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Récit d’une semaine étrange, mêlant taxis et attentat islamique. Hasard de l’histoire ou signe du destin ?
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Si le gouvernement laissait se développer des start-up comme UberPop, cela produirait de nouveaux emplois pour les enfants de l'immigration française, plus touchés que les autres par le chômage, et dont la détresse économique conduit à la radicalisation religieuse.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La France est en panne. Le moteur est encore bon, mais les conducteurs ne sont plus les bons. Nous devons impérativement les remplacer, pour un meilleur sens du service, de l’Etat, par des hommes et des femmes qui ont une vision positive et réaliste de la vie au profit de l’ambition dont un pays comme la France déborde. Pour qu’enfin, chacun s’attache à soulever le capot pour s’émerveiller de la machine, plutôt que d’en changer le vernis au gré des sondages. Les Français en ont assez, assez d’un conducteur qui ignore la force qui le propulse et tend à faire penser à chacun, que c’est le conducteur qui fait la voiture.

Le dépit, comme le lait sur le feu, déborde pour être "échaudé à blanc" par de mauvais cuisiniers, qui ignorent ce que le quotidien veut dire, et à quel point l’avenir se fabrique désormais au présent, à la vitesse de l’Internet, et transforme chaque jour notre société à une vitesse qu’un homme politique ne peut plus suivre, éloigné qu’il est de notre vie à nous les "gueux". Protégé dans sa bulle républicaine, brillants au milieu des lumières des salons parisiens, au point de s’y identifier, nos gouvernants comprennent comment protéger leur pouvoir personnel et en aucun cas comment préparer nos concitoyens à celle qui les dépasse déjà. Ils avaient partagé les richesses et les pouvoirs, les rentes et les privilèges, pour mieux préserver les leurs, et voilà que ces rentes volent en éclat, sous la pression de "barbares" du digital, qui ne souhaitent plus prendre pour acquis, ce qu’ils nous présentent comme les acquis de la république française. Un corporatisme institutionnel, destiné à étouffer les voix dissonantes, dans les édredons épais du pouvoir, privé de parole pour être gavée de privilèges, et prête à tout, y compris l’inacceptable, pour ne pas en perdre l’usage.

Mais le monde change. Les privilèges étaient garantis par le haut. Ils sont aujourd’hui détruits par le bas. Par les entrepreneurs. Par tous ceux qui voient dans la rente, à la fois, une injustice et une opportunité. Conjurant par le business les maux de la société. C’est le changement, et lui, c’est bien maintenant.

L’autre caractéristique politique, c’est la technique de l’enfouissement. Peu étonnant pour une société du nucléaire ! On enfouit ce qui gêne. Pensant ainsi laisser aux générations futures le soin de traiter les problèmes. On a fait de même pour la montée de l’islam en France. En laissant les plus violents, les plus radicaux, entraîner ceux qui ont fini par les suivre, faute d’autres rêves à poursuivre. Non seulement on a raté la marche de l’intégration et du vivre ensemble, mais on a laissé à la dérive de potentielles bombes humaines, qui préfèrent la mort à une vie désespérante. Nous avons fourni à une religion complexe et souvent schizophrène les bataillons dont elle avait besoin pour nous détruire de l’intérieur. J’imagine que c’est ce que la famille de cet entrepreneur décapité doit ressentir dans sa chair et son âme, depuis jeudi dernier.

Faute d’autorité et de vision, nous avons tué cette génération issue de l’immigration, qui aurait pu apporter à la société française, plus que ce qu’elle avait à recevoir. Mais la religion, pratiquée de façon fermée a été, à tout moment de l’Histoire, un facteur de pouvoir et de terreur, et nous l’apprenons chaque jour à notre détriment.

Les taxis parisiens sont l’expression de ces privilèges, plus difficiles à créer qu’à dénouer. Le nœud est serré, durci comme toute corde au contact permanent de l’eau de mer. Les taxis sont-ils coupables de se défendre ? Non. Devons-nous les accompagner dans le changement ? Oui. Ce changement est-il indispensable ? Oui. Leur privilège pourrait-il être maintenu ? Non. L’Etat est-il à la hauteur ? Non. Aucun privilège ne survivra bien longtemps d’ailleurs, mais en attendant que le gouvernement ne montre sa présence et son autorité, Uber doit plier et respecter la loi. Sauf si l’Etat met trop de temps à fournir une solution simple, efficace, réaliste et rapide. Tout ce qu’il ne sait, à priori, pas faire.

L’arrivée des nouveaux acteurs de location d’appartements partagés n’a eu quasiment aucun impact sur le taux d’occupation des hôtels dans le monde. Particulièrement à Paris. Donc les hôteliers ont tort de crier au loup. Et d’ailleurs, ils le font plus calmement et discrètement. Un client voulant du service ira toujours à l’hôtel.

