Petits meurtres entre amis : les questions à se poser avant de choisir avec qui partir en vacances<!-- --> | Atlantico.fr
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Les vacances à plusieurs peuvent virer au cauchemar.
Les vacances à plusieurs peuvent virer au cauchemar.
©REUTERS/Alessandro Bianchi

Rox et Rouky

En couple, entre amis, avec des enfants... Si l'idée de partir en vacances à plusieurs peut sembler attirante, elle peut vite tourner au cauchemar si les aspirations de chacun sont trop différentes des unes des autres.

Yves-Alexandre Thalmann

Yves-Alexandre Thalmann

Yves-Alexandre Thalmann est l'auteur de l'adaptation du "Bonheur pour les nuls", First éditions. 

Il exerce comme formateur, professeur et psychologue clinicien. Il anime des ateliers centrés sur le développement de la communication interpersonnelle et la gestion des émotions.

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Elodie Cabalga

Elodie Cabalga

Elodie Cabalga est psychologue clinicienne et rédactrice. Elle est co-auteur du Guide des vacances entre amis (Le Contrepoint, 2015).

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Il y a différents prétextes qui peuvent amener à une rupture d'amitié lorsque l'on part en vacance entre couples d'amis. Ces différents problèmes s'expriment de manières plus ou moins élevés mais peuvent tout mettre en péril. Il faut donc, avant tout, poser certaines conditions. On est tous différents, on fonctionne tous différemment. Il est ainsi nécessaire de protéger son indépendance par des règles de vie en communauté : on se doit de respecter la vie privée des autres, les affaires des autres, ne pas crier…

La première et primordiale difficulté reste la promiscuité. Tout au cours de notre vie, on cherche à préserver une certaine intimité, or lorsque l'on part en vacances en groupe, on se retrouve contraint à partager certains moments. On voit tout de suite que le cœur de la solution à nombres de problèmes sera toujours la même : on ne peut entrer en promiscuité sans garder une certaine distance. L'erreur est bien souvent de vouloir tout mettre en commun et c'est à ce moment précis que les problèmes commencent.

Le plus simple consiste à prévenir les difficultés et non à vouloir à tout prix faire des compromis une fois sur place. Par exemple, ce n'est pas parce qu'on est ensemble pendant toute une semaine qu'on ne peut pas, parfois, faire des activités chacun de son côté.

Après ces considérations de départ, il faut savoir identifier les problèmes qui peuvent se présenter à la fois en amont et une fois sur place, et savoir comment les contourner.

Où et avec qui partons nous ?

Yves-Alexandre Thalmann : Si l'on commence à se demander qui pourrait bien partir avec nous, c'est qu'il y a déjà un problème. Le projet de vacances en groupe doit venir, à la base, d'un intérêt commun. La destination doit donc couler de source, plutôt que d'imposer une idée qui ne vient pas naturellement. 

Elodie Cabalga : Il faut réfléchir selon son propre caractère, il n’y a pas « une seule bonne solution ». Il faut se demander ce qui est important pour nous : est-ce de faire des activités en communs avec nos amis (privilégier dans ce cas ceux qui aiment le sport, les musées ou les sorties autant que nous) ou bien de préserver une intimité très forte (dans ce cas il faut privilégier les amis proches). Une fois qu’on a déterminé ceci, il faut essayer de choisir ensemble une destination qui permette de concilier ces différents désirs. Pour autant, si un ami nous prête sa maison, il ne faut pas non plus passer des heures à pinailler !

Comment fixer le budget ?

Yves-Alexandre Thalmann : La question du budget découle du projet de vacances. Il ne faut pas se dire "je vais partir en groupe pour payer moins cher". Si notre envie de partir en groupe découle de l'aspect monétaire, alors il vaut mieux sélectionner des vacances à plus bas coût et partir seul.

Si la question de l'argent se pose toujours une fois sur place, deux solutions demeurent. On peut décider de faire un pot commun dont on règle les détails ensemble. Ensuite, si l'on veut se diriger vers certain produit alimentaires que les autres n'aiment guère, mieux vaut se les acheter seul. L'argent mis en commun servant à se procurer les produits nécessaires à tous : pain, confiture, lait… Autre option, celle de tout payer séparément : chacun son logement, chacun sa nourriture… Ici, plus de sentiment d'infériorité ou d'ambiguïté.

Elodie Cabalga : Partir en groupe pour faire des économies n'est pas toujours une mauvaise idée : on peut diviser le coût du séjour, c’est un aspect sympa parmi d’autres.

