Voiture sans chauffeur : pourquoi ce sont les tracteurs qui ont tout inventé<!-- --> | Atlantico.fr
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Les constructeurs de machines agricoles ont déjà développé des tracteurs qui se dirigent tout seul.
Les constructeurs de machines agricoles ont déjà développé des tracteurs qui se dirigent tout seul.
©Reuters

Voitures des villes, voitures des champs

Alors que les voitures sans chauffeur capables d'effectuer des trajets seules ont bien du mal à voir le jour, l'idée d'un "pilotage automatique" existe déjà bel et bien pour les véhicules agricoles, à l'exemple des tracteurs.

Rémy Serai

Rémy Serai

Rémy Serai est le rédacteur en chef de Machines & Réseaux, publication spécialisée sur l'agroéquipement.

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Atlantico : Les constructeurs de machines agricoles, et notamment l’américain John Deere avec son système « AutoTrac », ont développé des tracteurs qui se dirigent tout seul, sans intervention humaine, alors que les voitures sans chauffeur peinent encore à voir le jour. Concrètement, comment fonctionne cette technologie adaptée aux tracteurs ?

Rémy Serai : Cette technologie est apparue il y a une quinzaine d’années déjà. Et même si John Deere et son Autotrac est un des prestataires les plus connus, mais tous les grands groupes de la machinerie agricole ont maintenant un système de guidage satellite. Pour donner une image du fonctionnement du système, il suffit de penser au GPS dans une voiture qui est capable de vous dire où vous êtes, où vous allez. On fait donc une cartographie précise d’une parcelle et on l^pache ensuite le tracteur dans ladite parcelle en suivant les cheminements qu’on lui a indiqué via ce GPS. Ce n’est ni plus ni moins en fait qu’un lien entre un GPS, de très haute technologie tout de même, et une direction avec un petit moteur hydraulique qui fait tourner le volant. Il va de soi que le conducteur garde toujours la main en cas de problème.

Quel est le gain pour l’agriculteur ? Est-ce juste celui d’une fatigue moindre en n’ayant plus à conduire directement son véhicule ?

Cela apporte évidemment du confort. Mais il y a aussi le fait de pouvoir travailler avec plus de précision. Imaginez que derrière le tracteur vous ayez un outil de trois mètres de largeur. Au premier passage, il travaillera sur ses trois mètres de largeur, mais lors du passage retour en parallèle, on peut régler le niveau de chevauchement ou non que l’on veut avoir avec le premier passage. Or, un GPS peut permettre jusqu’à deux centimètres de précision, ce qui est beaucoup plus complexe évidemment avec une conduite entièrement manuelle,  où une seconde d’inattention ou un mauvais coup de volant peut changer le tracé prévu. D’ailleurs, en conduite manuelle, pour éviter ce risque, on a tendance à aller lentement, le GPS permettant d’allier précision et vitesse.

Est-ce une technologie très utilisée par les professionnels ? Le système a-t-il emporté l’adhésion ?

C’est apparu il y’a une quinzaine d’années donc, et le public visé à l’époque a d’abord été un peu méfiant face à cette technologie. Mais depuis cinq ou six ans, c’est réellement passé dans les usages des agriculteurs hexagonaux. Quand un professionnel fait maintenant un devis pour un tracteur sur son exploitation, il y a quasi automatiquement l’intégration d’un système de guidage. Ils sont même intégré d’origine sur les modèles haut de gamme. C’est de plus un système qui ne génère pas de surcoûts importants car c’est une technologie relativement courante dont les coûts sont maintenant maîtrisés. Vous pouvez même adapter ce système sur certains tracteurs qui ont plus de cinquante ans d’ancienneté. On peut aussi l’adapter sur une moissonneuse-batteuse, et à peu près tous les engins motorisés destinés à aller dans les champs.

Quel niveau de sécurité offre cette technologie ?

Théoriquement, c’est certes piratable comme tout ce qui peut envoyer des données, mais il ne s’agit pas non plus d’un élément stratégique. Après dans les faits, on ne s’est jamais vraiment posé la question. Les systèmes restent cependant sécurisés au moins contre le vol, car la puce GPS est capable de dire à la gendarmerie où le tracteur se situe s’il a disparu. De même, quelqu’un qui a un gros parc de tracteurs peut savoir en temps réel où se situent tous ses véhicules, s’ils fonctionnent, s’ils ont besoin de maintenance etc.

Quelles sont les innovations à venir dans le secteur agricole concernant la question du guidage sans intervention humaine ?

On a quasiment fait le tour de ce qui est possible dans le guidage automatique. Nous terminons maintenant une nouvelle révolution dans le secteur : l’Isobus, c’est-à-dire le fait que tous les constructeurs de machines agricoles, qui sont donc des concurrents, ne développeront plus des systèmes incompatibles entre eux, mais s’aligneront sur une norme commune qui permettra à toutes les machines, même de marques concurrentes, pourront "communiquer" ensemble. Ce type de norme universelle, est une avancée que l’on ne voit nulle part ailleurs dans l’industrie

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