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"François Hollande table sur l’échec 
de la candidature d'Éva Joly"
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Nucléaire

Le candidat socialiste s'est dit favorable à la construction de l'EPR Flamanville, malgré l'opposition des écologistes. Un calcul politique qui consacre François Hollande leader incontesté du PS.

David Valence

David Valence

David Valence enseigne l'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris depuis 2005. 
Ses recherches portent sur l'histoire de la France depuis 1945, en particulier sous l'angle des rapports entre haute fonction publique et pouvoir politique. 
Témoin engagé de la vie politique de notre pays, il travaille régulièrement avec la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et a notamment créé, en 2011, le blog Trop Libre, avec l'historien Christophe de Voogd.

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La désignation de François Hollande comme candidat des socialistes à l’élection présidentielle fut une mauvaise nouvelle pour Europe Ecologie-Les Verts. Avant le second tour de la primaire, plusieurs leaders écologistes n'avaient pas caché leur préférence pour Martine Aubry, comme le nouveau sénateur de l’Essonne Jean-Vincent Placé.

Martine Aubry et François Hollande, une expérience divergente des écologistes

Hollande et Aubry ne portaient pas en effet le même regard sur leur allié écologiste, en raison d’expériences différentes. Hollande était Premier secrétaire du Parti socialiste à l’époque de la gauche plurielle, il a mal vécu les attaques de Noël Mamère contre Lionel Jospin en 2002, et s’est peut-être réjoui secrètement de l’échec des Verts à la présidentielle de 2007. De plus, il est l’élu d’une région, le Limousin, où les écologistes sont traditionnellement peu implantés.

Depuis novembre 2008, date de son arrivée à la tête du PS, Martine Aubry a, au contraire, eu à composer avec des écologistes revigorés par les élections européennes de 2009 et les régionales de 2010. Enfin, elle est l’élue d’une grande ville où les écologistes sont bien implantés depuis les années 1980.

De par leurs expériences différentes, François Hollande et Martine Aubry n’étaient donc pas disposés à entendre les demandes de leurs alliés écologistes avec la même attention. La victoire du député de Corrèze, favorable au nucléaire, annonçait pour Europe Ecologie Les Verts des lendemains difficiles.

Le candidat socialiste présidentiable est tout sauf naïf et maladroit

En ce sens, les récentes déclarations de François Hollande sur l’EPR de Flamanville montrent que, quoi qu’investi par le Parti socialiste, il n’entend pas plus céder devant les écologistes qu’avant la primaire. Ceux-ci demandent en effet une sortie progressive du nucléaire, et en font la condition de tout accord pour les législatives qui suivront la présidentielle de 2012.

Or, François Hollande est tout sauf naïf et maladroit. Il savait que ses propos bousculeraient Europe Ecologie-Les Verts. S’il les a néanmoins tenus, c’est pour quatre raisons :

  • Il entend d’abord peser sur les négociations ouvertes par le PS pour les législatives de 2012. En déclarant qu’il est favorable à la poursuite de la construction d’un EPR, il complique la tâche de Martine Aubry et de l’appareil du PS qui discutent en ce moment avec Europe Ecologie-Les Verts. Et fait donc, par l’absurde, la preuve que c’est aujourd’hui lui le patron, y compris pour ce qui relève du Parti socialiste.
  • François Hollande fait ensuite le pari que l’élan des primaires ne retombera pas, qu’il continuera à bénéficier d’un socle large dans les intentions de vote jusqu’au 1er tour de la présidentielle, et qu’il peut donc se dispenser de concessions à Europe Ecologie-Les Verts d’ici-là.
  • Le candidat socialiste tire aussi les leçons de la faiblesse des intentions de vote en faveur d’Eva Joly dans les sondages. Il pense sans doute que les électeurs écologistes soutiendront, dès le 1er tour et comme en 2007, le candidat susceptible de battre Nicolas Sarkozy. Il joue d’ores et déjà l’échec de la candidature Joly.
  • Enfin, François Hollande croit se tailler une stature présidentielle en se disant favorable à la poursuite du programme EPR. Le lobby pro-nucléaire est en effet très influent en France, et cherche à disqualifier l’option d’une sortie progressive au nom de son « irréalisme ». En paraissant freiner les exigences d’un allié remuant, François Hollande pense faire preuve de « réalisme », en montrant qu’il ne s’agit pas pour lui de négocier, et qu’il n’a de comptes à rendre qu’aux Français.

Il entre donc dans ses déclarations beaucoup plus de calcul qu’on ne croit… Ce qui est sûr, c’est qu’elles ne sont pas faites pour apaiser les frictions entre les formations et leaders de gauche !

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