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Pourquoi le budget 2016 est celui du laisser-aller et du refus de la réforme
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Editorial

Pendant que la France commet encore et toujours les mêmes erreurs, David Cameron amorce une baisse des impôts des entreprises et se flatte de poursuivre une politique favorable aux hauts salaires tout en relevant le salaire minimum à un niveau proche de celui de la France, avec une forte réduction de la dette publique et la réalisation d’excédents budgétaires à l’horizon 2020.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors que le sort de la Grèce monopolise toutes les attentions, le gouvernement a pu présenter presque en catimini, devant une Assemblée nationale clairsemée, les grandes lignes d’un budget 2016 qui n’a rien de glorieux. Ce dernier s’inscrit en effet dans la ligne des mauvaises habitudes dont le pays est coutumier depuis des lustres, basée non sur la réalité des faits, mais sur des prévisions envisagées avec un certain optimisme, en prenant certains avantages offerts par la conjoncture, tels que la baisse des cours du pétrole ou des taux d’intérêt, comme des mesures volontaristes pour améliorer les comptes et sans dresser la moindre perspective d’avenir.

Le contraste est saisissant avec le Royaume-Uni qui vient au même moment de tracer un parcours dynamique à horizon de cinq ans. David Cameron amorce une baisse des impôts des entreprises et se flatte de poursuivre une politique favorable aux hauts salaires tout en relevant le salaire minimum à un niveau proche de celui de la France, avec une forte réduction de la dette publique et la réalisation d’excédents budgétaires à l’horizon 2020.

Pendant ce temps, la France continue de donner le sentiment de pratiquer une politique budgétaire à la petite semaine, sans dégager la moindre perspective de changement. La loi Macron acquise au forceps sans majorité parlementaire est la risée de l’étranger quand on mesure la somme d’efforts déployés pour des résultats si modestes et dont la mise en oeuvre va rencontrer encore bien des obstacles sur le  terrain. Elle représente pour Hervé Mariton, député de la Drôme, "le service minimum du service minimum".

Quant à la prochaine loi de finances, elle traduit un net relâchement dans les efforts, comme si l’on était déjà entré dans une période préélectorale. Signe caractéristique : l’augmentation prévue du nombre de fonctionnaires : plus de huit mille postes seront créés l’an prochain, autant que cette année, alors que François Hollande avait promis le statu quo sur la durée de son quinquennat. De plus, un système de primes au mérite va être mis en place sans que ses conséquences financières soient évaluées. Le gouvernement espère ramener le déficit budgétaire à 3,3%, vision optimiste alors qu’un mouvement de reprise des taux d’intérêt commence à s’esquisser, qui se traduirait, s’il se perpétue, par un alourdissement de la charge de la dette.

A l’inverse, les mesures d’économies paraissent dérisoires. C’est toujours la technique du rabot qui sert de moteur pour réduire les dépenses. Or celle-ci a atteint ses limites et ne fonctionne plus que sur le papier. Avec, de-ci de-là des retouches au coup par coup qui donnent un sentiment général d’incertitude sur les mesures en  vigueur. Ainsi, le ministre des Finances n'a-t-il pas indiqué dans le débat que certaines mesures d’allègement en faveur des entreprises pourraient être revues s’il n’y avait pas reprise des embauches sur le front de l’emploi, en contribuant ainsi à développer un climat d’incertitude dans le monde des affaires. 

Il y a quelque chose de pathétique aujourd’hui dans la situation de la France dont le décrochage se creuse chaque jour vis-à-vis de ses partenaires, avec depuis le début de l’année une augmentation inquiétante de l’endettement et du déficit commercial. Au lieu de s’inspirer des exemples étrangers de redressement de la situation, notre pays se consacre uniquement au souci d’obtenir un nouveau sursis en faveur de la Grèce et ce sont d’ailleurs d’éminents hauts fonctionnaires du Trésor qui conçoivent aujourd’hui le plaidoyer d’Athènes, comme sil y avait dans cette démarche une annonce prémonitoire de ce qui pourrait bientôt arriver à la France si elle continue à s’obstiner dans le refus de se réformer elle-même.

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