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Et pendant ce temps là, la France brûle-t-elle dans l’indifférence générale ?
©Reuters

Déni de problème

Alors que médias et élites se concentraient sur la crise en Grèce ces dernières semaines, les dérapages de la nuit du 14 juillet et la menace d'attentats terroristes passaient aux oubliettes. Un constat qui révèle le travers consistant à aborder l'insécurité comme un sujet de fond.

Maxime Matty

Maxime Matty

Maxime Matty est officier de police dans une grande métropole française. Il s'exprime ici sous pseudonyme.

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Thierry Get

Thierry Get

Thierry Get est ingénieur. Il est membre du bureau politique de La Droite libre et du CNIP. Son groupe sur Facebook ici

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Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : La France doit faire face à des problèmes sécuritaires très graves avec une délinquance qui tend à progresser dans les banlieues et dans certaines villes et une menace terroriste extrêmement lourde. Comment cela s'observe-t-il sur le terrain ?

Thierry Get : La délinquance recouvre de multiples formes d’atteintes aux biens et aux personnes y compris la cyber criminalité, en forte hausse ces dernières années.

Certes, les définitions des délits et contraventions ont fluctué au cours du siècle dernier. Toutefois, à périmètre constant depuis les années 60, le criminologue X. Raufer montre une multiplication par 5 du nombre des crimes et délits "tous confondus" sur une cinquantaine d’années (soit environ 4 millions au total en 2014) et ce alors que le niveau de vie moyen a fortement augmenté dans la même période.

Selon les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance - qui a en charge le recueil, l'exploitation et la diffusion des données relatives aux phénomènes délinquants – il y a une forte hausse en 2014 des atteintes volontaires à l'intégrité physique des personnes (+ 8 %). Les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont cru de + 0,5 % (zone de la police qui s’est doté d'un nouveau logiciel de saisie) à + 9 % (zone gendarmerie), pour atteindre 500 000 agressions sur l’année 2014. Les zones rurales et périurbaines sont particulièrement frappées (+ 32 %). Les violence sexuelles sont aussi en forte hausse à +12%.

Le plus inquiétant: ce sont les violences non crapuleuses "gratuites" en forte hausse, celles des coups et blessures volontaires principalement, dans la rue et à l'école. Certes, les médias ont relaté les derniers incendies du 14 juillet. Mais peu se sont interrogés sur les causes des violences "gratuites" de plus en plus nombreuses :  violences urbaines d’une durée fort inhabituelle du 13 et 14 juillet 2015 aux Ullis, émeutes/caillassages de Toulouse, incendie criminel à Berre-l'Etang,  tirs de mortier dans Paris 19ème ou à Argenteuil en 2014 etc…

Avec ou à coté de cette montée de la délinquance, il y a la croissance progressive des attaques islamistes en France et surtout dans le monde.

En matière d’attentats d’islamiste, il y eu une volonté incontestable du gouvernement de minimiser les faits du moins jusqu’aux attentats de Paris de janvier 2015. Les attaques de Noël au cri d’"Allah akbar" n’évoquaient pour les pouvoirs publics que des cas isolés de déséquilibrés (sic). Les profanations de cimetières chrétiens ou d’églises en France étaient passées aux oubliettes.

Puis, le ministère de l’intérieur a compté 2000 résidents français partis en Etat islamique… Et inévitablement, la question sur l’importance du soutien passif dont ils bénéficient dans la population s’est posé. Le collectif  "17 plus jamais" qui entretient la statue de la place de la République à Paris, depuis le 11 janvier, dénonce des dégradations répétées du mémorial de Charlie Hebdo. Les couronnes de fleurs "ont été arrachées", les messages ont été "retirés des pochettes" et les "grands crayons ont été cassés en deux". ll a été relevé par les pouvoirs publics des absences de respect de la minute de silence dans nombre de communes, des approbations/justifications avec 21000 tweets en 2 jours de "Je suis Kouachi".

