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100 condamnés à mort exécutés en 6 mois : l’étrange frénésie qui a saisi l’Arabie saoudite en 2015.
100 condamnés à mort exécutés en 6 mois : l’étrange frénésie qui a saisi l’Arabie saoudite en 2015.
©Reuters

Miséri-corde

L'Arabie saoudite a exécuté, lundi 29 juin, son 100ème condamné à mort de l'année 2015. En 6 mois, le royaume a mis à mort plus de prisonniers que sur la totalité de 2014. Un zèle qui répond à un climat de tensions extrêmes pour les Saoudiens.

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer est maître de conférences en science politique à l'Institut d'Études Politiques de Lyon (IEP)

Il est aussi chercheur au Triangle, UMR 5206, Action, Discours, Pensée politique et économique à Lyon et chercheur associé à l'Observatoire des Radicalismes et des Conflits Religieux en Afrique (ORCRA), Centre d'Études des Religions (CER), UFR des Civilisations,Religions, Arts et Communication (CRAC), Université Gaston-Berger, Saint-Louis du Sénégal.

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Atlantico : Cette hausse brutale du nombre de personnes exécutées en Arabie saoudite a-t-elle comme seule explication le récent changement de monarque ? Le roi Salmane est arrivé au pouvoir en janvier dernier...

Haoues Seniguer : Outre le caractère extrêmement violent de ces exécutions, qui sont autant d’atteintes à la dignité humaine (rappelons aussi, toutes choses égales par ailleurs, que la peine de mort continue d’être appliquée aux Etats-Unis), il est surtout à remarquer, dans un tout premier temps, que l’arrivée de Salmane n’a certainement pas enrayé la mécanique infernale.

La peine capitale, en Arabie saoudite, est adossée à une justice expéditive qui n’est évidemment pas indépendante du pouvoir central. Il est fort possible que cette hausse soit liée à une obsession sécuritaire du régime saoudien et à la volonté ferme, par une espèce d’exemplarité macabre, à dissuader tout opposant d’attenter aux règles sociales établies. Il faudrait d’ailleurs voir de plus près la dimension politique de ces exécutions car elles peuvent aussi très bien être dictées par la volonté de faire taire toute forme d’opposition idéologique un peu trop bruyante.

Les sujets d'inquiétude ne manquent pas pour le pays, entre la guerre au Yémen et la montée en puissance de l'Iran ou celle de Daech. Est-ce là une autre explication à ce phénomène ?

La surenchère répressive à l’interne peut effectivement être le signe d’un raidissement d’un régime qui craint, sinon pour sa survie, du moins de perdre son leadership dans la région. Il est vrai que l’Arabie saoudite est de plus en plus concurrencée par l’Iran. De nouveau, il serait utile de s’interroger sur l’identité des condamnés à mort : s’agit-il de chiites ? On sait la détestation du régime envers le chiisme. L’attitude de l’Arabie est, à mon sens, au croisement permanent de considérations politiques et religieuses ; les deux dimensions sont intriquées.

Le risque pour l'Arabie saoudite de se retrouver isolée sur la scène internationale suite à ces exécutions en masse existe-t-il ?

J’ai des doutes. Les relations entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis sont tellement fortes que j’ai du mal à penser que la politique intérieure saoudienne soit l’objet d’indignations sur la scène internationale. Un événement marquant mérite d’être martelé : 15 des 19 commanditaires du 11 septembre 2001 étaient des Saoudiens ; pourtant, les Etats-Unis ont choisi d’attaquer l’Afghanistan, en 2001, et l’Irak, en 2003. Plus récemment, la France a vendu des rafales à l’Arabie saoudite. Ainsi, tout est dit, ou presque. 

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