Renvoi de Cahuzac en correctionnelle : vers un procès début 2016<!-- --> | Atlantico.fr
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Fin du premier acte pour Jérôme Cahuzac et son ex-épouse.
Fin du premier acte pour Jérôme Cahuzac et son ex-épouse.
©Reuters

Ça se précise

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont officiellement signé ce vendredi 19 juin le renvoi de l'ancien ministre du Budget et de son ex-femme Patricia devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Fin du premier acte de l’affaire Cahuzac : les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont décidé, ce vendredi 19 juin, de renvoyer en correctionnelle Jérôme Cahuzac et Patricia, son épouse dont il vit séparé, pour fraude fiscale. Leur procès pourrait se dérouler vers la fin de l’année.

L’ancien ministre du Budget avait détenu en Suisse un compte non déclaré à l’UBS sur lequel avait transité 600 000 euros entre 1992 et 2009,  date à laquelle le dit-compte avait été transféré dans un autre paradis fiscal, Singapour. L’existence de ce magot avait été révélé le 4 décembre 2012 dans un article de Médiapart. L’affaire avait fait d’autant  plus de bruit que Cahuzac, devant les députés, le lendemain mardi 5 décembre, lors des questions orales, où il répondait à une interrogation de Daniel Fasquelle (UMP- Pas-de-Calais), jurera n’avoir jamais possédé de compte en Suisse : "Je n’ai pas, M. le député, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant ni auparavant. Je démens donc ces accusations et j’ai saisi la justice d’une plainte en diffamation, car ce n’est que devant la justice, hélas ! que les accusateurs doivent prouver les allégations qu’ils avancent."

Tels sont les propos que l’ancien député martèlera ce 5 décembre 2012 avec une force de conviction peu commune. D’ailleurs ça marche, puisque Cahuzac est applaudi dans l’hémicycle sur les bancs des parlementaires PS et même sur ceux de quelques UDI et UMP.  Le ministre du Budget a tellement mis dans sa poche les parlementaires que l’un d’eux, Philippe martin ( PS-Gers) laissera  échapper "un pauvre type" à l’égard de son collègue Daniel Fasquelle.

Pendant des mois, Cahuzac tient bon. Jusqu’à ce que sa ligne de défense vole en éclats. Pendant des mois, le scoop de Mediapart est périodiquement mis en cause. Jusqu’à ce qu’au mois de février 2013, le parquet de Paris commence à mettre en doute la parole de Cahuzac.  Il a même la quasi-certitude que l’ancien ministre a bien détenu un compte en Suisse. Cahuzac est coincé. Aussi, après avoir avoué son mensonge au président de la République, alors que pendant des mois il jurait lui avoir dit la vérité, il démissionne du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Il est vrai que les autorités helvètes étaient sur le point de démasquer Cahuzac. Le dénouement approche. Tant et si bien que ce dernier se rendra le 2 avril au cabinet du juge Renaud Van Ruymbeke pour y être mis en examen pour  fraude fiscale… Au cours de l’instruction, l’étau se resserrera sur Patricia, dont on apprendra qu’elle détenait un compte à l’île de Man et qu’elle avait investi dans l’immobilier. En janvier 2015, après une instruction de deux ans, le Parquet national financier prenait un réquisitoire recommandant le renvoi du couple Cahuzac devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce que viennent de faire les juges d’instruction. Cette affaire, qui eut un énorme retentissement dans l’opinion - ah ! Cette République exemplaire ! -  sera à  l’origine de la création du Parquet national financier. Une bonne idée. Mais qui, hélas ! N’a pas dissuadé nos élites de se montrer moins imprudentes.

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