Maxime Matty : La principale manifestation de ce phénomène est ce que j'appellerais l'"ethnicisation" de la délinquance. Aujourd'hui, dans de nombreuses banlieues, le basculement (de plus en plus tôt) dans la petite et moyenne délinquance est revendiqué comme la manifestation ostensible du rejet de la France. A l'image du trafiquant de produits stupéfiants qui n'hésite plus à s'afficher au volant de voiture de luxe, le petit délinquant s'inscrit en permanence dans la provocation et le mépris, aussi bien à l'égard des victimes qu'à l'égard des forces de l'ordre. Dans le même ordre d'idée, et en lien direct avec ce qui précède, l'autre phénomène marquant est le caractère ultra-violent de cette délinquance de banlieue. Cela va sans dire du terrorisme, mais cela vaut aussi pour la délinquance du quotidien : commis le plus souvent en bande, le moindre vol de téléphone portable ou de sac à main va s'accompagner d'une violence totalement gratuite, violence que seule la haine de ce qu'incarne la victime (le plus souvent un "gaulois") peut expliquer.

Le thème de la sécurité semble sous-représenté dans les médias, ainsi que de la part des élites politiques. Comment l'expliquer, ce thème pourrait-il faire l'objet d'un tabou dans le débat public, abordé épisodiquement lorsque l'actualité les y obligent plutôt que comme un sujet de fond ?

Xavier Raufer : Toujours plus, ce que le sociologue Michel Wieviorka flétrit comme le "couple obscène médias-politiciens" fuit le monde réel - dont le réel criminel.Dans son récent livre "Malaise dans l'inculture", cette inquiétante symbiose affole aussi Philippe Val, icône de la gauche bourgeoise : "La France est paralysée : personnalités politiques et intellectuelles ne parlent plus qu'en fonction de ce qu'ils imaginent que les journalistes en diront ; ils s'adressent à un miroir médiatique qui leur renvoie une image..."

Fuyons ce pervers "stade du miroir" (comme disait Jacques Lacan...). Allons sur le terrain. Voyons de quelle sécurité jouit vraiment la France ; traquons ces réalités que gouvernants et opposants ignorent ou édulcorent. Ce réel criminel, les militants de l'opposition le perçoivent : à Nantes, le responsable UMP dit sa commune "idéale pour les braquages, les cambriolages et les trafics". A Lyon, l'UMP s'affole de ce que "le tabac de la place Curial a été braqué pour la 4e fois en six mois" et qu'en 2014, "la hausse des cambriolages soit de 11%".

Une réalité que toute la population française ressent désormais - notamment celle des "quartiers sensibles". Même immigrée ! Las d'être agressés, les Asiatiques de France - citoyens intégrés et travailleurs - appellent aujourd'hui le Premier ministre à l'aide contre les pillards et les prédateurs.

Or ces réalités échappent aux élites politiques, toujours obnubilées par un "racisme" (celui, monochrome, de la bienséance) dont, dans un récent sondage, 65% des Français déclarent qu'il est secondaire.

Thierry Get : Qui dit sécurité dit ordre. Qui dit ordre dit "fascisme" ou pour le moins "droite dure". Pour résumer, l’ordre c’est la droite. Or, même si le règne culturel de la gauche est en diminution, ses représentants demeurent prépondérants dans les médias. Pour mémoire environ 80% des journalistes ont voté F. Hollande aux dernières élections présidentielles. Ainsi cette question n’est pas abordée naturellement ou à regret par les journalistes. 

Une autre explication au tabou est que la question des causes de l’insécurité amène la gauche à être justement en insécurité, cette fois idéologique. La gauche, mais aussi il faut être honnête, une bonne partie de la droite ne veut pas se poser les questions qui fâchent :

  • Celle du lien éventuel avec l’immigration : je suis frappé à quel point la question n’est même pas posée lorsque des débats sont lancés sur la question.
  • Celle du lien éventuel avec l’abandon des valeurs antérieures à 1968.`

