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Mais comment l’Union pour la Méditerranée pourrait avoir survécu aux Printemps arabes
©Reuters

Une question de contexte

Voulue et lancée par Nicolas Sarkozy, l'Union pour la Méditerranée traverse une période difficile. Après avoir été mise sur un coin de table par François Hollande, elle a été de nouveau évoquée par Nicolas Sarkozy, lors de son passage à Tunis.

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui est directeur général du cabinet de communication d'influence Guepard Group.

Il est l'auteur du livre Intelligence Economique et guerres secrètes au Maroc (Editions Koutoubia, Paris).

 

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Atlantico : Comment expliquer que le projet n’ait jamais suscité un véritable élan parmi les pays membres ? Une telle Union a-t-elle un sens politique et économique avec une telle diversité de pays aux agendas extrêmement différents ?

Abdelmalek Alaoui : Ce qui est certain, c’est que la conviction absolue que la Méditerranée a besoin d’un véhicule est partagée par la grande majorité des Etats des deux rives. C’est l’essence même du processus de Barcelone. Toutefois, la composition même de l’UpM – certaines nations parmi le plus riches au monde et d’autres en développement – pose la question de la cohérence de l’Union. Le consensus ne peut donc se construire que sur de grands sujets transversaux et plus difficilement sur un agenda économique commun. Or, l’économie, comme chacun sait, est le moteur le plus efficace pour la convergence et l’intégration régionale. 

Il faut aussi dire que le projet UpM a été relégué au second plan du fait de contraintes conjoncturelles, notamment lors du "printemps arabe ». Il faut ici rappeler que Hosni Moubarak faisait figure de « sponsor » important de l’UpM, ainsi que d’autres leaders autoritaires qui ont été balayés à la faveur des révolutions. Il y’a donc eu une période d’attentisme, le temps que les leaderships se renouvellent.

L’Union pour la Méditerranée (UpM) est-elle toujours active depuis sa création par Nicolas Sarkozy en 2008 ? Quelles sont les missions de cette organisation, et comment ces dernières ont-t-elles évolué depuis sept ans ?

L’UpM dispose d’un secrétariat général basé à Barcelone, qui gère et exécute un certain nombre de missions qui ont nettement évolué depuis la création de l’institution en 2008. D’un projet d’organisation multilatérale visant à créer un nouvel instrument pour la politique de voisinage de l’UE, on est passé à une organisation qui s’articule autour de la « Méditerranée des projets », avec comme centre de gravité les « grandes » questions qui traversent la Méditerranée : la mobilité, l’emploi, le rôle des femmes, le changement climatique ou encore la rénovation urbaine. L’ensemble de ces projets devrait mobiliser, selon le Secrétaire général de l’UpM, le Marocain Fathallah Sijilmassi, près de 5 milliards d’euros. Il est vrai que ces sujets sont moins enclins à faire la « Une » des médias, mais ils sont importants à traiter dans un contexte où l’Europe doit faire face à d’autres prégnances. Il faut aussi rappeler que l’UpM a d’abord dû construire une administration, des procédures, en composant avec les intérêts parfois contradictoires de ses membres, tout cela a pris du temps…

Les critiques de l’ancien président à l’égard de François Hollande accusé de trop délaisser l’UPM sont-elles fondées ?

Oui et non. Dans un premier temps, François Hollande a eu un mouvement de défiance face à ce projet fortement porté et incarné par son prédécesseur. Il était donc en quelque sorte « naturel » qu’il tente de s’en détacher. Or, la France était le principal promoteur du projet, et le bailleur de fonds principal. Si la France se retirait, c’est un instrument de puissance potentiel dont elle se coupait. Dans un second temps, François Hollande s’est impliqué dans le « reformatage » des missions de l’UpM, la voulant plus centrée sur des projets concrets que sur un agenda global qui lui paraissait trop large. 

L’Union pour la Méditerranée peut-elle jouer un rôle actif dans les dossiers sécuritaires et migratoires sur lesquels l’Union européenne semble être sans réponse efficace ? 

Sur les questions migratoires, assurément. Avoir en son sein à la fois les pays émetteurs et récepteurs permet à l’UpM de mettre tout le monde autour de la table et potentiellement de travailler à des solutions pragmatiques pour résoudre des problèmes urgents. Sur la sécurité, je ne pense pas que cette dimension soit tout à fait en phase avec sa mission, bien que l’UpM pourrait intervenir sur la prévention de conflits et la médiation. Ce n’est pas un hasard si le secrétaire général de l’institution, Fathallah Sijilmassi, est un diplomate de carrière…

M. Alaoui, vous êtes marocain, pouvez-vous nous rappeler quelles sont les spécificités de la position marocaine sur une Union pour la Méditerranée ?

Le Maroc a toujours été un acteur très engagé dans tout ce qui pouvait rapprocher les deux rives de la Méditerranée. Faut il ici rappeler que le souverain marocain, Mohammed VI, a consacré son doctorat de droit aux relations entre le Maroc et l’Union Européenne…en 1993, juste après que feu Hassan II ait proposé que le pays intègre la CEE. Sur le plan symbolique, c’est depuis Tanger que Nicolas Sarkozy avait posé l’acte fondateur de l’UpM. Enfin, la doctrine marocaine de projection économique en direction de l’Afrique de l’ouest comporte un  volet très important où le royaume souhaite jouer le rôle de « Hub » pour les investissements du nord vers le sud. A ce titre, l’Union pour la Méditerranée constitue un instrument regardé avec intérêt par Rabat.

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