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François Hollande, le président assassiné par les sondages mais sans réel opposant à sa mesure dans son camp
©Reuters

A qui profite le désert ?

Alors que François Hollande ne satisfait qu'un quart de la population française, aucun concurrent à gauche ne semble pouvoir se démarquer de manière crédible en vue de la présidentielle de 2017.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : La popularité de François Hollande reste à moins d'un quart (24%) pour le mois de juillet, selon le dernier baromètre CSA pour Les Echos. Quels sont les concurrents au sein de son parti qui se démarquent dans la perspective des élections présidentielles de 2017 ?

Eddy Fougier : Il existe un vide de candidats potentiels à gauche. Le meilleur exemple pour l'illustrer a été de considérer naturellement Dominique Strauss-Kahn comme une alternative crédible dans les baromètres d'opinion…

En réalité, François Hollande a réussi à faire non pas taire les critiques en provenance de son parti, mais de les avoir minimisées. Lors du Congrès du parti socialiste, le fait d'avoir pu compter sur le soutien de Martine Aubry pour la motion du président est équivalent à une "prise de guerre", car elle incarnait une voix potentiellement dissonante contre le tournant social-libéral du gouvernement. Aujourd'hui, il ne reste donc que quelques cavaliers esseulés comme Arnaud Montebourg, dont on ne sait pas s'il continue la politique, et celle des frondeurs, dont l'écho risque de s'amoindrir à mesure que l'on se rapprochera des élections présidentielle.

Qu'en est-il de Manuel Valls, qui peut compter sur une adhésion supérieure au Président (38% selon le baromètre CSA pour les Echos) ?

Le potentiel de Manuel Valls est diminué par sa loyauté vis-à-vis de François Hollande, car en réalité, ce duo constitue aujourd'hui sa seule chance d'exister politiquement. Les sondages ne font pas une élection. Sinon, Simone Weil, Jacques Delors, Edouard Balladur auraient été élus Président de la République. Il sera donc obligé de passer par la case "militant", et sympathisants pour trouver la légitimité nécessaire pour se poser comme le candidat du Parti socialiste. Or, n'oublions pas qu'il n'avait recueilli que 5.6% des votes lors des primaires de 2011. Sans doute ferait-il un peu plus aujourd'hui, mais il n'arriverait probablement jamais à obtenir une coalition forte, ainsi que des alliés suffisamment fiables pour pouvoir se prétendre candidat du Parti socialiste à la présidentielle. On se souvient d'ailleurs de la demande qu'il avait faite à Martine Aubry pour retirer le mot "socialiste" du nom du parti. La base socialiste constater bien qu'il n'est pas issu idéologiquement de l'essence du PS. Aujourd'hui, les militants socialistes se sentent davantage représentés par Christiane Taubira par exemple.

Quelles sont les chances pour Manuel Valls de s'imposer comme le candidat naturel du PS ?

Il existe toujours, comme on le dit en psychanalyse, la possibilité de "tuer le père". C'est un phénomène que l'on a vu à de nombreuses reprises dans l'histoire de la Vème République. Le meilleur exemple est Nicolas Sarkozy par rapport à Jacques Chirac. Peut-être devra-t-il montrer ses différences vis-à-vis du Président de la République, mais pas tout de suite puisqu'il sait que François Hollande veut, et va se représenter. Le meilleur scénario pour Manuel Valls serait que le Président l'emporte une deuxième fois en 2017. Manuel Valls pourrait alors reprendre les rênes du parti et lui donner l'orientation qu'il lui souhaite incarner en profondeur, pour construire sa légitimité en vue de 2022.

Pourquoi des figures de la gauche, comme Martine Aubry ou Christiane Taubira, ne représentent-elles pas davantage une alternative au sein de la gauche ?

Parce qu'un bon candidat socialiste aux présidentielles n'est pas forcément un bon candidat pour les socialistes. Si Ségolène Royal l'avait emporté en 2006 aux Primaires, c'est autant parce qu'elle incarnait les idéaux de gauche que parce qu'elle était la plus à même de battre Nicolas Sarkozy. Les candidats choisis sont ceux qui ont des chances de battre la droite.

Comment François Hollande capitalise-t-il sur cette situation ?

François Hollande a tout intérêt à continuer à profiter de sa proximité avec Manuel Valls. Son Premier ministre, même s'il ne fait pas l'unanimité, est perçu comme énergique, ferme, avec une capacité à prendre des décisions : il détient les traits de personnalité qui font défaut à François Hollande.

Et le troisième élément sur lequel il peut capitaliser, c'est le rejet de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy. Au final, on s'aperçoit qu'en l'état actuel du contexte politique, si François Hollande était élu, ce serait comme en 2012 par défaut d'une véritable concurrence à gauche.

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