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Pourquoi le mariage doit être soigneusement préparé à l’indissolubilité dans une culture contemporaine du provisoire
©Reuters

Bonnes feuilles

En regardant la famille dans la réalité de sa beauté et l’appel de Dieu concernant notamment la vie conjugale, l’auteur, à la suite du synode sur la famille en octobre 2014 à Rome, insiste sur l'importance de la conversion de l’Église pour la famille qui ne doit pas être une pastorale comme une autre. Un livre essentiel pour comprendre combien il est urgent de sauvegarder la famille. Extraits de "La famille c'est sacré !", de Cédric Burgun, publié aux éditions Artège (1/2).

Cédric  Burgun

Cédric Burgun

Cédric Burgun est prêtre du diocèse de Metz, membre de la Communauté de l'Emmanuel. Il est actuellement détaché de toute mission paroissiale dans son diocèse et en mission de doctorat et d'enseignement en droit canonique.

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En recevant en audience au Vatican le samedi 25 octobre 2014 les membres d’une communauté catholique autrichienne comprenant prêtres et laïcs, qui célébrait le centenaire de sa fondation (ce mouvement est notamment impliqué dans l’éducation et la pastorale familiale), le pape François eut cette parole très claire : « Il y a une chose très triste et douloureuse ! La famille chrétienne – la famille et le mariage – n’a jamais été autant attaquée qu’aujourd’hui, directement ou indirectement », dans un dialogue avec les participants, tout en revenant sur la valeur et la richesse de la famille.

Regrettant que « le sacrement du mariage est parfois réduit à un rite, à un fait social », le Pape a invité à réfléchir à la définition du mariage qui doit révéler une chose fondamentale : l’union à Dieu. Le Pape a ainsi rappelé combien il était important de soigner la préparation au mariage, par un accompagnement long et patient qui doit permettre aux fiancés de peser leur engagement à l’indissolubilité dans la culture contemporaine du provisoire, puisque, selon lui, bon nombre de « familles sont blessées, et combien de mariages sont finis, combien de relativisme y a-t-il dans le sacrement du mariage, du point de vue sociologique et des valeurs humaines ! »

Il a alors fortement appelé à une « nouvelle préparation au mariage (qui) doit venir de très loin », c’est-à-dire « un chemin ensemble, dans la proximité et dans l’accompagnement de chacun » pour répondre à cette « crise de la famille ». « Il faut préparer corps à corps les fiancés, a-t-il insisté, car beaucoup ne savent pas ce que cela signifie, et ils tombent dans la culture du provisoire. » Il faut donc « perdre du temps avec les personnes », comme l’a fait Jésus. Bref, il s’agit d’ « accompagner sans faire de prosélytisme. Une parole aujourd’hui, une action demain, pour faire prendre conscience aux jeunes » des enjeux qui les attendent dans la vie conjugale et dans la fidélité du mariage.

À l’heure où j’achevais ces pages, la publication de ces paroles du Pape vint comme en écho à ce que je mettais par écrit. Oui, « la famille et le mariage n’ont jamais autant été attaqués qu’aujourd’hui » ! Et c’est pourquoi il est plus qu’urgent que les familles se tournent résolument vers l’avenir pour vivre avec cohérence le message de foi qu’elles sont appelées à transmettre par l’Église : rendre l’amour de Dieu présent en ce monde par leur amour conjugal ; amour trinitaire rendu présent par toutes les dimensions de leur amour et de leur être.

Et dans un même temps, depuis quelque temps, je me dis que ce combat pour la famille n’est pas uniquement le nôtre : il se situe à un niveau plus profond et plus spirituel.

Certes, nous devons faire tout notre possible pour tenir bon et courir jusqu’au bout, tel que saint Paul nous le propose : « Tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. »

Mais quand nous disons « combat », nous ne disons pas « violence » ! En toutes choses, en tout combat, nous ne la cautionnons pas ; nous ne l’encourageons pas. Le combat, c’est la croix ; ce n’est pas la violence. La croix, c’est la réponse d’amour à une violence qui se déchaîne. La croix, c’est la définition du « combat pour l’amour » du disciple du Christ. Or, y a-t-il aujourd’hui violence qui se déchaîne ? Oui, nous l’avons vu : c’est la famille qui est en danger.

Mais dire cela, ne signifie pas que nous nous battons d’abord contre un régime politique, quel qu’il soit. Nous ne sommes pas dans un rapport de force d’un peuple contre un gouvernement, image que certains ont pu interpréter ainsi il y a quelques mois lors des rassemblements de la « Manif pour tous ». Nous ne serons jamais comme des syndicalistes manifestant ou défendant régulièrement une situation ancienne, une culture ou une tradition. Ainsi, les pères synodaux ont bien affirmé que « le mariage chrétien ne peut pas être considéré uniquement comme une tradition culturelle ou une exigence sociale », et nous ne sommes pas là à le défendre par affection pour un schéma sociétal traditionnel ou par amour de la contestation sociale. D’ailleurs bon nombre de ceux qui se sont retrouvés dans la rue ces derniers mois en France n’ont pas l’habitude de manifester ainsi.

Tentant de prendre un peu de recul sur ce que nous vivons, nous discernons que le rapport de force dans lequel nous sommes engagés nous dépasse, car le combat que nous menons est celui de Dieu. On pourra réfléchir à tous les types d’engagements que l’on veut : manifester, organiser des formations, faire de l’entrisme politique ; mais le combat est avant tout spirituel. Et la plupart des manifestants de la « Manif pour tous » sont croyants. Et c’est d’ailleurs bien ce qu’ont compris un certain nombre de nos opposants.

Depuis plus de deux siècles, la bataille s’était d’abord engagée contre l’Église : persécution du clergé sous la Révolution française ; contrainte de ceux-ci par un régime liberticide dans les établissements scolaires notamment, fin XIXe ; exclusion des religieux hors de France début XXe. On en arrive ensuite à certaines dérives de la loi de 1905 que nous connaissons. Les deux guerres mondiales auront, pour un temps, apaisé ce climat frondeur contre l’Église. Mais il repart de plus belle après la Seconde Guerre mondiale : la laïcité se durcit, partout, renvoyant sans cesse le religieux à la sphère privée. Mais les croyants ne sont-ils pas des citoyens comme tout le monde ? Pourquoi n’aurait-on pas le droit de faire référence à notre foi dans des prises de position nécessairement publiques lorsqu’elles regardent la société ? Ces questions trouvent facilement leur réponse et j’ai arrêté de me battre pour ce genre d’arguments qu’un peu d’honnêteté pourrait résoudre si facilement.

Alors oui, depuis deux siècles, certains bataillent contre l’Église. Mais aujourd’hui c’est différent. Le combat est devenu celui de Dieu ; on bataille contre Dieu lui-même. Ce n’est pas seulement contre l’humanité, contre ce qui est inscrit au plus profond de notre nature, mais contre le créateur lui-même. En voulant dégager toutes références à notre humanité, toutes références à notre vocation humaine ; en voulant instituer la théorie du gender comme théorie officiellement enseignée et promue, on redit à cette humanité : « Ce que Dieu a déposé en toi ne vaut rien ; seule compte l’éducation sociale que l’on veut bien donner. »

Extraits de "La famille c'est sacré !", de Cédric Burgun, publié aux éditions Artège, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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