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"Une vague de haine" : la facture Merkel / Schäuble
©Reuters

Retour de bâton

A force d'adopter une position trop dure sur le dossier grec, le gouvernement allemand semble s'être attiré la colère des opinions publiques européennes, comme le remarque l'intellectuel Jürgen Habermas. Une situation nouvelle qui nuit à la réputation de l'Allemagne sur la scène internationale.

Ulrike Hermann

Ulrike Hermann

Ulrike Hermann est journaliste à la TAZ-Die Tageszeitung.

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Atlantico : La crise grecque ne semble pas vouloir connaître de fin. Dans le même temps, on constate en Europe une hausse de la méfiance voire de la haine vis-à-vis de l’Allemagne (voir ici en allemand). Schäuble et Merkel sont particulièrement touchés par ce ressentiment, Quelles peuvent être les conséquences à long terme pour l’Allemagne et sa diplomatie ? Quels pays pourraient profiter d’une perte d’influence de l’Allemagne ?

Ulrike Hermann : Il est évident que l’Allemagne est en train de perdre de sa renommée à l’international. Ce sont surtout les Etats-Unis qui sont particulièrement effarés de voir l’incompétence avec laquelle le gouvernement allemand a traité et traite toujours ce dossier. A ce propos, le ministre des Finances américain Jack Lew est arrivé à Berlin jeudi dernier pour s’entretenir avec son homologue Wolfgang Schäuble et émettre des critiques vis-à-vis de la politique allemande sur le dossier grec. Il est d’ailleurs bon que le président Hollande sorte enfin de l’ombre de Merkel, et ose enfin critiquer sa politique.

Peut-on considérer cette montée du ressenti anti-allemand comme une des premières conséquences de la crise grecque ? Qu’est ce qui est concrètement reproché à l’Allemagne ?

Les critiques formulées à l’encontre de l’Allemagne sont légitimes. Les conditions d’aide à la Grèce sont trop dures pour le pays. Les Grecs ont déjà réduit de 30% leurs dépenses publiques, ce qui a eu comme seul effet de les conduire à une grave crise économique. Les Grecs ont enfin besoin de perspectives pour avancer. Et c’est exactement ça que l’Allemagne empêche, en venant réclamer plusieurs milliards supplémentaires à la Grèce. Cela ne peut pas fonctionner, essayer de régler une crise par des coupes budgétaires qui affaiblissent la demande ne va pas conduire à des déficits plus petits, bien au contraire.

Dans la même veine, et tout aussi problématique, le fait que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble agite sans cesse la menace du Grexit. Tant que les banques et les entreprises craindront de voir la Grèce quitter la zone euro, il ne faut s’attendre à aucun investissement dans le pays. Avec comme conséquence une aggravation supplémentaire de la crise.

Pour autant, est-ce que cette nouvelle forme de méfiance ne vise que le gouvernement ou les Allemands en général ?

Je pense que la colère dont est la cible le gouvernement allemand est avant tout dirigée contre celui-ci, qui est toutefois considéré comme le représentant du peuple allemand. Après tout, l’Allemagne est une démocratie. A ce sujet, il est important de noter que les sondages montrent clairement que 70% des Allemands pensent que le politique conduite par Angela Merkel est la bonne politique

Est-il correct d’affirmer que cette méfiance et cette haine sont généralisées à toute l’Europe ? Les pays les moins touchés par la crise sont-ils solidaires des Grecs ?

En Europe, il existe de nombreux pays qui partagent la position allemande. A Bruxelles, lors du dernier sommet, la France, l’Italie et Chypre étaient les seuls pays à s’opposer ouvertement au programme très dur imposé à la Grèce. Les autres pays de la zone euro ont manifesté leur soutien à l’Allemagne.  

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