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Grand écart : pourquoi il faut impérativement concilier les notions d'éthique et de rentabilité économique
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Bonnes feuilles

La finance peut-elle être au service de l'homme ? Les cyniques diront que, si cela arrive, c'est involontairement. L'image de la finance est celle d'organismes froids, uniquement motivés par le gain. La crise de 2008 a jeté un coup de projecteur violent sur des pratiques contestables et collectivement nuisibles. Est-ce là toute la réalité de la finance ? Est-ce une fatalité ? Extrait de "La finance peut-elle être au service de l'homme?" de Pierre de Lauzun, publié chez Desclée de Brouwer (1/2).

Pierre De Lauzun

Pierre De Lauzun

Pierre de Lauzun est Président de la Commission économie et Finances éthiques des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.

Directeur général délégué de la Fédération Bancaire Française - FBF

Délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers AMAFI

Ancien élève de l’Ecole Polytechnique (1969) et l’Ecole Nationale d’Administration (1975)

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On l’a dit, la seule éthique digne de ce nom est ce qui nous éclaire face à une situation concrète afin d’aller dans le sens du bien. C’est donc fondamentalement une capacité à choisir juste. Elle intègre donc non seulement une notion du bien, mais une connaissance suffisante des situations. Car le bien ne consiste ni à suivre toutes les impulsions généreuses qui vous viennent à l’esprit, ni des règles abstraites, incapables de prévoir l’ensemble des situations concrètes : il s’agit de chercher dans chaque cas concret quelle est la bonne solution, par un jugement de la conscience qui tient compte de l’ensemble des caractéristiques de cette situation.

Il en résulte que ce ne peut donc être un parachutage de règles générales données par en haut, de règles abstraites exécutées mécaniquement, de grands principes qu’on appliquerait tels quels. Car la vraie question est de savoir si au vu de la situation spécifique on fait le bon choix, cohérent avec les données de fait comme avec la réalité des enjeux.

Une conséquence directe en est qu’il n’y a pas d’éthique sans compétence. Si on ne connaît pas de façon précise la situation examinée, le jugement qu’on prononcera sera faux. C’est malheureusement le cas d’une grande partie des jugements portés par les médias ou les politiques sur des décisions concrètes d’entreprises ou de marchés, et plus encore en finance.

Mais quand on parle de jugement d’ensemble de la situation, ceci inclut bien entendu la totalité des dimensions, y compris économiques. Et donc y compris la rentabilité.

Car qu’est-ce que la rentabilité sinon le bon emploi des ressources ? La recherche du bien incorpore un tel bon emploi. Concrètement par exemple, augmenter les salaires ou sauver des emplois est, toutes choses égales par ailleurs, meilleur que le contraire, car cela tend à faire du bien à ceux qui les touchent. Mais dans une situation où l’entreprise concernée ne peut pas se permettre cette augmentation sans risque important, c’est irresponsable. Et donc c’est immoral.

Notons d’ailleurs que ces remarques restent vraies au niveau politique. Accroître en permanence l’endettement public est irresponsable sur la durée longue. Et donc ce n’est pas moral, même si on vous explique que cet endettement sert à soutenir l’activité, à créer des emplois, à assurer la formation, etc.

Il résulte de tout ceci ce point essentiel : l’éthique elle-même doit tenir compte de la rentabilité et de la rationalité économique ; elle doit les intégrer dans son jugement.

C’est un premier élément de réponse à notre question.

Extrait de "La finance peut-elle être au service de l'homme?", de Pierre de Lauzun, publié chez Desclée de Brouwer, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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