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François Hollande risque-t-il
d'être coulé par les siens ?
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Revival 2002 ?

Si la droite tire à boulets rouges sur François Hollande, elle n'est pas la seule. Les Verts et le Parti socialiste s'écharpent sur la question du nucléaire et même Jean-Luc Mélenchon y est allé de sa petite phrase. Pour lui, le candidat socialiste n'est qu'un "capitaine de pédalo". Le ton est donné, les dissensions au sein du "peuple de gauche" peuvent-elles conduire à un nouveau "21 avril" en 2002 ?

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg est directeur de recherche émérite CNRS au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. 

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Atlantico : De Jean-Pierre Chevènement à Éva Joly, en passant par Jean-Luc Mélenchon, François Hollande est de plus en plus attaqué par ses alliés potentiels de gauche. Il y a-t-il un risque de remake du 21 avril 2002 ?

Gérard Grunberg : Non, car les alliés en question ne sont pas en situation de force. Nous avons les Verts, qui sont en train d'adopter une stratégie suicidaire du point de vue politique, ils risquent de n'avoir aucun député à l'Assemblée Nationale, ils ne sont pas un problème pour les socialistes.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a toujours préféré l'injure au raisonnement tranquille.  Le candidat du Front de gauche est très ennuyé de voir qu'avec la primaire, le PS continue à accentuer son avance au sein de la gauche et à dominer celle-ci . Il ne sait plus très bien quoi faire pour attirer l'attention sur lui.

Désormais, il existe un autre problème : l’attitude de la droite, qui est relayée par Mélenchon. Leur stratégie consiste à essayer d'affaiblir non pas le Parti socialiste, mais d'affaiblir la personne même du candidat socialiste, en l'occurrence François Hollande. Toujours sur le même thème : « Il n'a pas les épaules, il n'a pas la carrure pour être le barreur ». Est-ce que cela va gêner François Hollande? A priori je dirais non, à condition qu'il finisse par élaborer un discours présidentiel plus fort et plus articulé.

Depuis qu'il a été désigné comme candidat,  François Hollande est relativement absent de la scène médiatique. Compte tenu de toutes les affaires de négociations européennes et internationales, la droite possède une plus grande visibilité. Cela n'est pas dû au fait que le candidat socialiste tienne un discours présidentiel moins adapté mais surtout au fait que les médias évoquent moins le parti socialiste, et davantage Nicolas Sarkozy  et sa montée dans les sondages.

Nous avons un Parti socialiste beaucoup plus fort que les autres partis de gauche. Je ne comprends pas pourquoi les écologistes adoptent cette stratégie suicidaire. Ils ont fait une grave erreur. Les socialistes ne changeront pas de point de vue, il parait évident qu’il n'y aura pas d'accords entre les deux partis (au moins jusqu'après l'élection présidentielle).

Les écologistes ne sont donc pas une très grande menace pour le candidat socialiste d'autant que pour l'instant nous avons l'impression que leur candidate, Eva Joly, n'a pas la capacité de faire une énorme percée dans l'opinion.

Les temps ont changé il n'y a plus de grand parti de gauche en dehors du Parti socialiste. Celui-ci a une véritable hégémonie.

Pensez-vous que la stratégie politique de François Hollande tienne compte de l'expérience de 2002?

Il est évident qu'il sera au second tour. La situation ne se présente pas de la même façon. Actuellement les socialistes ne pleurent pas ! C'est un signe qui ne trompe pas, ils n'ont pas montré une volonté de compromis. Ils attendent la présidentielle tranquillement.

Peut-être que les socialistes auraient éventuellement besoin d'un accord pour les législatives. Concernant les présidentielles ils n'en ont pas besoin. Dans le cas d'un second tour  François Hollande contre Nicolas Sarkozy, les candidats de gauche et d'extrême gauche voteront quand même pour Hollande même s'il n'existe pas d'accord.

Ce n'est pas un problème pour les socialistes bien au contraire, François Hollande sera beaucoup plus libre dans son programme par rapport aux écologistes et aux communistes pour pouvoir adopter une directive par rapport à Nicolas Sarkozy.

Le problème qu'ils doivent régler reste celui d’une droite UMP qui va surtout insister sur l'aspect personnel de François Hollande. Il est  nécessaire de perfectionner le personnage politique de ce dernier sur certains thèmes comme la crise européenne,  la reconstruction de l'Europe. Cependant, en ayant eu le bras de fer avec les écologistes et en ne cédant pas sur la filière nucléaire, je pense qu'il renforce son image de décideur. L'UMP doit être très ennuyé que les socialistes ne cèdent pas aux écologistes.

Qui pourrait être le candidat susceptible de faire perdre le Parti socialiste comme cela a été le cas en 2002 avec la multiplicité des candidatures ?

Il y aura peut-être des petits candidats mais pas de gros adversaires qui pourront faire chuter le PS.

La situation n'est pas la même et la gauche est très faible à la présidentielle en dehors du parti socialiste. Même si les sondages sont pessimistes,  le parti communiste de fera pas plus de 6 ou 7 % et idem pour EELV. Je ne vois pas François Hollande faire moins de 25%. Le rapport de force n'est plus du tout le même qu'en 2002.

Concernant Jean-Pierre Chevènement attendons de voir si il y va réellement. En dehors des trotskystes qui feront un score presque nul, nous savons qui est susceptible de se démarquer. A savoir : Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon. Cependant il n'y aura pas de 2002 pour la gauche.

La différence est qu'en 2002 Lionel Jospin était au pouvoir. Certes c'était une cohabitation mais il était au pouvoir. Aujourd’hui les socialistes bénéficient du fait qu'ils sont dans l'opposition face à un gouvernement de crise et dans la crise.  Nous observons bien que c'est complexe pour les gouvernements de gagner  des élections sur fond de crise.

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