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A Montebourg et aux jeunes cons (de la part d’un vieux)
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Retraite anticipée

Arnaud Montebourg a demandé au PS de fixer à 67 ans révolus l’âge limite des candidats aux législatives de juin 2012. Il propose d’étendre ce dispositif à l’ensemble des députés. L'écrivain Christian Millau lui adresse une lettre ouverte.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Cher Monsieur Montebourg

Je me mets à votre place. Vous avez eu votre quart d’heure de gloire au lendemain du premier tour de la primaire socialiste. La France entière était suspendue à vos lèvres : de quel côté va-t-il faire pencher le fléau ? Du côté de la "méchante Madame du Nord" ou du "Monsieur Prud’hommes du Limousin" ? Ou bien, finaud comme pas un, allait-il dire à la noble assemblée : « Vous êtes tous des grands garçons et des grandes filles. Faites donc comme vous l’entendez ».

Vous les détestiez évidemment tous les deux, mais la première était plus proche de vos idées. Aussi avez-vous choisi sans hésiter le second. Entre temps, vous aviez compris qu’avec Martine, la bonne odeur du picotin était en train de s’éloigner, tandis qu‘avec Fanfan la Corrèze, la voiture à cocarde avec chauffeur pointait le bout de son nez.

Vous avez donc sorti de votre manche l’as de pique (dans l’argot du XIXe siècle, l'expression avait un sens qui aurait enchanté la Méchante Madame), et du coup pschitt ! Ayant abattu votre carte, vous vous êtes retrouvé Gros-Jean comme devant. Vous qui teniez le sort de la France de 2012 et même du monde démondialisé entre vos mains, vous ne serviez plus à rien. D’ailleurs, on ne vous a plus entendu, comme si un gros rhume de saison vous avait rendu aphone.

Fallait quand même se bouger le train et trouver un petit quelque chose qui fasse le buzz, pour qu’on ne murmure plus rue de Solférino, dans les permanences et sur les réseaux sociaux : « Montebourg ? Ah bon ? Je croyais qu’il était mort . »

Descendu à la cave où, entre les toiles d’araignée, reposent les idées de génie, vous avez débouché une vieille piquette comme il en traîne depuis qu’on a inventé le suffrage universel, et vous êtes remonté à la surface avec votre trouvaille. « Se mettre les jeunes dans la poche » : la voilà qu’elle est bonne l’idée ! « Les Vieux à la casse ! », c’est sûr qu’ils vont adorer. On va repeindre la façade du Palais Bourbon, envoyer les plus de 67 ans dans les maisons de repos, leur offrir en cadeau d’adieu des déambulateurs, et vous verrez que la République retrouvera ses bonnes joues d’autrefois. Pourquoi ? Tout simplement parce que plus on devient vieux, plus on devient con.

Que déduire alors de la liste que vous avez adressée à vos camarades socialistes concernés ? Ces 27 noms, parmi lesquels Jack Lang (73 ans en 2012), Jean Louis Bianco (60 ans) et François Loncle (71 ans). Géniale votre idée d’inscrire Jack Lang sur la liste ! J’adore...

En fait, vous n’avez pas tort : c’est vrai qu’un vieux, c’est con. Quand en plus, il est député ou sénateur, alors je ne vous dis pas...

Malgré tout, il y a dans votre menu du jour un détail qui me taquine. J’ai peur que vous n’y ayez pas pensé. Les vieux cons ont un avantage très net sur les jeunes cons : ils durent moins longtemps.   

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