Après Areva, Air France : ces ex-entreprises publiques restées accros à la culture de la rente <!-- --> | Atlantico.fr
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Air France a annoncé mardi 16 juin la réduction de son réseau.
Air France a annoncé mardi 16 juin la réduction de son réseau.
©Reuters

Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Air France a annoncé mardi 16 juin la réduction de son réseau. Face à la concurrence à l'échelle mondiale, la compagnie française Air France se voit contrainte de changer son modèle économique, avec un blocage persistant des pilotes en toile de fond.

Yves Crozet

Yves Crozet

Yves Crozet est Professeur à l’Université de Lyon depuis 1992. Aujourd’hui en poste à Sciences Po Lyon (IEP Lyon). Il est membre du Laboratoire d’économie des Transports (LET) qu’il a dirigé de 1997 à 2007. 

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Atlantico : Air France a décidé, lundi 15 juin, d’attaquer en justice le (puissant) Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) afin de le contraindre à respecter l’accord signé en 2012 concernant "Perform", le plan d'économie quinquennal. Certains groupes du personnel d'Air France n'admettraient-ils pas que leur entreprise doit faire face à la concurrence et que le statut de monopole appartient désormais au passé ?

Yves Crozet : Cette procédure d'Air France est curieuse car si des accords ont été signés on ne voit pas pourquoi et comment ils ne sont pas appliqués. Sauf si la direction elle même n'est pas capable de se faire obéir sur les questions de salaire ou de temps de travail par exemple. Ce serait une étrange information sur la gestion des ressources humaines. La bonne question est donc y-a-t-il un pilote dans la compagnie Air France ? Si non par quel mécanisme une corporation peut-elle ne pas appliquer la règle collective ?

Dans quelle mesure les anciennes entreprises publiques éprouvent-elles des difficultés à se détacher de la culture de rente ?

La culture de la rente est très répandue en France, tant dans les services publics que dans certaines professions privées qui bénéficient de revenus garantis. Cette économie de rente est en partie l'objet des réformes envisagées dans la loi Macron qui, comme l'a indiqué hier me Premier Ministre, s'attaque aux blocages qui caractérisent l'économie française. Ce qui fait que le logique de rente perdure, ce n'est pas essentiellement le statut public ou privé, c'est la différence entre l'espérance de vie l'organisation ou vous travaillez, et notamment du poste que vous occupez, et votre propre espérance de vie active. Si vous pensez que votre position dans la firme et que votre firme ont une durée de vie indéfinie, il n'y a pas de raison de ne pas se comporter en rentier !

La culture du monopole entraine-t-elle toujours une culture de la rente ? Est-ce une spécificité française ?

La rente  est logiquement liée au monopole, mais monopole au sens large, de position de force qui peut durer longtemps. La rente existe partout et dans tous les pays, c'est pourquoi les économistes la traquent depuis plus de deux siècles. La particularité française est la connivence généralisée avec la rente. Pour les économistes, un rentier est un prédateur potentiel, pour les Français, un rentier est un type malin que l'on a envie d'imiter. D'où ce que La Bruyère appelait "les chaînes de solidarité" entre les "le peuple et les gros" comme l'ont bien expliqué Badie et Birnbaum dans l'ouvrage éponyme.

Comment ces entreprises peuvent-elles faire évoluer la culture de leur société tout en évitant des conflits tels que celui qui a lieu au sein d'Air France ?

Des entreprises comme RATP ou GDF (ENGIE) ont sur faire évoluer la gestion des ressources humaines. C'est plus facile lorsqu'il y a du grain à moudre comme disait André Bergeron. Paradoxalement, c'est plus difficiele lorsque l'on est le dos au mur comme Air France et la SNCF aujourd'hui : deux fleurons français qui font face à des marchés difficiles car ils ne sont plus ce qu'ils étaient (cf le TGV pour la SNCF ou les vols européens moyen-courrier pour Air France)

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