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Pervers EPR : les Verts et le PS proches de la fission ?
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Zone franche

Écologistes et socialistes sont d’accord sur tout sauf l’essentiel. Et les négociations de programme ont été "suspendues" après les propos de François Hollande sur la poursuite de la construite de l'EPR de Flamanville. Ça rappelle le bon vieux temps du programme commun.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Verts et le PS sont encore en pétard. Ce coup-ci, c’est une déclaration de François Hollande sur le nucléaire qui énerve les écolos.

Le candidat socialiste, dont la doctrine sur la question est plus ou moins la même que celle de Sarkozy, voire d’à peu près tout le monde en France depuis des décennies (le nucléaire, c’est plutôt bien mais il faut développer d’autres trucs à côté et veiller à la sécurité) vient en effet d’expliquer que, s’il était élu, il "préserverait la construction d’un EPR à Flamanville", le nouveau modèle de réacteur qui fait tant flipper Eva Joly.

On est d’ailleurs assez d’accord avec lui : puisqu’on ne va pas abandonner le nucléaire la semaine prochaine, développer des systèmes plus sûrs, plus efficaces et plus rentables en attendant le grand soir n’est pas complètement idiot. Y compris si l’on veut faire chuter la part de l’atome de 25 % dans 30 ans ― ça n’est pas incompatible.

Pour les Verts, c’est un casus belli. Les négociations entre les deux partis, qui visent à élaborer un programme, hum, commun et à préparer les élections législatives, viennent d'ailleurs d'être suspendues, même si Cécile Duflot rame déjà pour rattraper le coup. « Aujourd'hui on est en situation de s'interroger si de sa part, ça signifie une fin de non recevoir et la volonté d'avoir une stratégie qui fait l'impasse sur le rassemblement de la gauche et des écologistes » a-t-elle déclaré. Relisez une seconde fois, ça ne veut rien dire, ou plutôt, ça veut dire : « Écoute François, on n'a pas bien compris ce que tu disais, ça doit être un malentendu. Redis-le mieux que tu ne veux pas de l’EPR ».

Le problème, c’est que Hollande est très clair sur la question. La France ne va pas abandonner le dernier secteur industriel et technologique sur lequel elle est vraiment leader dans le monde, sans parler de son indépendance énergétique et de son avance en termes d’émissions polluantes, juste pour ficeler un accord électoral avec un junior partner exigeant. Demandez-nous des recrutements de fonctionnaires, des impôts ou des machins dans le genre et on peut discuter. Mais sur les gros dossiers, on ne va peut-être pas trop dire n’importe quoi. Même avant une grosse élection...

Plus politique ou plus écolo, mon cœur balance...

Bon, à mon avis, ils vont se rabibocher rapidement. Hollande va dire un truc auquel personne ne comprendra rien non plus et qui satisfera tout le monde, pro et anti-EPR, les Verts feront semblant d’avoir été entendus et on se remettra à négocier. Si vous avez écouté Hollande sur le plan d’aide à la Grèce et le référendum, vous savez déjà qu’il fait ça très bien :

« Le Premier ministre grec soumet cette question référendaire au Parlement grec. C'est son droit. C'est la légitimité du peuple grec d'être consulté, si le Parlement l'accepte. Donc, moi, je n'ai pas à juger ici d'une procédure. Je constate qu'elle a des conséquences. Il faut donc que l'Europe puisse, si ce référendum était décidé, accompagner ce processus pour qu'il se termine bien ».

Ils vont se rabibocher mais le Vert va rester dans le fruit. Les écolos n’ont toujours pas décidé s’ils étaient un nouveau parti communiste, une sorte d’auxiliaire électoral du PS avec des vues un poil plus radicales sur la manière de gérer, ou un authentique parti environnementaliste. Hey, Corinne Lepage, qui a été ministre de Chirac, est-elle moins écolo que Dominique Voynet ?

En préférant Joly à Hulot pour les représenter, les Verts ont choisi d’être plus politiques qu’écolos. S’ils mettent Hollande au pied du mur sur le nucléaire, ils redeviennent davantage écolos mais ne servent plus à rien au PS et perdent leur effet de levier. Comme dirait Gotlib, c’est sacrément pervers, un EPR.

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