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Essayez de penser aux enfants martyrs de Mayadeen suspendus à un poteau pour non-respect du ramadan
©Reuters

Horreur et ramadan

Les terroristes islamistes sont implacables avec ceux qui contreviennent aux lois sacrées du Coran.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les médias français (les étrangers d’ailleurs aussi) se plient, quand ils relatent des faits, à une règle d’or obéissant à un coefficient distance-émotion. Deux morts dans un accident de la route en France valent beaucoup plus que deux cents Indiens qui ont sombré avec leur ferry dans le golfe de Bombay. Un jeune d’origine arabe tabassé par la police à Bobigny est bien plus apprécié, journalistiquement parlant, que des milliers d’Arabes massacrés en Irak par des djihadistes. Il n’y a qu’une exception à cette règle géographique. Un Palestinien tué par l’armée israélienne dispose d’un potentiel d’émotion bien plus sérieux que celui de dizaines de Palestiniens décapités par Daesh dans le camp de Yarmouk. Les Israéliens, et on sait pourquoi, ça plaît toujours…

La presse française n’a donc consacré que quelques lignes à ce qui s’est passé à Mayadeen, petite ville syrienne aux mains des djihadistes. Ces derniers ont accroché deux enfants à un poteau avec à leur cou : « Ils ont rompu le jeûne du ramadan. » C’est tout ce qu’on sait. Agonisent-ils ou leur apporte-t-on le soir un peu à manger et à boire ? Sont-ils morts depuis ?

Il est vrai, et ceci explique en partie cela, que nous avions d’autres horreurs à fouetter. Une tête coupée en Isère… Un carnage en Tunisie… Il est vrai aussi que les incidents liés au ramadan sont légion. Ici un pain chocolat arraché (d’après Jean-François Copé), là quelques coups et des injures. Au Maroc, trois mois de prison pour avoir rompu le jeûne de façon visible et ostentatoire. Au Yémen, dans les émirats du golfe, des dizaines de coups de fouet. En Arabie Saoudite, certainement plus.

Que valent, que pèsent les deux enfants de Mayadeen ? On ne connaît pas, et on ne connaîtra sans doute jamais, leurs noms. Driss, Mohammed, Yacine… Essayons de penser à ces deux garçons. Ils sont nôtres. Avec eux c’est nous qu’on accroche à des poteaux. Essayons de ne jamais oublier les autres victimes de la nouvelle barbarie, qui vient, comme dit La Marseillaise, « jusque dans nos campagnes égorger nos fils et nos compagnes ». Les enfants yézidis qu’on décapite sont nos enfants. Les chrétiennes violées sont nos femmes et nos filles. Et quand on massacre les Kurdes qui, eux, se battent, c’est nous qu’on massacre. L’histoire des deux garçons syriens est juste un symbole. Monstrueux et écœurant.

Pour détendre l’atmosphère, nous relèverons deux événements ludiques. Pour le ramadan les dirigeants de Daesh ont organisé un concours de mémorisation du Coran avec pour enjeu des esclaves sexuelles. Les meilleurs auront les plus belles. Chez nous, la maire de Paris, Anne Hidalgo, va certainement, ainsi qu’elle l’a fait dans les années précédentes, et avant elle Bertrand Delanoë, organiser une grande fête dans un hôtel parisien pour célébrer la rupture du jeûne. Pourquoi pas, puisqu’on ne peut ni ne doit assimiler les musulmans de France aux fanatiques de Daesh. Mais comme dit l’Ecclésiaste, il y a un temps pour tout. À certains moments la discrétion est une vraie vertu.

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