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Et si la Suisse rachetait l'Europe ?
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Humour suisse

L'Euro est actuellement surévalué face au dollar et autres monnaies mondiales... à l'exception du franc-suisse. De quoi donner des idées pour sortir de la crise...

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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C’était simple mais il fallait y penser ! La solution à la crise : que la Suisse s’offre l’Union européenne !

Depuis septembre dernier, la Banque nationale de Suisse, pour lutter contre la réévaluation de sa devise, a fait savoir qu’elle rachèterait, sans aucune limite quantitative, les euros qu’on voudra bien lui présenter à un cours fixe de 1,20 franc pour un euro. Elle s’est déclarée prête, pour cela, à créer toute la monnaie nécessaire. Nos amis les Helvètes entendent par ce moyen décourager tout jeu malsain anticipant la hausse du franc.

Cette intelligente mesure devrait mettre la puce à l’oreille des dirigeants de l’Union européenne. Nul ne l’ignore, ils sont confrontés actuellement à une crise dont ils ne parviendront pas à sortir puisque la surévaluation de l’euro face au dollar et à toutes les monnaies mondiales - sauf précisément le franc suisse – perpétuera, couplée avec des taux d’intérêt réels élevés et l’austérité budgétaire, la récession en Europe.

La solution à toutes ces misères est pourtant évidente : que la Suisse absorbe l’Union grâce à son franc. Détaillons notre scénario …

Dans un premier temps, la Suisse continue comme actuellement et honore ses engagements publics : elle réaffirme qu’elle rachètera tous les euros au taux de 1,20.

A partir de là, tout peut aller très vite. La Banque centrale européenne tire parti de cette situation : elle se porte acquéreuse de toutes les obligations pourries des Etats européens : Grèce, Espagne, Portugal, Italie, France, etc. pour un montant approximatif de 8 000 milliards d’euros qu’elle imprime avec ses rotatives. La contrepartie de cette aide exceptionnelle : que les Etats ex-endettés se tournent immédiatement vers la Banque nationale de Suisse qui leur rachète les 8 000 milliards d’euros reçus de la BCE pour 9 600 milliards de francs suisses fabriqués grâce à la planche à billets helvétique. Les états européens s’engagent au même moment à déposer ces francs suisses auprès de la BCE.

La masse monétaire en euros n’aura pas augmenté, puisque l’argent créé pour racheter les dettes publiques pourries aura été immédiatement neutralisé et expédié outre-Alpes. Ainsi les risques de récession en Europe liée à l’endettement tout comme ceux de l’inflation sont totalement conjurés. D’autant que, débarrassés du service de la dette, les comptes publics européens se redresseront spectaculairement et qu’il sera aisé pour les Etats européens de s’engager à toutes les règles d’or qu’on voudra leur imposer. Les états mal élevés qui envisageraient malgré tout de s’affranchir de la nouvelle discipline budgétaire seraient de toute façon placés sous l’épée de Damoclès de leur stock d’obligations détenu par la BCE. Imparable ! Même le plus sourcilleux économiste orthodoxe de la Bundesbank n’aura rien à redire.

Pas de choc sur la demande

Du côté suisse, pendant ce temps, que se passe-t-il ? Les 8 000 milliards d’euros, stockés dans les coffres de la Banque nationale ne sont pas susceptibles d’entraîner une hausse des prix. Il faudrait pour cela qu’ils soient déversés dans l’économie helvétique à gros bouillons, ce que les Suisses n’ont aucune raison de faire. Aucun choc sur la demande n’est donc à craindre à court ou moyen termes.

Tout au plus la Suisse pourra-t-elle s’engager dans une politique à long terme d’acquisition d’actifs stratégiques dans l’Union européenne et stimuler ainsi l’adoption de meilleures pratiques managériales en Europe. Les cadres et actionnaires helvétiques sont en effet moins susceptibles de prendre de mauvaises décisions de gestion pour des raisons purement locales (politiques ou de réseaux).

Y-a-t-il pour autant un risque de fuite devant le franc suisse et d’effondrement de ce dernier ? Nenni, puisqu’une fois les francs imprimés, ils dormiront dans les coffres de la BCE et que, si cette dernière cédait à l’envie de les remettre sur le marché, la Suisse pourrait répliquer en relâchant ses euros. Cet équilibre de la terreur est au moins aussi robuste que celui qui a garanti la paix entre Américains et Russes depuis près de 70 ans. Pourtant, cerise au kirch sur le gâteau, les taux d’intérêt servis sur le franc suisse par la Banque nationale helvétique pourront être égaux à zéro : la sécurité offerte par la richesse incommensurable de l’institution de Lausanne en devises étrangères (de quoi racheter plusieurs pays européens) suffira s’il en était besoin à rassurer les créanciers de la Suisse. Cette dernière aura toute raison d’adhérer à une solution qui évitera à son environnement de sombrer dans la récession.

En fait, notre scénario revient ni plus ni moins à faire bénéficier l’Europe de la solidité, de la réputation, de la qualité de "signature" suisses et des taux d’intérêt qui vont avec. En échange, la Suisse aurait un droit de regard sur l’Union et pourrait de temps en temps se payer sur la bête en rachetant des actifs européens sachant que, si elle exagérait, les francs détenus par la BCE serviraient à acheter des entreprises helvétiques en contrepartie.

Bref, QUE DU BON-HEUR ! La fin quasi-instantanée de la crise dans laquelle se vautre l’Union européenne.

A plus long terme, ce scénario permet d’intégrer les cantons suisses dans l’Union et de corriger une aberration politique qui fait de la carte européenne une sorte d’ensemble avec un gros trou au milieu. En contrepartie, l’Union adoptera les pratiques de bonne gouvernance qui lui font défaut : l’usage du référendum notamment afin d’éviter les dérives technocratiques qui ont été à l’origine de tous ses maux depuis 20 ans. La manière pragmatique et économe des fonds publics dont les Suisses gèrent leur pays est la vraie solution pour l’Europe, elle est la meilleure garantie de ces comportements vertueux qui valent aux Etats les triples A. A ceux qui craindraient l’argent et la domination des Suisses, il sera facile de répondre : préférez-vous celui du parti communiste chinois, de Poutine ou du roi d’Arabie ?

L’Europe a vocation à devenir une grande Suisse et il est plus que temps que cette vocation s’accompagne de vœux prononcés.

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