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Le coup de cœur de la semaine : Marignan, bien plus qu'une date
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"1515 Marignan", un grand livre, qui donne un autre regard sur un tournant de notre histoire.

Thomas Boespflug pour Culture-Tops

Thomas Boespflug est chroniqueur pour le site Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 
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L'auteur

Ancien élève de l’École nationale des chartes, Amable Sablon du Corail est historien, conservateur en chef du patrimoine aux Archives de France. Il est également l’auteur de Louis XI ou le joueur inquiet (2011).

Thème

- « 1515 Marignan », qui n’a pas retenu cette fameuse bataille de l’histoire de France ? Une notoriété due à cette date mnémotechnique. Mais Marignan n’est pas qu’une simple date. Sous un titre au premier abord anodin, cet ouvrage cache une mine d’informations extrêmement intéressantes et un regard neuf sur la campagne de Marignan.

- Au delà du fameux passage entre un monde ancien et un monde nouveau (du Moyen Âge à l’époque moderne), l’auteur analyse deux sociétés et deux armées: celle du royaume de France, alors la meilleure de son temps avec son artillerie, sa cavalerie, ses mercenaires et la fortune mise à sa disposition, face à la Confédération Suisse et son armée formée d’hommes à pied venant des cantons helvétiques, et bien moins pourvue financièrement et numériquement que les Français. L’armée de François Ier compte quelques 65 000 hommes; celle des cantons, 25 000 guerriers. Pour l’époque, ces effectifs sont colossaux.

- À quelques kilomètres de Milan, ça n’est pas seulement François Ier, roi chevalier, combattant en personne à la tête de son armée, qui occupe le devant de la scène, mais les mercenaires germaniques qu’il paye : les terribles lansquenets de Souabe et de Gueldre. C’est d’ailleurs le fantastique antagonisme opposant ces hommes à leurs lointains cousins suisses qui fait – en partie – de cette bataille une terrible hécatombe. Marignan fut « l’une des mêlées les plus acharnées et les plus épiques de l’histoire. » Les Suisses perdent 1% de leur population totale dans cette boucherie ; à l’échelle de la Première Guerre mondiale, c’est Verdun plus la Somme pour les Helvètes, et cela en deux jours de combat. Les Français, quant à eux, laissent 10% de leurs effectifs sur le champ de bataille; la moitié sont des lansquenets.

- 1515 Marignan c’est le plus gros déplacement d’artillerie sur un théâtre d’opération de l’aube des temps modernes, c’est la mêlée des peuples européens (Gascons, Basques, Vénitiens, Grecs, Alsaciens …), c’est un roi de France qui vient d’avoir 21 ans à la veille d’une bataille qui fera de lui l’un des rois les plus populaires de l’histoire de France et qui mettra fin à deux siècles d’invincibilité suisse. 1515, c’est bien plus qu’une date…

Points forts

• Cette mise à jour de la campagne de Marignan met en lumière plusieurs points trop souvent restés dans l’ombre, et non des moindres : rôle des lansquenets dans l’armée française, armée suisse à deux doigt de remporter la victoire, description de deux sociétés différentes, importance de l’infanterie dans le sort de la bataille, conséquences et ampleur de la bataille d’un point de vue humain, caractères des deux armées (mœurs, mentalités, composition), l’état psychologique avant la mêlée, etc

• L’objectif initial du livre, de faire la part belle aux deux adversaires sans donner plus d’importance à l’un qu'à l’autre, est amplement rempli ! L’auteur réussit (avec succès) à éveiller l’intérêt du lecteur pour l’histoire de la Suisse, ce qui est un des buts avoués du prologue.

• Ce livre renferme une foule de connaissances techniques sur l’époque, tant sur les hommes et les armes que sur les tactiques. Par exemple, on y apprend que les batailles ne sont pas rangées, que courses et escarmouches sont de coutume, qu’un quart de l’armée de François Ier seulement parle français, etc

• Plus que l’histoire d’une bataille, c’est véritablement le tableau d’une partie de l’Europe occidentale et de plusieurs peuples qui se dessine avec cette étude, d’une communauté de destin liée par des échanges conflictuels ou contractuels.

• L’écriture fluide et claire de l’auteur rendrait presque simple la compréhension du contexte diplomatique (très) compliqué des guerres d’Italie.

• D’intelligents sous-titres récapitulatifs composent les chapitres et permettent de ne pas perdre le fil.

• Les chiffres fournis par l’auteur et notamment le comparatif fait avec des événements plus récents dans l’histoire militaire contemporaine.

• Les cartes en début de chapitres.

Points faibles

• Vraiment aucun ; c’est accessible et concis !

En deux mots...

Un excellent livre d’histoire militaire qui s’inscrit comme une nouvelle référence sur la bataille de Marignan. Accessible à un large public, complet, agréable à lire, presque simple serait-on tenté de dire, s’il n’y avait toutes ces sources, toute cette érudition, savamment organisées et travaillées par l’auteur. Passionnant !

Une phrase

Côté français : « François Ier prend lui-même la tête de 200 lances et charge les flancs des Suisses. »

Côté suisse : « Ils étaient venus pour écraser leur ennemi ou mourir […]. Le secret de la réussite suisse réside dans leur système militaire, certes peu élaboré, mais qui reproduit à la guerre les solidarités du temps de paix. »

Recommandation

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Un livre passionnant sur un événement charnière de notre histoire.

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Informations

"1515 Marignan"

d'Amable Sablon du Corail

Ed. Tallandier

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