Guylain Chevrier : Si on doit faire une analyse sociologique de ce qui est en train de se produire, cela nécessite de relier différents phénomènes qui ont pris progressivement un caractère de plus en plus explosif,  que ce soit sur un plan politique autant que médiatique. La multiplication de voitures brulées dans Paris même, où aux Ulis, dans l’Essonne, avec des violences urbaines du type émeute dont le constat a été fait au lendemain du 14 juillet, constituent des éléments d’alerte qui semblent passer totalement inaperçus dans le débat public. Cela révèle combien cette violence urbaine inscrite dans les quartiers sensibles ou transportée par des groupes qui en viennent dans la capitale, non seulement se banalise du côté de ceux qui commettent ces actes, mais du côté de ceux qui sont censés les faire connaitre, les médias, les prévenir autant que possible et les combattre, les pouvoirs publics, silencieux.

Le Premier ministre a parlé au lendemain des attentats de début janvier du fait qu’il existait trop de ghettos ethniques et sociaux, constituant le risque d’un basculement en faveur de causes tournant le dos à la République, la visant même, jusqu’au radicalisme religieux. C’était faire donc le lien entre jeunes issus d’une immigration qui n’ont pas trouvé leur place dans la République et le risque à cet endroit de la rupture du lien social, impliquant pour certains la délinquance voire la radicalisation. C’était souligner qu’il existe un grave problème d’intégration qui concerne une partie de nos concitoyens souvent immigrés. Faut-il rappeler que les étrangers représentent 18,7% des écroués selon les chiffres publiés par le ministère de l’intérieur et que selon d’autres chiffres issus d’une enquête sur les prisons publiée en 2010, (In : Les Grands dossiers de Sciences humaines N°18)  si on remonte à la nationalité du père ce sont 51% des écroués qui sont concernés par cette tendance.

La réforme Taubira a supprimé un certain nombre de dispositifs répressifs concernant les mineurs, imposés par le précédent Président de la République, mais sans donner de nouveaux moyens à une Protection judiciaire de la jeunesse censée s’occuper des mineurs délinquants, déjà exsangue. Ce qui s’est traduit par un sentiment de laxisme et d’impunité qui favorise la « toute-puissance » de groupes de jeunes déscolarisés et en risque de délinquance, qui passent à l’acte sur les biens d’autrui ou les biens publics, s’affrontent avec la police.

Dire cela ce n‘est rien d’autre que faire un constat qui, loin de chercher on ne sait quelle stigmatisation ou responsables de tous les maux du côté de la jeunesse ou de l’immigration, pointe la nécessité de prises de conscience salutaires et essentielles pour penser une politique cohérente en la matière, qu’il s’agisse de l’intégration ou/et de la lutte contre la délinquance, mais aussi de la maitrise des flux migratoires. Il semble ici qu’une politique digne de ce nom fasse cruellement défaut, et ce ne sont pas les déclarations sporadiques pour nous dire que tout est sous contrôle qui peuvent rassurer.

Depuis ces dernières années, le nombre de migrants arrivant en France a doublé sans pour autant que les pouvoirs publics n’y voient un risque qui pourtant parait assez évident dans ce contexte. Il y a de plus en plus de troubles dans la partie du parc social la plus exposée où on retrouve une forte concentration de population immigrée. Ne pas parvenir à s’intégrer dans un contexte économique dépressif n’y est pas pour rien. Ce n’est pas une situation enviable qu’il faut encourager en légitimant une immigration sans compter. Pourtant, des associations sous couvert de traitement humanitaire défendent la revendication de la fin des frontières et l’accueil inconditionnel des immigrés sans-papiers ainsi que de leur régularisation, ce vis-à-vis de quoi les pouvoirs publics laissent la confusion dominer. Mieux, ils proposent sous couvert des responsabilités de l’Union européenne, encore d’accueillir plus sans préalable, au titre particulièrement du droit d’asile sous la pression des bateaux qui traversent la méditerranée. Une situation, on le sait, intenable.