Les taxis n’ont pas subi de baisse de leur activité non plus. Le marché s’est accru. Simplement. Il est désormais plus important. Ce qui profitera aux taxis d’ailleurs, en élevant une clientèle nouvelle aux joies de la prise en charge de qualité. Une clientèle à la recherche de service ou de prix, et qui dans les 2 cas, faute de le trouver, ne prenait plus un taxi parisien depuis longtemps. Les VTC ont permis d’ajouter de la disponibilité aux heures de pointe, qui par définition, n’étaient pas pourvues par les taxis, qui n’étaient pas assez nombreux pour répondre à la demande. Ils n’ont donc rien perdu. UberPop s’adresse à un clientèle qui n’a pas les moyens de se faire facturer le trajet d’arrivée du taxi, qu’il agrémente souvent d’un petit tour inutile pour gonfler le compteur, et qui impose sa gouaille, sa musique, ses conversations, son absence de monnaie, son incapacité à prendre la CB afin de faire du "cash" non déclaré, à des clients prisonniers d’une cage infernale.

Le privilège doit donc cesser, à condition de l’accompagner. Il faut pour cela payer. Et faire en sorte, par une exonération fiscale par exemple, que les 240K payés leur soient restitués. Vite. Imposer une assurance plus importante aux UberPop, et une déclaration de leurs revenus. Et le tour est joué. Ainsi soumis à une concurrence loyale, chacun devra être le meilleur pour survivre et non vivre à nos crochets, sous le couvert d’un privilège incongru dans une économie libérale. Mais c’est loin d’être le seul.

Surtout UberPop, est le reflet d’une société qui peut basculer dans le mal, le néant, ou au contraire dans la réussite et l’intégration. Qui sont majoritairement les conducteurs d’UberPop ? Des jeunes issus du Maghreb. CQFD.

Des jeunes sous ou faiblement qualifiés, qui estiment que leur seule chance d’ascension sociale et parfois simplement de survie, réside dans l’entrepreneuriat. J’étais ainsi transporté l’autre jour, par le membre d’une famille qui gère désormais 15 VTC !! Une véritable entreprise que les chauffeurs privés, chauffeurs club, le Cab, Uber et autres acteurs sont les seuls à pouvoir apporter à ces jeunes qui autrement seraient des chômeurs désabusés. Des individus prêts, éventuellement, à sombrer dans les extrémismes les plus dangereux. Voulons-nous leur fermer une porte vers l’ascension sociale, qui pourrait s’ouvrir plus largement et redonner espoir à une population sous pression, qui pourrait alors retrouver le chemin qui mène au vivre ensemble ? C’est un vecteur de dialogue social, d’ascension financière, de reprise de confiance, par l’économie et le digital, en une prospérité possible. Car, sans tout ramener à l’argent, un compte en banque dans le rouge est assez peu favorable à la paix sociale et ne nourrit pas à la fin du mois.

Je n’oserais pas dire que le digital pourra sauver nos pays du djihadisme, et qu’il est la solution à tous les maux de la terre. Le raccourci serait un peu facile. En revanche, ne pas se poser la question serait suicidaire. Ce qui semble pour les taxis une atteinte à leur privilège pourrait s’avérer, dans tous les secteurs, une aubaine sociétale, un ressort tendu à nouveau, prêt à propulser toute la société. Le service est un outil de croissance économique, et parce qu’il est rendu par des humains, un espoir de réduction du chômage. Une large partie de la population issue du Maghreb étant au chômage, nous serions bien avisés de considérer que le coût fiscal du remboursement à quelques milliers de taxis de leur licence ouvrirait un bénéfice bien plus considérable pour la société. Rien de mieux qu’un ventre plein et un job pour apaiser les tensions. Y compris confessionnelles. Le client qui discute avec ce petit "beur" dans son taxi, voyant sa joie de vivre, son sens du service, son sens de la "démerde", peut lui aussi changer son regard sur l’autre, cet autre, qui fait son "beurre" par le travail et le sens du service rendu. Moi j’y crois. Pour avoir vécu au Maghreb assez longuement, j’ai toujours vu la radicalisation prospérer sur fonds de misère, jamais sur fonds de prospérité. Le désespoir alimente les héros de Dieu, qui un bref instant, ont la sensation d’être considérés et rêvent d’une vie meilleure dans l’au-delà. On voit rarement une famille vivant au-dessus du seuil de pauvreté vouloir perdre cela en allant rejoindre un hypothétique paradis céleste.

L’Histoire de notre semaine m’a permis ce regard croisé. Il faut parfois croire aux signes du destin. Nos politiques pourraient, eux aussi, y réfléchir quand ils prendront une décision sur les VTC. C’est une décision sur un monde différent qu’ils devront prendre, et non un arbitrage juridique et politique, pour satisfaire les passions suscitées devant les téléspectateurs du journal de 20H. Si les Français soutiennent si peu les grévistes ces derniers temps (pilotes, travail dimanche, taxis..) c’est qu’ils savent qu’un monde nouveau s’empare d’eux, qu’il est irrésistible, et que rien, ne justifie et ne justifiera plus, les privilèges. Macron l’avait compris. Dommage que le temps politique, à l’inverse du climat, ne se rapproche pas du soleil pour faire fondre la cire de la rente et du corporatisme.

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