Au-delà de la performance, pourquoi il est possible d'envisager une finance "morale"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Finance
Au-delà de la performance, pourquoi il est possible d'envisager une finance "morale"
©

Bonnes feuilles

La finance peut-elle être au service de l'homme ? Les cyniques diront que, si cela arrive, c'est involontairement. L'image de la finance est celle d'organismes froids, uniquement motivés par le gain. La crise de 2008 a jeté un coup de projecteur violent sur des pratiques contestables et collectivement nuisibles. Est-ce là toute la réalité de la finance ? Est-ce une fatalité ? Extrait de "La finance peut-elle être au service de l'homme?" de Pierre de Lauzun, publié chez Desclée de Brouwer (2/2).

Pierre De Lauzun

Pierre De Lauzun

Pierre de Lauzun est Président de la Commission économie et Finances éthiques des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.

Directeur général délégué de la Fédération Bancaire Française - FBF

Délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers AMAFI

Ancien élève de l’Ecole Polytechnique (1969) et l’Ecole Nationale d’Administration (1975)

Voir la bio »

Les principes éthiques régissant les acteurs se déduisent largement des considérations précédentes. Tout d’abord, un investissement sain est un investissement basé sur une forme de partenariat : l’objectif normal de l’acquisition d’une valeur mobilière, notamment d’une action, est le partenariat sur la durée. C’est en effet le seul moyen de jouer pleinement son rôle et d’assumer ses responsabilités, notamment de propriétaire. Un investisseur doit donc normalement s’engager sur une durée minimale (plusieurs années) et si possible de façon nominative, et il doit connaître l’entreprise où il investit. S’il doit se dégager plus vite que ce délai, ce doit être pour un motif justifié, et cela peut être au prix d’une pénalité (notamment fiscale).

Corrélativement, on l’a vu, les intermédiaires ne doivent avoir qu’un rôle auxiliaire sur le marché. La règle de durée de détention minimale ne s’impose évidemment pas à eux, mais leur activité de facilitateur doit être encadrée : elle ne se justifie que pour faciliter effectivement le fonctionnement du marché et ne doit pas y jouer de rôle directeur. Ensuite, quand il intervient sur le marché, un opérateur doit avoir en vue la réalisation d’une opération fondée sur une appréciation de la valeur considérée.

Les participants à un marché sont supposés concourir à une activité qui comporte une dimension d’intérêt général, leur rôle sous cet angle est de rechercher ensemble le meilleur prix disponible du moment. Enfin, tout gestionnaire doit être responsable de son action, appréciée sur la durée. C’est notamment vrai de fabricants ou vendeurs de produits à risque ou complexes. Pour cela, toute gestion doit afficher clairement ses objectifs, y compris en matière éthique. Une gestion collective, et notamment un fonds de pension, doit définir clairement les objectifs qu’il donne à ses gérants et se positionner par rapport aux principes précédents, et plus généralement montrer de façon vérifiable comment, au-delà des perspectives financières, il s’inscrit de façon moralement responsable dans le financement de l’économie réelle.

Il est important de poser ces principes, même si leur réalisation peut apparaître utopique : à côté des formes diverses de réglementation, la reconnaissance publique de principes est un régulateur très utile et même indispensable de la conduite des participants à toute activité collective.

Extrait de "La finance peut-elle être au service de l'homme?", de Pierre de Lauzun, publié chez Desclée de Brouwer, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !