En Grèce, l’incroyable dialogue de sourds se poursuit<!-- --> | Atlantico.fr
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Le dialogue de sourd se poursuit entre les acteurs de la crise grecque.
Le dialogue de sourd se poursuit entre les acteurs de la crise grecque.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Le drame grec relève du mystère le plus total. Objectivement, les conditions d’un accord sont réunies mais personne ne veut l’admettre. Il n'y a pas de pire pratique pour casser le moral des acteurs de l’économie et empêcher le retour de la confiance.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les jours se suivent et offrent en permanence le spectacle affligeant et surréaliste d’une incompréhension. Les Européens admettent officiellement la nécessité d’une restructuration. Tsipras lui, ne parle plus d’annulation de la dette. Il reconnait même la responsabilité des Grecs mais se refusent toujours à présenter les garanties qu’il pourrait donner sous formes de réformes.

Ce dialogue de sourds est assez incompréhensible. En 24 heures, Alexis Tsipras a banni de son vocabulaire la nécessité d’une "annulation de la dette". Il a parlé devant les députés européens et, hormis les approbations bruyantes de l’extrême gauche et de l’extrême droite, la majorité de l’hémicycle l’a brocardé et sévèrement critiqué. C’était sa dernière carte. Après s’être fait copieusement évincé par 18 chefs d’Etat et de gouvernement qui ont perdu patience, Alexis Tsipras pensait rallier une majorité de députés à sa cause, il a échoué.

Du coup, sans se départir de son sourire hollywoodien, il a mis un peu d’eau dans son vin. Il a cessé de parler de l’annulation de la dette grecque comme préalable à la discussion. Il s’est rallié à la position qui est définie par tous les analystes, économistes et beaucoup de responsables politiques, qui expliquent qu'il faudra nécessairement restructurer la dette grecque.

Sans autres précisions, mais les services d’étude des banques donnaient hier soir ce qui serait indispensable au redémarrage de la Grèce. A savoir, un allongement de la maturité à 30 ou 40 ans, une baisse des taux d’intérêt au niveau de zéro et un haircut qui reste à définir. L’ensemble de ces mesures permettraient de descendre le ratio dette/PIB de 30% pour le ramener à 120% du PIB. Aujourd'hui, les 340 milliards d'euros représentent 174 % du PIB du pays.

Ca rabotage représenterait quand même la jolie somme de 100 milliards d’euros et Alexis Tsipras sait que les créanciers européens pourraient accepter cet effort. Il devrait donc proposer aux ministres de la zone euro, un tel allègement. Politiquement, c’est vendable auprès de son opinion publique. En revanche,  ce qui sera beaucoup plus difficile à faire avaler ce sont les réformes et les garanties. D’ où le silence sur le fond.

Pour l’instant, les Européens ont la nette impression que Tsipras demande une fois de plus un chèque en blanc. Les Européens au niveau chef d’Etat ou au niveau des députés au Parlement ne comprennent pas. Quoi qu’il en soit, les garanties qu’il peut donner doivent correspondent à ce dont les acteurs européens ont besoin : l’assurance que le modèle économique de la Grèce lui permettra de relancer son activité sans avoir besoin de s’endetter à nouveau.

Alexis Tsipras s’est déclaré d’accord sur le principe de cette exigence mais ne va  pas plus loin. Résultats, ses créanciers ne le croient pas.

C’est sur ce point où Alexis Tsipras se retrouve coincé. Tout le monde sait ce qu’il devrait annoncer : une réorganisation de l’Etat, du système fiscal, avec une lutte sans merci contre la corruption, les évasions fiscales et contre les exonérations prévues dans la constitution. Alexis Tsipras a beaucoup de mal à sortir sa liste de réformes puisqu‘il a fait voter son peuple contre cette perspective. C’est la raison pour laquelle les acteurs tournent en rond. A partir de vendredi, il lui faut donc trouver le moyen de s’engager sur une série de réformes qu'il n’a jamais voulu mettre en œuvre et contre laquelle il a organisé un référendum.

Devant ces blocages, la plupart des représentants de la zone euro ont deux explications à son refus.

Ou bien, il ne veut pas trahir des engagements politiques légitimes pris par un référendum. Dans ce cas, tout le monde court à la faillite des Grecs et de la Grèce puisque dès lundi, le pays n’aura plus un euro de liquidités.

Ou bien, Alexis Tsipras ne veut pas au fond de lui rester dans l’euro, il cherche à déséquilibrer la zone euro sans avoir à en assumer la responsabilité. Mais dans ce cas-là, il va faire payer aux Grecs une facture très lourde pour satisfaire son ambition politique qui serait de laisser dans l’histoire la trace de celui qui aurait démoli la monnaie unique. 

Ce deuxième scénario a peu de supporters mais il en a assez pour avoir suscité l’écriture par la Commission des procédures possibles qui pourraient gérer en douceur pour l’Europe, la sortie organisée  de la Grèce de l’euro.

Alexis Tsipras et son entourage pensaient pouvoir casser l’euro. Il n’en a rien été, les marchés de valeurs et les taux n'ont guère bougé. Ce qui est vrai en revanche, c’est qu'il n’a encore rien fait pour restaurer la confiance des créanciers, c’est-à-dire des Européens.

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