La question de l’intégration revient en force avec cette violence urbaine qui est souvent animée d’un rejet des valeurs collectives, de l’école et de tout ce qui fait autorité dont l‘Etat, qui est pointé comme l’ennemi puisque c’est lui qui puni lorsque l’on transgresse la loi. Elle est aussi revenue en force à travers le refus de respecter la minute de silence ou sa perturbation dans les établissements scolaires, lors des événements tragiques de janvier, étant essentiellement le fait de jeunes issus des quartiers. C’était le dévoilement de ce que l‘on savait mais que l’on feignait d’ignorer, un rapport litigieux installé entre toute une partie de la jeunesse et la République sur fond de divisions identitaires. On a laissé s’installer pendant des années un discours d’organisations, religieuses ou politiques, qui rabattent les difficultés sociales sur le versant des discriminations, induisant l’idée d’un racisme généralisé en France relayé par l’Etat, malgré des chiffres qui contredisent sans ambiguïté ce discours (voir le dernier rapport du Défenseur des droits sur les discriminations). On oublie au passage que cet Etat républicain a pour qualité de traiter de façon égale l’ensemble des individus en raison du principe d’égalité inscrit à l’article premier de notre Constitution qui permet l’accès à chacun à une protection sociale, à des minimas sociaux, à l’école public gratuite, aux droits civils…

Les pouvoirs publics, à front renversé, légitiment dans le sens de cette culpabilité une logique de la reconnaissance des minorités visibles. C’est le cas du programme produit sous le parrainage de Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur le thème «Champions de France, ils ont gagné pour la France », sous couvert du thème Sport et diversité, avec des sujets comme « Les joueurs maghrébins en équipe de France » ou encore « Des Noirs dans les bleus », série télévisée diffusée sur les chaines publiques relayant une lecture multiculturaliste de la France qui est le fond de commerce du groupe Achac, groupe de recherche, Colonisation, immigration, post-colonialisme, qui est à l’origine de ce projet. On y retrouve l’idée d’une France résistante à faire une place à ses immigrés qu’il faudrait ainsi valoriser. Une démarche qui se connecte à une justification du sentiment entretenu d’être discriminé par la République à l’adresse des jeunes de banlieues qui nourrit les divisons et les malentendus.

Qui donc peut s’y retrouver si on se réfère aux discours sur le retour de la République et de ses valeurs depuis janvier, alors que la mesure phare pour combattre le risque de rupture du lien social qui précède la radicalisation, est celle  d’un renforcement de l’enseignement du fait religieux à l’école et donc d’appuyer encore sur ce qui divise, les identités, plutôt que sur ce qui rassemble, les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité ! Alors que l’on voit poindre le risque de la communautarisation d’une partie de nos concitoyens de confession musulmane, on cède aux associations de mères voilées qui peuvent accompagner à présent les sorties scolaires en primaire, par décision de la ministre de l’Education nationale, contre la mission laïque de l’école. Le fait que la laïcité soit définie par le polémiste Emmanuel Todd comme le second nom de l’islamophobie ou que le journal Politis désigne Philippe Val, Elisabeth Badinter, Caroline Fourest ou encore Michel Onfray d’être au service de l’extrême droite parce qu’à un moment ou à un autre ils ont défendu la laïcité, laisse sans réaction nos représentants. Des faits qui peu ou prou participent de l’encouragement au rejet de la République, voire à cette haine qui monte contre elle, et qui poussent à l’autre bout de façon dangereuse dans les bras du FN.

La République, à ne pas réagir de façon cohérente et ferme, renforce le sentiment de son rejet, semble donner raison à certains de la haïr puisqu’elle les laisse faire, comme si elle se sentait coupable. Ce laisser-faire qui s’alimente à l’invisibilité des problèmes qui sont pourtant bien là, sert à ménager les choses pour donner l’impression que tout est compatible, alors qu’il n’en est rien spontanément et que nous sommes face à des choix cruciaux de société ! La question de la délinquance dans les quartiers rejoint celle de savoir autour de quelles valeurs nous entendons faire société, autour de quelle autorité morale, de quel Etat lisible et cohérent dans ce qu’il propose à tous pour tous. Il y a urgence à changer là de politique.

