Après les domaines viticoles, les clubs de foot : mais que viennent vraiment chercher les investisseurs chinois ?<!-- --> | Atlantico.fr
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les investisseurs Chinois ont récemment racheté le Football Club Sochaux Montbéliard
les investisseurs Chinois ont récemment racheté le Football Club Sochaux Montbéliard
©Flickr / Ludo29

Période post-qatari

S'ils ont fait l'acquisition de domaines viticoles dans le Sud de la France il y a peu, les investisseurs Chinois ont récemment racheté le Football Club Sochaux Montbéliard, laissant supposer une stratégie similaire à celle des investissements menés par les Qataris.

Antoine Brunet

Antoine Brunet

Antoine Brunet est économiste et président d’AB Marchés.

Il est l'auteur de La visée hégémonique de la Chine (avec Jean-Paul Guichard, L’Harmattan, 2011).

 

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Atlantico. Des investisseurs chinois ont récemment fait l'acquisition du club de foot de Sochaux, historiquement détenu par l'entreprise Peugeot. Comment expliquer l'appétence soudain d'investisseurs chinois pour un club de foot ? Est-ce  la première fois qu'un tel phénomène est observé ? D'autres rachat de clubs de sport suivant le schéma des investissements qataris sont-ils à prévoir ? 

Jean-Marie Di Meglio : N’oublions pas que le déclin du Japon comme investisseur et comme puissance financière mondiale a été concomitant du rachat du Rockefeller Center à New York et d’une équipe de base-ball en Californie, il y a plus de vingt ans.


Ceci ne veut pas dire qu’un parallèle absolu peut être envisagé en matière de prospective, au contraire les investisseurs chinois savent lire les leçons du passé. Cela étant dit les « mentalités » sont à la fois « collectives » en la matière, mais aussi « individuelles » donc trop de parallèles ou d’agrégat seraient exagérés.
Acheter des clubs de foot, outre les retombées en matière de « produits dérivés » telles qu’elles sont espérées, c’est avant tout une acquisition statutaire, comme celle des vignobles, et de plus ceci peut permettre aussi une rentabilité additionnelle, certes hypothétique, mais envisageable si l’engouement nouveau pour le football se confirmait en Chine.
La question de la convergence entre l’investissement PSA et Sochaux ne doit pas être exagérée. Il faut plutôt imaginer une « découverte » de Sochaux par la Chine à l’occasion de l’acquisition d’une partie du capital de PSA par Dongfeng.

L'économie française doit-elle envisager une vague d'investissements massifs venus de Chine ? Avec quelles conséquences ? 

La Chine est un « nouvel investisseur », dont les stocks déboursés, et même les flux annuels, aussi croissants qu’ils puissent être (ils ne viennent juste que de croiser les investissements directs reçus par la Chine venant de l’étranger) sont faibles par rapport à sa force de frappe. De nombreux freins existent du côté de la Chine : règlementaires, culturels par exemple. Si la Chine « était un pays comme les autres » la force de frappe dont elle dispose l’aurait fait apparaître plus massivement encore et depuis plus longtemps encore sur les écrans des candidats à la réception des investissements étrangers en France. Il me semble que les flux augmenteront, de façon significative, mais que le déferlement ne sera pas le mot qui caractérisera cette croissance.

De manière générale, comment se manifeste la présence d'investissements chinois en France ? Les domaines viticoles semblent par exemple ne pas y avoir échappé. Quels sont les autres secteurs visés par les investissements chinois ? 

Les domaines viticoles appartiennent à l’investissement « statutaire » mais aussi ont résulté de transferts ne bénéficiant pas toujours des précautions nécessaires en matière de procédures conduisant à bien connaître l’acquéreur et la provenance des fonds mobilisés. Cette époque est révolue. De nouveau, le parallèle avec le Japon peut être fait et peut désamorcer de nombreuses interprétations fautives : que l’on se rappelle les noms des très grands Bordeaux qui ont été détenus à certaines périodes par de grandes firmes de courtage, d’assurance ou de la finance japonaise.

Plus focalisés seront les investissements dirigés vers la maîtrise de technologies de pointe (c’est le phénomène naturel de « montée en gamme »), aux pays concernés de prendre leurs décisions et leurs responsabilités en matière de transferts de technologies, de protection de la propriété intellectuelle, et, quand on parle de l’Europe,  de ne pas être en reste vis-à-vis des Etats-Unis, qui sont une référence en la matière.

En juin, Jean-Pierre Raffarin a affirmé vouloir intégrer les familles d'immigrés dans des zones rurales qui connaissent des "déficits démographiques". Est-ce à l'immigration chinoise que Raffarin fait référence ? Peut-on faire un lien entre cette déclaration et l'appétit dont font preuve les investisseurs chinois pour les campagnes françaises ? 

Si Monsieur Raffarin peut régler effectivement l’un des problèmes les plus négligés dans la recomposition du tissu social français, c’est-à-dire l’état de déshérence et de « décrochage » dont sont menacées les zones rurales qui perdent population, âme, « âmes », activité économique et espoir, il n’y probablement pas de mauvaise raison pour opposer quelque argument que ce soit à ce magnifique projet. Je doute cependant que les campagnes françaises puissent attirer à ce stade les investisseurs ou les candidats à l’immigration qui viennent de Chine. De nombreux critères manquent à l’appel. On ne parle ni des même campagnes (le bordelais viticole n’est pas la Bourgogne du Charolais, ou le Maine-et-Loire) ni des mêmes « candidats » à l’investissement ou à l’émigration.

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