UMP, les négociations en vue des investitures se déroulent dans une atmosphère de joyeuse camaraderie. A droite, c’est le grand chef, autrement dit le Président de la République, qui tranche. Cela n’empêche pas les candidatures dissidentes. Combien y en aura-t-il à gauche ? Tout va dépendre de l’issue de la présidentielle, peu en cas de François Hollande, beaucoup si le candidat du PS venait à perdre.

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