Pour autant, le sujet est délicat à traiter. A quoi pourrait ressembler un débat apaisé mais pragmatique sur cette insécurité ?

Thierry Get : Il est difficile d’évaluer sereinement une situation si l’on s’interdit d’en étudier toutes les causes. A court terme, tant que Madame Taubira, extrêmement dogmatique occupera la fonction de garde des Sceaux, le débat pourra difficilement être serein entre la gauche et la droite.

En effet, lors de ses interventions publiques, la ministre a toujours de la difficulté à se ranger du côté des victimes. Personnellement, je ne l’ai jamais entendu reconnaître en l’islamisme – ni d’ailleurs M. Hollande - la cause des diverses attaques dont a été victime la France depuis 6 mois (attaques de Noel 2014 à Jouey les Tours et Dijon, de Paris en janvier 2015, d’Isère …).

Par ailleurs, depuis 2012, la ministre donne un mauvais signe aux délinquants potentiels en créant de nouvelles peines de sursis, généralisant les libérations conditionnelles et en supprimant les peines planchers pour les multirécidivistes décidées sous le quinquennat précédent. Les positions clivantes de la ministre font que le débat sur le sujet est généralement violent entre opposition et gouvernement.  

Comment cette absence d'exposition médiatique et politique peut-elle participer à un certain délitement du lien social ? Quelles sont les risques de cet aveuglement, de quelle nature sera la facture à payer ?

Xavier Raufer : Le "Laboratoire de tendances quali-collaboratives" du groupe Publicis publiait en mai l'étude "Dissonances : quand les classes moyennes parlent de la France d'après le 11 janvier". Elle regorge de choses cruelles sur "le manque de sérieux des élites, avec un débat politique sans projets"... "Les élus ne remplissent pas le mandat pour lequel ils ont été élus et même, ils sont carrément des obstacles aux changements urgents que la situation exige". Depuis Charlie, "La classe politique, la classe dirigeants, n'a rien fait de concret". Résultat : les Français sont malheureux. Incroyable : même l'Allemagne jadis anti-française qualifiait ainsi la vie bonne : "Leben wie Gott im Frankreich", vivre comme Dieu en France. Au classement Eurostat sur le bonheur en Europe,la France git aujourd'hui derrière la Slovaquie et la Roumanie... Malheureux aujourd'hui - furieux demain - or les colères françaises peuvent être redoutables. Si nos élites politiques ne le comprennent pas, elles risquent de le payer cher.

Thierry Get : Comme l’a montré, Christophe Guilluy dans son ouvrage "La France périphérique", les Français fuient les banlieues où règne l’insécurité. La France est de plus en plus morcelée. Ce n’est pas la politique de "peuplement" de M. Valls qui y changera quelque chose. 

Le rapport 2014 de l'Observatoire national de la délinquance montre une hausse préoccupante de violences en milieu de santé (12 000) soit une hausse de 10%. Une hausse est aussi constatée dans la police nationale (43 000 en hausse de 6%) et surtout chez les pompiers (1600 déclarations, +27%). Ces agressions toujours plus nombreuses montrent une envie d’en découvre avec l’Etat et au delà avec la Nation.

Maxime Matty : La négation de cette évidence - à savoir que l’immigration massive d’origine nord-africaine et sub-saharienne est, dans une très forte proportion, à l’origine de l’insécurité que nous connaissons aujourd’hui -, la volonté de réduire cette réalité à une simple impression (ce que les élites nomment pudiquement le "sentiment d’insécurité"), ne peut qu’alimenter la légitime défiance des petits à l’égard des élites. La France, dans sa composante la plus humble et la plus vulnérable, souffre cruellement de cette impuissance publique à restaurer son droit à la sécurité. La conséquence première de cette situation est la dissidence politique d’une frange toujours plus importante du pays réel, une dissidence aujourd’hui devenue irréversible. Jusqu’où peut aller ce mouvement ? Nul ne peut le dire. La réponse tient tout entière dans la capacité du peuple français à accepter les humiliations, à subir les provocations. Bref, à vivre dans la peur.

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