Vaisselle, aspirateurs... La question du ménage

Yves-Alexandre Thalmann : L'absence de règle sera inévitablement à l'origine de problèmes. Il faut faire une liste de chose que l'on doit faire : et répartir les tache (qui fait quoi). On peut par exemple l'écrire sur une feuille que l'on mettra sur le frigo. Si l'autre ne le fait pas alors qu'il s'y est engagé, il y a rupture de confiance, donc rupture de contrat. Le mieux est encore de décider dès qu'on arrive sur le lieux de vacances.

Elodie Cabalga : Ces règles peuvent être valables pour certains groupes mais pas pour tous. Il y a aussi des groupes où la bonne volonté de chacun fonctionne très bien et où les gens n’ont pas envie d’être infantilisés par le coup de la liste sur le frigo. Il faut surtout se fier aux personnalités qui constituent le groupe.

Chacun son espace

Yves-Alexandre Thalmann : Comme je le disais en préambule, la question de l'espace accordé à chacun est primordiale. Une fois en voiture, si l'intimité et l'espace de l'autre n'a pas été respecté, chacun de son coté peut pendre la décision de ne plus voir ceux avec qui il a passé ses vacances, que cela ait explosé au cours du séjour ou pas.

Il faut donc éviter de se marcher dessus, ce qui implique de ne pas forcément tout faire ensemble, qui correspond à un idéal mais se traduit souvent en conflits. C'est une règle que l'on retrouve également à domicile. Une fois sur place s'il y a un problème, il faut pouvoir se retirer et s'isoler, même sans raison partiuclière. De même, en famille, et en fonction du budget et du lieu choisi, il faut préférer plusieurs chambres. Si les enfants font du bruit, comment apprécier le reste du séjour ?

Elodie Cabalga : Il faut absolument se ménager des pauses en solo. Ce sont des moments pour se recentrer, prendre de la distance avec les petites tensions inévitables dans le groupe. Toutes les excuses sont bonnes : la sieste, une ballade, des courses, un footing… Seule règle : prévenir les autres pour qu’ils ne le prennent pas mal.

Les enfants

Yves-Alexandre Thalmann :Ne pas fixer de règles avec ses propres enfants peut donner envie aux autres parents de recourrir à son autorité familiale. Cela peut donner lieu à des remarques, exprimées clairement ou sous-jacentes du type "tu éduques mal ton enfant", ce qui est très généralement mal vécu par les parents. Fixer des regles permet au contraire d'estomper les différences.

On fixe alors des règles minimales en commun, on clarifie le rôle des autres parents, ce qui n'empêche pas de leur donner la possibilité d'intervenir. Mais demander aux autres de changer leur règle n'apportera que des problèmes.

Elodie Cabalga :Il est nécessaire de faire attention à ne pas critiquer l’éducation des autres. Trouver des compromis quand les différences de traitement sont trop criantes entre les enfants des uns et des autres ; si ça n’est pas possible, expliquer aux enfants que chacun éduque ses propres enfants comme il veut. Ces derniers sont capables de comprendre !

Les différences de goût

Yves-Alexandre Thalmann :Nos goûts peuvent être différents meme si on a une base d'intérets commun. il faut alors faire des compromis..Dans tous les cas, il ne faut jamais se forcer à faire quelque que l'on déteste, car cela mènera inévitablement à une mauvaise ambiance. Les autres nous le repprocheront et nous aussi on le leur repprochera. Le compromis : on veut bien mais on aimerait faire autre chose là.

Elodie Cabalga :Encore une fois : ne jamais hésiter à se séparer et à faire des choses en solo, ou en sous-groupes. Ca ne casse pas le groupe, au contraire ça le renforce car on est heureux de se retrouver après et d’avoir tous profité d’activités qui nous plaisent vraiment.

Pause dans la vie sexuelle ?

Yves-Alexandre Thalmann : Cette question recoupe celle sur l'espace et l'intimité. Tout comme les individus, les couples ont besoin de leur intimité, et donc d'un espace suffisant et commode pour se retrouver. Donc on doit choisir un lieu de vacances qui le permette. Il peut arriver que l'on décide de faire une pause, de mettre sa vie sexuelle entre parenthèses, mais cela doit se décider à deux.

Elodie Cabalga : N’exagérons rien : il n’y a aucune raison, si le désir est réciproque, on retrouvera notre intimité en retrant. Mais je pense qu’il n’y a pas de raison non plus de ne pas trouver le moyen de conserver une intimité pendant les vacances entre amis. On peut s’isoler de mille manières différentes : faire travailler un peu son imagination.

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